Lorraine : Metalvalue lance la métallurgie du futur à Etain
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Lorraine : Metalvalue lance la métallurgie du futur à Etain

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La société Metalvalue va démarrer fin 2016 à Etain, dans la Meuse, la fabrication de pièces en inox à partir de poudre métallique. Un investissement de 10 M€ pour une technologie innovante et écologique qui devrait créer 40 emplois.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Ancien directeur industriel du groupe Vallourec, Alain Honnart, 71 ans, nourrissait le secret espoir de faire émerger une technologie de rupture dans la métallurgie. Dix ans après son départ du groupe, il est en passe de réussir son pari grâce à Metalvalue. Si la société a son siège rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, c’est à Etain dans la Meuse que tout se passe. En effet, l’entreprise a signé courant janvier un bail avec la Communauté de communes Pays d’Etain pour occuper 3.200 m² de locaux industriels. Les premières pièces en inox fabriquées à partir de poudre métallique (raccords, brides, etc.) devraient sortir des ateliers à partir de fin 2016-début 2017. Le procédé, innovant, est présenté comme moitié moins gourmand en énergie et plus économe en matière première que la métallurgie conventionnelle.
« Je connais le sujet des poudres métalliques depuis très longtemps ; je m’y suis intéressé lorsque j’étais jeune chercheur. En outre, Vallourec a eu un développement dans ce domaine, puis l’a abandonné pour se recentrer sur son cœur de métier, le tube sans soudure. Par ailleurs, il existe déjà les pièces dans l’automobile fabriquées à partir de poudre atomisée à l’eau. Mais ces pièces frittées n’atteignent pas les propriétés d’une pièce forgée notamment en termes de densité », raconte le directeur-général de Metalvalue.
Pour arriver à leurs fins, les porteurs du projet se sont appuyés sur MetaFensch à Uckange (Moselle), une plateforme publique de recherche créée par l’Etat en compensation de la fermeture des hauts-fourneaux. Deux années d’études cofinancées par l’Ademe ont permis de lancer Metalvalue tout début 2015. Six mois plus tard, la jeune pousse faisait l’acquisition d’une technologie de fabrication à partir de poudres de métaux atomisées au gaz en rachetant le suédois Bofors Bruk et ses 42 brevets.

Une aciérie dans les cartons

Encore fallait-il trouver un site pour produire les fameuses pièces… « Nous avons prospecté de nombreux sites en Lorraine pour bénéficier de l’expérience existante dans le domaine de la métallurgie. Même si le secteur a beaucoup souffert, je fais partie des personnes qui pensent que les murs ont de la mémoire », insiste le directeur-général. Montant de l’investissement, 10 M€.
Sur le plan stratégique, Metalvalue a également fait un choix inattendu. Elle commercialise sa technologie auprès d’autres fabricants... Deux licences ont ainsi déjà été vendues. « Pour développer un concept, il est nécessaire de susciter la concurrence. En effet, les clients sont rassurés si plusieurs acteurs leur proposent une même technologi e», précise son directeur-général. Et de résumer : « Les nouveaux procédés, c’est comme le pneu radial. Si Michelin l’avait gardé pour lui, le concept ne se serait pas développé ».
Enfin, la société compte maîtriser ses approvisionnements en amont. Pour alimenter ses deux sites de production à Etain et en Suède, elle compte ouvrir une aciérie, autrement dit une unité de fabrication de poudres métalliques à partir de métaux recyclés. « Des discussions sont en cours concernant le montage financier de ce projet de 40 à 70 M¤. Nous échangeons avec un certain nombre de partenaires parmi lesquels Ascometal, mais pas seulement. Une décision devrait être prise courant d’année », poursuit l’entrepreneur. Si les capacités d’un tel outil (50.000 tonnes par an) demeurent bien inférieures à celles d’une aciérie électrique traditionnelle [1 million de tonnes par an pour SAM-Riva à Neuves-Maisons, Ndlr.], elle pourrait employer une centaine de personnes dans le Nord-Est.

Metalvalue (Paris - 75) : Effectif : 20 personnes ; contact : www.metalvalue.fr.

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