Les PME en première ligne de la remontée des défaillances d’entreprises au deuxième trimestre 2022
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Les PME en première ligne de la remontée des défaillances d’entreprises au deuxième trimestre 2022

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Les défaillances d’entreprises poursuivent inexorablement leur marche en avant. Enclenchée fin 2021, la dynamique s’est encore accélérée au deuxième trimestre, prévient le cabinet Altares. Les procédures collectives signent même un retour en force dans les PME.

Confinés en avril 2021 pour cause de Covid-19, les restaurants font face, un an plus tard, à une épidémie de procédures collectives, selon le cabinet Altares — Photo : © Jean-Marc Le Droff

La tendance est désormais "sans équivoque" : les défaillances d’entreprises (sauvegardes, redressements et liquidations judiciaires) sont bel et bien de retour en 2022. Mais, pour l’heure, cette remontée tient plutôt de la normalisation progressive que de l’explosion soudaine.

Les défaillances poursuivent leur redressement

Au deuxième trimestre, le cabinet Altares a dénombré l'ouverture de 9 826 procédures collectives au total. Un chiffre légèrement inférieur au début d’année (-1,5 %), mais largement supérieur au printemps 2021 (+49,2 %). Pour autant, les sauvegardes, redressements et liquidations judiciaires restent encore loin de leur niveau d’avant-crise (-20 % par rapport à la même période de 2019). Et devraient d’ailleurs y rester : l’étude table désormais sur un total de 37 000 défaillances en 2022, quasiment 30 % de moins qu’il y a trois ans.

Du côté du nombre d’emplois menacés, la dynamique est à peu près la même : il y en avait 30 560 au deuxième trimestre, quasiment autant qu’au premier (+1 %), plus que l’année dernière à pareille époque (+56,5 %), mais toujours moins qu’en 2019 (-25,5 %).

L'économie française devrait donc échapper, de nouveau, à la vague, si longtemps redoutée, des disparitions d’activités et d’emplois en cascade. "L’économie tient et les entreprises résistent, […] les retards de paiement sont encore globalement maîtrisés, note Thierry Millon, le directeur des études d’Altares. La résilience pourrait bien se confirmer, cette année encore, comme le maître-mot."

Les PME et les jeunes entreprises en première ligne

Mais l’heure n’est pas à l’optimisme béat pour autant. Plus alarmiste que la Banque de France, le cabinet pointe du doigt plusieurs évolutions sous-jacentes inquiétantes, derrière toutes ces moyennes relativement rassurantes. D’abord, les procédures collectives prennent de plus en plus la forme de liquidations judiciaires directes (dans 73 % des cas, +5 points par rapport à 2018-2019). Ensuite, certaines catégories d’entreprises sont d’ores et déjà entraînées dans un tourbillon de défaillances.

Les PME renouent ainsi avec "des volumes similaires" à l’avant-coronavirus (731 procédures, +74 % en un an). En première ligne, les petites et moyennes entreprises des services informatiques (+100 %) et celles du transport routier de marchandises (+200 %). Autre signal d’alarme : les structures de moins de trois ans, nées pendant le Covid-19, sont touchées par une épidémie de sinistralité (+136 %). Là encore, le nombre de liquidations directes, dans cette catégorie d’âge, retrouve son niveau pré-coronavirus.

Les activités BtoB plus résistantes

Plus globalement, l’étude note également une ligne de fracture entre les activités BtoB et celles tournées vers les particuliers.

Les premières sont un peu moins sévèrement touchées (+36 % pour l’industrie manufacturière, +24 % dans la construction), à quelques exceptions près (l’agroalimentaire et les transports). Les secondes sont, elles, frappées de plein fouet, à l’image de la restauration (+110 %), les salons de coiffure et instituts de beauté (+111 %) ou certaines branches du commerce.

Les entreprises du nord-ouest de la France à la peine

Au niveau territorial, aucune région n’échappe à la remontée des défaillances. Mais elle est particulièrement aiguë dans le Nord-Ouest - Hauts-de-France (+95 %) et Normandie (+86 %) en tête. Relativement épargnés en début d’année, le Centre-Val de Loire (+84 %) et la Bretagne (+80 %) rejoignent le peloton de tête. À l’inverse, l’Île-de-France, elle, continue de limiter la casse (+28 %).

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