Les salaires ont augmenté de 3 % en un an dans le privé
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Les salaires ont augmenté de 3 % en un an dans le privé

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Les salaires des Français ont fortement augmenté depuis un an, révèle une enquête de la Dares. Pour autant, l’inflation augmente encore plus vite.

Les augmentations de salaires ont été plus fortes dans les entreprises du tertiaire que dans l’industrie — Photo : Alex from the Rock

Les entreprises françaises n’ont pas attendu la loi pouvoir d’achat, promulguée le 16 août 2022, pour accroître la rémunération de leurs salariés. Selon une étude de la Dares, un service du ministère du Travail, le salaire mensuel de base – qui correspond au salaire brut, hors primes et heures supplémentaires - a augmenté de 3 % sur un an (chiffre arrêté au 30 juin 2022) dans le secteur privé. Il s’agit de la plus forte hausse des rémunérations annuelles constatées depuis plus de dix ans.

Quatre hausses du Smic en un an

Les salaires augmentent davantage dans les entreprises tertiaires (+3,1 %), que chez les industriels (+2,9 %) ou dans le secteur de la construction (+2,7 %). Ils progressent aussi davantage pour les employés (+3,7 %) et les ouvriers (+3,3 %) que pour les professions intermédiaires (+2,4 %) et les cadres (+2,3 %). Cela s’explique par les différentes hausses automatiques du Smic, indexées sur l’inflation, qui ont pour conséquence de revaloriser les salaires les plus bas.

Reste que les quatre augmentations du Smic en moins d’un an n’expliquent pas tout. Ni les appels du pied insistants du gouvernement pour que les entreprises mettent davantage la main au portefeuille.

Nombre d’entreprises ont procédé à des augmentations salariales pour faire face à la guerre des talents qui s’est intensifiée à la sortie de la crise sanitaire. Aussi bien pour conserver leurs équipes que pour surmonter leurs difficultés de recrutement. Pour embaucher dans les secteurs les plus en tensions, les employeurs n’ont guère d’autres choix que de revaloriser les rémunérations. C’est ce qu’a fait Louis Privat, dirigeant du restaurant Les Grands Buffets de Narbonne (195 salariés) qui a accru de 30 % les revenus de ses équipes cette année, à travers une prime d’intéressement. "Les difficultés de recrutement en restauration sont structurelles. La crise sanitaire n’a été qu’un révélateur. Pour pouvoir mobiliser de nouveaux salariés le soir, le week-end ou en été, il faut un niveau de rémunération reconnaissant la pénibilité de ce travail", indique le chef d’entreprise qui, pour absorber l’accroissement des charges, a revu à la hausse les tarifs de ses menus.

Sygmatel rogne sur ses marges

D’autres ont fait le choix de rogner sur leurs marges. C’est le cas de l’entreprise nantaise de services en électricité Sygmatel (400 salariés), qui a augmenté les salaires de 3 % et revalorisé titres-restaurants et chèques vacances. "Pour la première fois, nous avons dû décorréler les hausses de salaires des résultats de l’entreprise. Il fallait aider nos salariés, et prendre sur nos marges", explique le dirigeant Olivier de la Chevasnerie.

Bien souvent, les hausses de salaires restent corrélées à la santé financière des entreprises. "Il faut tenir compte de la conjoncture marquée par une hausse des prix des matières premières et une baisse des marges. D’un côté, vous avez des entreprises qui ont réussi à augmenter leurs prix, ce qui a permis une augmentation des salaires ; de l’autre, il y a des entreprises qui ne peuvent pas répercuter la hausse des prix et donc ont moins de marges de manœuvre pour augmenter les salaires", explique le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.

L’inflation grève les capacités financières des entreprises à augmenter les salaires. Elle vient aussi tailler des croupières au pouvoir d’achat réel des salariés. "Les prix à la consommation augmentent de 6 % entre fin juin 2021 et fin juin 2022", indique la Dares. Du coup, en euros constants, le salaire mensuel de base diminue de 3 % sur cette même période. Le problème, c’est que l’inflation nourrit l’inflation : la hausse des prix à la consommation a généré une nouvelle augmentation automatique du Smic (de 2,01 %) le 1er août. Entre le cercle vicieux de l’inflation et un taux de chômage bas (7,5 %) qui favorise des difficultés de recrutements, les hausses de salaires ne semblent pas près de s’arrêter.

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