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L’inflation va continuer à peser sur l’économie française au deuxième trimestre 2022
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L’inflation va continuer à peser sur l’économie française au deuxième trimestre 2022

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Pas de récession à craindre, mais une inflation à redouter. Après la stagnation surprise du PIB en début d’année, l’Insee a revu ses prévisions pour le deuxième trimestre. Au programme : timide redémarrage de l’économie et hausse continue des prix. Jusqu’en juin, au moins.

Pénalisée par l’inflation au premier trimestre, la consommation des ménages devrait "se redresser légèrement" au printemps, espère l’Insee. De quoi relancer un peu une croissance restée jusqu’ici atone — Photo : ©Kaspars Grinvalds

Inflation forte et croissance molle. La recette amère du premier trimestre 2022 devrait rester au menu de l’économie française au moins jusqu’à l’été. Dans ses dernières prévisions, l’Insee n’entrevoit en effet aucune franche amélioration de la conjoncture pour ce printemps. Mais le pays devrait tout de même échapper à la récession.

Redémarrage espéré de la croissance, mais sur un petit rythme

Le PIB tricolore devrait ainsi frémir à la hausse entre avril et juin, avec une progression attendue de 0,25 %. C’est plus de deux fois moins qu’anticipé avant le début de la guerre en Ukraine. Ce ralentissement de l’économie prend toutefois presque des allures de bonne nouvelle, après le coup d’arrêt subi de janvier à mars (-0,05 %). Une stagnation qualifiée par l’Insee de "demi-surprise", en raison du "freinage plus marqué que prévu des achats des ménages", sous le double effet de l’inflation et des incertitudes du moment.

Cette contraction de la consommation ne devrait toutefois pas perdurer pour une raison simple : le reflux du Covid-19 pourrait se traduire par "un effet de rattrapage" mécanique dans les services mis à mal par le variant Omicron, en décembre-janvier (hébergement-restauration et transports surtout). Sans compter qu’en parallèle, les entreprises gardent relativement le moral, en dépit de la conjoncture.

Dans ces conditions, l’institut statistique s’oriente vers "un scénario de croissance modeste, plutôt que de contraction de l’activité". D’ailleurs, si ses prévisions se confirmaient, à l’abord du second semestre, le PIB serait parti pour progresser d’au moins 2,6 % en 2022. Un chiffre toutefois inférieur, encore une fois, à ce qui était espéré avant l’éclatement du conflit ukrainien (-0,6 point).

Décollage continu de l’inflation, pour une durée incertaine

Gare à ne pas crier victoire trop tôt quand même. Car l’inflation reste menaçante. Elle devrait même poursuivre sa fuite en avant en mai (+5,2 % attendus), puis en juin (+5,4 %). Ce dernier taux est de 2 points supérieurs aux prévisions d’avant-crise russo-ukrainienne… mais, précise aussi l’étude, il aurait pu être encore 2 points au-dessus, et donc dépasser les +7 %, en l’absence de "remise carburant" et de bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité.

La spirale inflationniste est en tout cas bien installée, et alimentée par deux canaux principaux. D’abord les difficultés d’approvisionnement, "sous l’effet conjugué d’une demande restée forte au niveau mondial et d’une offre bridée, notamment par la guerre en Ukraine et la stratégie très stricte de lutte contre le Covid-19 en Chine". Ensuite par l’emballement des cours de l’énergie et des matières premières. Ces hausses déteignent déjà largement sur les prix de production qui, eux-mêmes, "continueraient à se répercuter, en partie, sur les prix à la consommation".

Résultat, en France, l’inflation devrait gonfler sous l’effet croissant des prix de l’alimentation (hausse attendue de 6 % sur un an en juin), en plus de ceux de l’énergie, stabilisés à des niveaux élevés (au-delà de +25 %). La dernière revalorisation du Smic, au 1er mai, pourrait aussi tirer vers le haut les tarifs de certains services, prévient la note de conjoncture.

Incertitudes maximales pour le reste de l’année

Jusqu’à quand se poursuivra ce cercle vicieux ? Difficile à dire, reconnaît l’institut, car l’évolution de la situation dépend, dans les deux cas, des "développements géopolitiques" autour du conflit en cours à la frontière orientale de l’Europe.

Un facteur d’instabilité, auquel il faut ajouter la "paralysie de l’économie chinoise, compte tenu de la stratégie zéro-Covid et des difficultés du secteur immobilier", ou encore le "durcissement des politiques monétaires, notamment aux États-Unis". Bref, la liste des incertitudes est longue. Manière de dire que l’économie française n’est pas à l’abri d’une nouvelle "demi-surprise", mauvaise ou bonne, d’ici l’été.

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