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Plan d'investissement : Bruno Le Maire temporise
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Plan d'investissement : Bruno Le Maire temporise

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Invité de la REF (Rencontre des entrepreneurs de France) du Medef à Longchamp, le ministre de l’Économie a affirmé mercredi 25 août que la mise en œuvre du dispositif d’aide aux investissements prévu pour la rentrée demanderait encore quelques semaines de réflexion.

Bruno Le Maire a affirmé qu'il faudrait encore quelques semaines de patience pour présenter le plan d'investissement — Photo : ROMUALD MEIGNEUX

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a battu une sorte de record mercredi 25 août à la session inaugurale de l’université d’été du Medef à Paris. Pour la cinquième année consécutive il a en effet participé à la REF (Rencontre des entrepreneurs de France) sur l’hippodrome de Longchamp en tant que patron de Bercy. Une longévité rare qui l’a fait renoncer à l’exercice imposé du discours d’ouverture – "par crainte d’un peu de lassitude" - au profit d’un entretien avec la journaliste du Figaro Bertille Bayart.

L’occasion pour le ministre d’insister sur le redémarrage de l’économie française avec une perspective de croissance annuelle supérieure à 6 % et sur la nécessité de mettre fin au "quoiqu’il en coûte" gouvernemental décrété au début de la pandémie, tout en continuant de soutenir les secteurs économiques et les entreprises qui en ont besoin.

Bruno Le Maire a noté que sur ce chemin de la reprise des obstacles sont apparus que l’on n’attendait pas comme la difficulté des entreprises à recruter. Le ministre de l’Économie a aussi appelé de ses vœux la mise en œuvre au 1er octobre prochain de la réforme de l’assurance chômage. Interrogé sur la difficulté de mise en route des prêts participatifs "qui ne rencontrent pas l’attente des entreprises", le ministre de l’économie a reconnu qu’une remise à plat du dispositif était sans doute nécessaire.

Quelques semaines de patience

Quant au plan d’investissement annoncé pour la rentrée par le Président de la République le 12 juillet dernier, Bruno Le Maire a noté qu’il faudrait encore quelques semaines pour prendre le temps du dialogue avant de rendre public les mesures.

L’ambition demeure : créer de nouvelles filières industrielles avec le soutien de l’État autour de l’hydrogène vert, de l’intelligence artificielle, du nouveau nucléaire, du calcul quantique, des biotechnologies, mais aussi des composants électroniques à l’heure où les entreprises françaises souffrent de la pénurie.

Face à la crise du Covid, "nous avions une stratégie simple et limpide, a rappelé Bruno Le Maire, d’abord protéger sans compter, puis relancer – nous sommes toujours dans ce temps de la relance avec 70 milliards d’euros qui auront été dépensés en fin d’année sur les 100 milliards prévus – et enfin investir." Le ministre de l’Économie a réaffirmé qu’il faudrait bien évidemment rembourser la dette publique qui atteint aujourd’hui 120 % du PIB mais "le moment venu", dès lors que le plan d’investissement aura produit ses effets sur le retour de la croissance. Avec un État "à sa juste place, là où il est le plus efficace, pour faire respecter l’ordre public économique, développer les services publics et créer un environnement favorable pour les entreprises".

Travailler plus

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, accueille Bruno Le Maire, ministre de l’économie, à la Rencontre des entrepreneurs de France — Photo : ROMUALD MEIGNEUX

Des paroles consensuelles apportées en réponse au discours d’accueil du président du Medef dans son discours d’introduction. Geoffroy Roux de Bézieux avait accueilli le ministre en rappelant les positions du Medef sur quelques thèmes d’actualité comme le passe sanitaire - "oui mais le moins longtemps possible" - ; la transition écologique - "oui mais dans une logique de croissance continue et d’innovation" -, les entreprises devant, selon Geoffroy Roux de Bézieux, "inventer le capitalisme décarboné"; et la prochaine élection présidentielle, pour laquelle le président du Medef a noté qu’aucun candidat n’avait été officiellement invité à Longchamp. "Le moment n’est pas venu de faire la liste de nos revendications", a affirmé Geoffroy Roux de Bézieux en listant cependant trois défis qui attendent le futur président.

Premier défi : le financement de la protection sociale et le recul de l’âge du départ à la retraite. "La France a besoin de travailler plus", a affirmé le président du Medef, en appelant de ses vœux une réforme des retraites annoncée dans la campagne présidentielle et qui serait mise en œuvre dès l’automne 2022. Geoffroy Roux de Bézieux a également mis l’accent sur la baisse nécessaire de la dépense publique et des impôts pour relancer la croissance, actant qu’en la matière les dernières décisions gouvernementales allaient plutôt dans le bon sens.

Deuxième défi : celui de l’éducation, la France affichant en la matière une baisse de performance continue en raison d’une "démission collective depuis trente ans". Enfin troisième défi, celui de l’intégration, le prochain Président de la République devant s’appuyer sur les entreprises et les partenaires sociaux pour "réunir le pays".

Une feuille de route encore sommaire mais qui dévoile déjà ce que seront les lignes de force du discours du Medef dans la prochaine campagne présidentielle.

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