Les reprises d'entreprise à la barre du tribunal de commerce plus nombreuses avec des enjeux plus importants
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Les reprises d'entreprise à la barre du tribunal de commerce plus nombreuses avec des enjeux plus importants

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Crise économique oblige, les procédures collectives avec cession de l'entreprise à la barre du tribunal de commerce vont sans doute augmenter en 2021. Ces opérations qui concernaient jusqu'à présent plutôt de petites entreprises, pourraient désormais impliquer des sociétés de tailles plus importantes.

Les assureurs crédit tablent ainsi sur une augmentation du nombre de défaillances d'entreprises en France en 2021 — Photo : GDM/stock.adobe.com

Le soutien massif apporté par l'État aux entreprises (reports de charge, prêts garantis...), la fermeture - confinement oblige - des tribunaux de commerce et le gel des procédures collectives jusqu'à mi-octobre 2020 ont permis à de nombreux dirigeants de résister et d'éviter la faillite de leur société. En dépit de la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19, le niveau global des défaillances d'entreprises en France a ainsi reculé l'an passé de 38,1 % pour atteindre son plus bas niveau depuis plus de 30 ans selon les chiffres publiés par Altares en janvier. En 2020, grâce aux mesures gouvernementales, seulement 32 184 procédures collectives ont été enregistrées quand on attendait au bas mot quelque 80 000 défaillances. Malheureusement, cette accalmie risque de ne pas durer.

Augmentation attendue du nombre de défaillance en 2021

Les assureurs crédit tablent ainsi sur une augmentation du nombre de défaillances d'entreprises en France en 2021 : + 25 % pour Euler Hermès avec plus de 64 000 dossiers, + 21 % pour Coface. Si le scénario semble bien établi, l'ampleur de la vague et le calendrier restent à définir. « Il est compliqué d'anticiper précisément le nombre de faillites en 2021, car il y a beaucoup de variables. Cela va dépendre de la capacité des entreprises de différer le remboursement de leur PGE (prêt garanti par l'État, NDLR), de la fin des aides publiques mais aussi de l'évolution de la crise sanitaire. Une chose est certaine : l'arrêt des perfusions étatiques va entraîner une hausse des défaillances d'entreprises », estime Julien Sortais, directeur restructuring chez KPMG France.

"Avec la crise sanitaire, de nombreuses entreprises se retrouvent en difficulté de trésorerie pour des raisons ponctuelles et non structurelles"

Cette crise inédite laisse donc présager une vague inouïe de dépôts de bilan et par conséquent autant d'opportunités à saisir pour les candidats repreneurs de racheter à moindre coût une entreprise en difficulté. Selon une étude publiée par KPMG en juin 2019 (« Les reprises à la barre du tribunal »), 1 000 entreprises de plus de 20 salariés avaient fait l'objet en 2017 et 2018 d'une mise en redressement ou d'une liquidation judiciaires. « En moyenne, 250 dossiers par an font l'objet d'un plan de cession et changent de main devant le juge, explique Julien Sortais, 250 PME font l'objet d'un plan de continuation se traduisant par un apport en new money et parfois un changement d'actionnaire tandis que les 500 entreprises restantes sont liquidées. Les reprises à la barre pourraient donc clairement augmenter, compte tenu de l'ampleur de la crise ». Ces procédures seront-elles forcément toutes des bonnes affaires pour les repreneurs ? Pas vraiment analyse l'expert. « On ne retourne pas une entreprise contre son marché. Si ce dernier est en déclin, le plan de retournement pourra être le meilleur du monde, on n'y arrivera pas. En revanche, avec la crise sanitaire, de nombreuses entreprises se retrouvent en difficulté de trésorerie pour des raisons ponctuelles et non structurelles, constate Julien Sortais. Dans ce cas précis, il y a aura probablement de bonnes opérations à réaliser ».

Davantage de gros dossiers

En outre, ces reprises ne concerneront pas forcément uniquement des PME ou des TPE et des fonds de commerce. Les reprises à la barre du groupe Kidiliz, spécialisé dans la mode enfantine (marques Z ou Catimini), des enseignes de prêt à porter comme Camaïeu et Naf Naf, du chausseur André ou encore de l'enseigne d'alimentation Bio C Bon ont montré au second semestre 2020 que des ETI pouvaient avoir du mal à surmonter le trou d'air causé par l'épidémie de coronavirus, y compris sur des segments de marchés porteurs comme la mode pour enfant, plutôt dynamique depuis la sortie du confinement, ou le bio. « Les gros dossiers de plus de 500 salariés - 11 seulement avaient été recensés en 2017 et 2018 - ont été plus nombreux en 2020 et il est probable que cette tendance se confirme en 2021 », estime Julien Sortais. Ces opérations ont des enjeux sociaux forts puisque, selon l'étude KPMG, dans ces gros dossiers de reprises, 76 % des emplois ont été préservés par les repreneurs. Cela représente près de 30 000 emplois sauvés en 2017 et 2018.

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