« Les grandes villes sont de superbes machines à créer de la richesse»

« Les grandes villes sont de superbes machines à créer de la richesse»

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Pour Olivier Portier, analyste territorial, les grandes villes créent de la valeur. Mais elles n’en profitent pas totalement. La richesse créée localement s'exporte, à travers les transferts de salaires hors de l’agglomération. Les élus doivent donc agir sur la qualité de l’environnement pour retenir les jeunes actifs.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Notre enquête le montre. Les grandes agglomérations, au-delà de 400.000 habitants, affichent une meilleure santé économique que les agglomérations moyennes. Pourquoi ?
Les très grandes agglomérations ont un profil de métropoles. Elles sont des pôles économiques lourds mais aussi des pôles administratifs. Stable, l’économie publique y joue un rôle d’amortisseur. Souvent, elles disposent de l’atout touristique, spécifique à ces très grandes villes. Et leurs tissus productifs sont souvent plus diversifiés que les agglomérations moyennes. Trop de spécialisation peut affaiblir un tissu productif local.



Les élus locaux peuvent-ils vraiment peser sur le développement économique de leurs agglomérations ?
On a beaucoup fantasmé sur les dynamiques économiques territoriales. Au niveau macro-économique, la croissance crée de l’emploi, de la richesse. Au niveau d’un territoire, les mécanismes sont plus complexes. La richesse créée localement peut partir ailleurs, à travers les transferts de salaires hors de l’agglomération. La grande ville crée de la valeur mais, dans ce cas, n’en profite pas totalement. À mes yeux, les élus doivent donc agir sur la qualité de l’environnement, la capacité de leur territoire à retenir les jeunes actifs.




Peut-on accuser les grandes métropoles de capter la richesse au détriment des autres territoires ?
C’est vrai, ce sont de superbes machines à créer de la richesse. Mais elles en redistribuent aussi beaucoup, à travers notamment les revenus de ceux qui travaillent dans les agglomérations mais vivent hors de leurs frontières. Elles irriguent ainsi des zones moins urbaines qui profitent de ce développement.