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Port du masque : pour Stéphanie Pauzat (CPME), « l’essentiel, c’est d’éviter un reconfinement »
Interview Calvados # Santé

Stéphanie Pauzat vice-présidente déléguée de la CPME Port du masque : pour Stéphanie Pauzat (CPME), « l’essentiel, c’est d’éviter un reconfinement »

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Dirigeante de la société normande Mil Eclair (480 salariés), Stéphanie Pauzat est l’une des deux représentantes de la CPME à avoir participé à la réunion durant laquelle la ministre du Travail a annoncé l’obligation du port du masque dans l’entreprise. Une décision que la vice-présidente déléguée du syndicat patronal accepte à contre-cœur.

Pour Stéphanie Pauzat, "ce que l’on demande au gouvernement, c’est la possibilité de prendre en compte les cas particuliers" — Photo : © Maryvonne Desdoits

Trouvez-vous excessif le fait d’obliger les salariés à porter le masque dans l’entreprise, comme vient de l’annoncer Élisabeth Borne, la ministre du Travail ?

Stéphanie Pauzat : En effet, on a trouvé et on trouve toujours excessif le fait de porter le masque de manière obligatoire et systématique dans toute l’entreprise. Ce que l’on demande au gouvernement, c’est la possibilité de prendre en compte les cas particuliers. Quand deux salariés sont dans une pièce de 200 mètres carrés, est-ce utile de porter un masque ? On peut se poser la question. Dans certains secteurs, comme la restauration, les salles de sport, et dans certaines situations, comme lors d’une prise de parole en public, le port du masque pose aussi question. La difficulté de cette mesure, c’est qu’elle constitue une vraie contrainte aussi bien pour le salarié – pour qui il ne va pas être confortable de travailler avec un masque toute la journée – que pour l’employeur. Surtout qu’un certain nombre d’entreprises a réalisé des investissements pour pouvoir continuer à travailler dans de bonnes conditions sanitaires – je pense par exemple à la mise en place d’équipements de protection en plastique dans les open spaces. Aujourd’hui, le gouvernement considère que ces équipements ne sont plus suffisants…

Pourtant la CPME ne s’oppose pas à cette mesure…

Stéphanie Pauzat : L’essentiel, c’est d’éviter un reconfinement et de retrouver un niveau d’activité qui permette aux entreprises de survivre. Nous n’accueillons pas cette mesure à bras ouverts, mais il ne faut pas non plus se braquer. Les chefs d’entreprise ont fait preuve de responsabilité jusqu’alors et cela ne va pas changer. Le gouvernement explique qu’il existe des risques de contamination du coronavirus par aérosol. Il faut l’entendre et cette mesure a le mérite d’être claire pour tout le monde.

« Ce qu’il faut, c’est trouver un juste équilibre entre les mesures sanitaires et la nécessaire reprise économique »

Maintenant, ce qu’il faut, c’est trouver un juste équilibre entre les mesures sanitaires et la nécessaire reprise économique. Nous allons faire remonter au gouvernement les problématiques du terrain – nous n’en avons pas encore reçu. Nous lui demandons d’être très réactif pour aménager cette obligation de porter le masque dans l’entreprise. Ce que l’on veut éviter, c’est que cette mesure vienne bloquer la reprise dans un certain nombre d’entreprises.

Ne croyez-vous pas que, d’un point de vue psychologique, cette annonce finisse par pénaliser l’ensemble de l’économie ?

Stéphanie Pauzat : La psychologie, c’est effectivement un élément important pour l’économie. Attention à ne pas envoyer de messages trop anxiogènes. Il ne faut pas oublier qu’il ne peut pas y avoir de reprise sans confiance. Si les messages deviennent trop négatifs, cela va nuire aux projets des ménages et des entreprises. Donc à la consommation, aux investissements et, au final, à l’emploi.

Les masques devront être pris en charge par les entreprises. Lors de la réunion avec Élisabeth Borne, la question d’une aide financière a-t-elle été abordée ?

Stéphanie Pauzat : Cette question n’a pas été évoquée pour le moment. Les entreprises de moins de 50 salariés et les travailleurs indépendants bénéficient déjà d’une aide de la Carsat qui permet de financer sous conditions une partie des investissements qui permettent de travailler en respectant les gestes barrières et la distanciation sociale (NDLR, cette aide n’est plus mobilisable actuellement). Il faudrait peut-être s’inspirer de ce dispositif, en l’ouvrant à davantage d’entreprises et en facilitant sa mise en œuvre.

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