Les sites web français émettent plus de C02 que 1 000 tours du monde en avion
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Les sites web français émettent plus de C02 que 1 000 tours du monde en avion

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L’impact environnemental des sites internet est phénoménal. Deux récentes études portant sur les principaux sites français le soulignent.

Les 90 sites analysés par Razorfish et GreenIT consomment autant de CO2 que 1 140 tours du monde en avion — Photo : Sylvain Sonnet

Les émissions de gaz à effet de serre liées au digital dépasseront bientôt celles du transport aérien. D’ici 2025, elles devraient peser pour 5 à 6 % à l’échelle mondiale contre 4 à 5 % pour l’aviation. Dans ce contexte, Razorfish France (l’agence numérique de Publicis) et le collectif GreenIT viennent de publier les résultats du premier baromètre de l’empreinte environnementale des sites web français. 90 sites, jugés représentatifs du paysage économique et de consommation des Français, ont été auscultés, aussi bien des sites marchands, que d’information, du service public ou du CAC 40.

2 250 années de consommation d’eau

Le résultat est sans appel puisque le score moyen obtenu est de 29 sur 100. Les plates-formes des services publics obtiennent la moins mauvaise note (37 sur 100), les sites de commerces en ligne la plus médiocre (18 sur 100). "Il était nécessaire qu’au-delà de l’outil de mesure, nous puissions créer un électrochoc en provoquant la comparaison", explique Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France. Pari réussi : les 90 sites analysés consomment 8 millions de kilos d’équivalent CO2. Cela correspond à 1 140 tours du monde en avion. Par ailleurs, pour fonctionner, ces sites absorbent aussi 119 millions de litres d’eau chaque année. C'est ce que consomme en moyenne un Français sur... 2 250 ans.

"Le numérique est impalpable alors qu’il y a de réelles consommations sous-jacentes notamment énergétiques et de matières premières", explique Nicholas Mouret, PDG de Greenmetrics. Cette entreprise de conseil vient de rendre public une autre étude, portant sur 303 sites internet majeurs. Le score environnemental est également médiocre, car les notes s’étalent de 43 sur 100 pour les médias à 66 sur 100 pour le secteur de l’immobilier.

Le choix de l’éco-conception

Il est évidemment possible de limiter la consommation des sites internet, en faisant le choix de l’éco-conception. GreenIT délivre quatre conseils à court terme pour réduire leur empreinte écologique, notamment pour les PME. Cela passe par "la suppression des contenus et informations non utiles, la réduction du poids et du niveau de résolution des contenus à leur strict nécessaire, la réduction de la longueur des pages et l’utilisation des vidéos avec parcimonie". Pour aller plus loin, d’autres mesures plus poussées peuvent être prises. Comme choisir des polices de caractères moins lourdes ou opter pour le "lazy loading" (téléchargement paresseux en français), qui attend une action de l'internaute pour charger certaines parties de la page.

Nicholas Mouret, PDG de Greenmetrics, précise "que ces choix dépendent du secteur d’activité de l’entreprise. Pour une entreprise de transport, le site internet va peut-être représenter 0,1% du bilan de carbone alors qu’il est fondamental pour une boutique qui fait du e-commerce. La première étape est de mesurer tout cela." En poussant l’analyse jusqu’au choix de l’hébergeur. "Il est toujours difficile d’obtenir des informations sur les datacenters des hébergeurs. Beaucoup de facteurs jouent sur l’empreinte carbone comme le type d’énergie, les équipements utilisés, la localisation géographique", explique Nicholas Mouret.

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