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À Metz, le patron de Stellantis estime que l’infrastructure de recharge des véhicules électriques est "en retard"
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À Metz, le patron de Stellantis estime que l’infrastructure de recharge des véhicules électriques est "en retard"

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À l’occasion d’un déplacement sur le pôle industriel de Trémery-Metz, en Moselle, Carlos Tavares, le patron du groupe automobile Stellantis, a déclaré que l’électrification du parc automobile a été menée dans "le mauvais ordre".

Le site Stellantis de Trémery-Metz s’est mis en capacité de produire, dès 2024, un million de moteurs électriques et 600 000 boîtes de vitesses "électrifiées à double embrayage" — Photo : Stellantis - Julien Cresp

Venu constater les efforts consentis par ses salariés pour "négocier le virage" vers l’électrification, Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, était en déplacement, le 29 juin, sur le pôle industriel de Trémery-Metz (Moselle). Le site produit toujours des moteurs thermiques et des boîtes de vitesses, mais s’est mis en capacité de produire, dès 2024, un million de moteurs électriques et 600 000 boîtes de vitesses "électrifiées à double embrayage", e-DCT.

"Trémery-Metz est un parfait exemple de notre transformation industrielle, en France et sur l’ensemble de nos sites dans le monde", a déclaré le dirigeant. L’objectif de Stellantis est d’atteindre "un mix de 100 % de véhicules particuliers électriques vendus en Europe et de 50 % de véhicules particuliers et de pick-up électriques vendus aux États-Unis à l’horizon 2030", a précisé le groupe dans un communiqué.

Depuis 2018, Stellantis a investi 2 milliards d’euros dans ses activités de production en France et a injecté, avec ses deux partenaires en coentreprise, Nidec et Punch Powertrain, 150 millions d’euros dans les installations de Trémery-Metz.

Un sujet abordé "dans le mauvais ordre"

En marge de cette visite, Carlos Tavares est revenu sur la complexité de cette transformation industrielle et a évoqué la stratégie européenne visant à convertir le parc automobile à l’électrique. "Nous avons une infrastructure qui est en retard par rapport au nombre de voitures que nous vendons et nous avons une énergie qui n’est pas suffisamment propre et abondante", a estimé le dirigeant de Stellantis.

Concrètement, pour Carlos Tavares, cette situation est "la preuve évidente, que, d’un point de vue stratégique, nous avons abordé les sujets dans le mauvais ordre". Pointant sans les citer les élus européens, moteurs sur la réduction des émissions de CO2 des véhicules jusqu’à aboutir récemment à la fin de la vente des véhicules neufs à moteur thermique après 2035, le patron de Stellantis a décrit une "approche qui n’est pas stratégique dans la séquence de ce qui doit être traité". Et de détailler : "Le plus long à traiter, c’était évidemment l’énergie, donc il fallait commencer par-là. Ce qui est le plus coûteux et le plus impactant, c’est la densité du réseau de bornes de recharge, et ce qui était le plus facile à faire, c’est de faire des véhicules électriques. On a fait ça dans l’ordre inverse : les véhicules sont en vente, on n’a pas d’infrastructures et on se pose la question de savoir si on aura assez d’énergie".

"Se dépêcher" pour mettre en place le réseau de recharge

Carlos Tavares semble encore très réservé sur la capacité du parc automobile à se convertir à l’électrique rapidement : "Il est encore temps de reprendre le sujet, mais il faut le reprendre de manière stratégique avec une approche véritablement constructive", a estimé le dirigeant. Pour l’industriel, "il est normal de penser qu’un consommateur n’achètera pas un véhicule électrique tant qu’il n’est pas convaincu qu’il pourra le recharger facilement. Donc il faut que cette densité du réseau de chargement soit visible".

Carlos Tavares s’est donc posé en industriel, coincé entre la nécessité d’investir et les errements du politique : "Je n’ai pas d’appel à faire, je ne suis pas un leader politique, je suis un modeste dirigeant d’entreprise. J’observe comme les autres que le réseau est en retard par rapport aux ventes de véhicules électriques. Il faut se dépêcher de mettre en place ce réseau, ça permettra de désensibiliser un des freins à l’achat d’un véhicule électrique, qui est la question de l’autonomie".

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