Malgré la crise, les dirigeants de PME restent combatifs
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Malgré la crise, les dirigeants de PME restent combatifs

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Les dirigeants de PME et ETI plient, mais ne rompent pas face à la crise du coronavirus. Si l’épidémie de Covid-19 a mis à l’épreuve leur santé, elle n’a pas éteint leur combativité, selon une étude de Bpifrance Le Lab. Dans ces circonstances particulières, les patrons restent même à l’affût des opportunités. Pour s’en sortir, ils comptent aussi beaucoup sur leurs salariés.

En novembre, les dirigeants de PME et d'ETI n'étaient que 7 % à se déclarer "abattus", contre 69 % de "combatifs" — Photo : Gaj Rudolf

Une poussée de fièvre et un coup de fatigue, mais des reins solides et une volonté de fer. Les dirigeants de PME et ETI encaissent plutôt bien le choc du coronavirus, à en croire un diagnostic dressé par Bpifrance. La banque publique a en effet pris la température de 1 734 chefs d’entreprise en juillet, dont 856 interrogés à nouveau en novembre.

Des dirigeants touchés, mais pas coulés

Première conclusion de ce bilan de santé : leurs formes physique et psychologique en a pris un coup (-1,5 point entre mars et juillet, sur une échelle de 10), mais le reconfinement de novembre ne les a pas ébranlés davantage. L’étude l’explique par l’expérience acquise au printemps, couplée à des restrictions moins sévères, après un troisième trimestre plus calme et donc régénérateur.

« Ces dirigeants ont pu bénéficier d'un soutien de la Nation dans des proportions qu’ils n’auraient jamais imaginées. »

De quoi rassurer le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq : « Le 16 mars [à l’annonce du confinement, NDLR] s’est apparenté à un arrêt d’une brutalité extraordinaire pour les entrepreneurs. Mais ils se sont relevés, notamment parce qu’ils ont constaté un soutien et une solidarité de la Nation et l’État-providence, dans des proportions qu’ils n’auraient jamais imaginées. Aujourd’hui, ils sont repartis dans une psychologie positive. »

Les inquiétudes restent fortes

En novembre, ces patrons étaient ainsi 7 sur 10 à se dire "combatifs", plutôt qu'"abattus" et autant à n’avoir jamais envisagé jeter l’éponge… une proportion toutefois en recul de 13 points par rapport à juillet. Bémol lié à l’échantillon même de cette étude : l’industrie y est surreprésentée (35 % du panel), au contraire du tourisme (4 %) beaucoup plus durement touché par le deuxième confinement. Mais la directrice de Bpifrance Le Lab Élise Tissier n’a pas relevé « de différence sectorielle dans les réponses. Si ce n’est que les dirigeants en proie à des difficultés financières avant la crise l’ont traversée de manière beaucoup plus forte que les autres ».

La pandémie de Covid-19 a quand même mis les nerfs de tous à rude épreuve. Les chefs d’entreprise interrogés l’ont d’abord vécue comme une source de difficultés (à 42 %) et d’anxiété (pour plus du tiers d’entre eux). En juillet, la moitié reconnaissait avoir craint pour la survie de leur entreprise. C’est d’ailleurs chez ces derniers que le coronavirus a été le plus violent, avec une baisse de leur forme psychologique deux fois plus importante que la moyenne (-2,9 points). Mais avant même la pérennité de leur société, il est un autre sujet qui les a davantage préoccupés (à 53 %) : la motivation de leurs collaborateurs.

Les PME et ETI chérissent leur capital humain

Ce dernier résultat témoigne de la place prépondérante occupée par les ressources humaines en pleine tempête. Les patrons affirment ainsi avoir passé l’essentiel de leur temps, de mars à juillet, sur le management d’équipe, devant même la gestion de l’administratif !

Mais, note Bpifrance Le Lab, s’ils ont été source d’inquiétudes, "les collaborateurs peuvent aussi jouer un rôle salvateur […], ils représentent le premier atout stratégique de l’entreprise". La preuve en deux chiffres : les dirigeants de PME-ETI disent s’être le plus appuyés sur leur personnel à 79 %, davantage que sur leur entourage personnel (63 %), partenaires financiers (42 %) ou conseils externes (41 %). En novembre, ils étaient même 88 % à considérer que leurs collaborateurs les aidaient à traverser la crise et que leur soutien serait "encore décisif demain".

« La capacité du chef d’entreprise à s’entourer est décisive pour passer les crises. »

En conséquence et malgré la distanciation physique, le Covid-19 semble avoir rapproché les patrons de leurs salariés : 9 sur 10 en ressortent avec une conviction accrue dans la force de leurs équipes. « Au plus fort de la crise, les dirigeants n’ont pas eu d’autre choix que de déléguer et de responsabiliser, estime Élise Tissier. Les salariés sont ainsi devenus leur premier soutien. C’est certainement un élément qui restera de cette période. »

Les leçons du Covid-19 pour l’avenir

Pour Bpifrance, cette valorisation du capital humain n’est que l’un des nombreux enseignements à tirer de cette année 2020. Dans sa dernière partie, l’étude fourmille ainsi de conseils pratiques pour le dirigeant. Aussi bien sur le plan personnel (tels que "ménager sa forme physique et psychique" ou "identifier en amont ses interlocuteurs de confiance") que professionnel. Il est, par exemple, recommandé de mettre en place une gouvernance partagée et des outils de gestion, comme un plan de continuité d’activité ou une cartographie des risques.

« Le volonté et le plaisir de prendre des risques, qui animent les dirigeants, n’ont pas disparu avec la crise. »

Car la crise, par effet d’apprentissage, peut aussi avoir du bon, et les dirigeants l’ont bien compris. À l’aune de cette expérience, ils disent vouloir être dorénavant plus prudents dans leur approche des risques (83 %) et leur gestion financière (74 %). Et ils sont aussi nombreux à vouloir profiter de la situation pour se réinventer, qu’il s’agisse d’accélérer le développement d’innovations nées de la crise (83 %) ou de revoir leur modèle économique (76 %). En novembre, près des deux tiers considéraient également que la conjoncture leur offrait "l’occasion de saisir des opportunités pour leur entreprise".

D’où la conclusion, soulagée, d’Élise Tissier : « Le capital entrepreneurial – cette volonté et ce plaisir de prendre des risques qui anime les dirigeants – n’a pas disparu, quel que soit le secteur. C’est une bonne nouvelle pour la suite. » À condition qu’une nouvelle vague épidémique ne vienne pas éroder encore l’énergie de PME et ETI, sur le pont depuis neuf mois.

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