Quelques nuages dans un ciel plutôt dégagé : au baromètre des entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises, les prévisions économiques sont plutôt au beau fixe pour l'année 2019. Mais le contexte économique international jette le trouble parmi les sociétés les plus orientées vers les marchés extérieurs.
Ce regain de prudence est la principale tendance qui se dégage de la 9e enquête de conjoncture ETI établi par Bpifrance et la Direction générale des entreprises (DGE). Elle se retrouve partout, dans les anticipations aussi bien de chiffre d’affaires que d’embauches et d’investissement, exprimées par ces entreprises entre 250 et 5 000 salariés. Certes inférieures à ce qu’elles avaient été en 2018, leurs prévisions se maintiennent toutefois à un niveau toujours élevé comparé aux années précédentes.
Ralentissement de la croissance attendu
Sur les 637 entreprises interrogées en avril-mai 2019, 53 % s’attendent ainsi à une progression de leur chiffre d'affaires cette année. C’est 44 points de plus que celles redoutant un reflux. Cet écart a néanmoins fondu de 8 points en un an, signe que, après le pic d’optimisme de 2018, « les ETI anticipent un ralentissement de la croissance en 2019 ».
Ce constat est particulièrement flagrant dans les entreprises dites « internationalisées », c’est-à-dire réalisant plus d’un quart de leur chiffre d’affaires hors de France. Si elles sont 62 % à envisager une hausse de leur chiffre d'affaires, la différence entre opinions positives et négatives se resserre de 23 points en un an (-19 points dans les sociétés industrielles spécifiquement).
Corollaire de ces prévisions plus prudentes, toutes les ETI « quels que soient leur taille, leur degré d’internationalisation ou leur caractère innovant » se préparent à un ralentissement de la demande, note l’étude.
Toujours plus de difficultés de recrutement pour les ETI
Comme pour le chiffre d’affaires, l’enquête relève un relatif fléchissement dans les anticipations des ETI en matière d’évolution de l’emploi. « Dans l’ensemble des secteurs d’activité, les effectifs en France continuent de se renforcer même si le rythme est moindre qu’en 2018 », année marquée par un niveau d’optimisme exceptionnellement élevé.
Cette dynamique de l’emploi est toutefois freinée par des obstacles au recrutement de plus en plus problématiques, selon Bpifrance et la DGE. 43 % des sociétés sondées ont pâti « d’importantes difficultés » en la matière en 2018 (+7 points en un an). La moitié des ETI du secteur des services aux entreprises se disent touchées, par exemple. Principal point de blocage identifié : le niveau de qualification du salarié (pour 59 % des répondants), loin devant le manque d’expérience (31 %) et le salaire demandé (29 %).
Le climat international se dégrade
Surtout, cette étude indique que la dégradation du climat international commence à peser sur la confiance des ETI françaises les plus impliquées sur les marchés mondiaux. Projets d’investissement et d’embauche revus à la baisse, perspectives de croissance plus modérées que l’an dernier et indicateur des prévisions d’exportation divisé par deux… un frisson semble parcourir les entreprises internationalisées.
Pour Bpifrance et la DGE, les « tensions protectionnistes » et la croissance molle de la zone euro expliquent leur plus grande prudence. De fait, entre l’écheveau indémêlable du Brexit, la guerre commerciale sino-américaine et les tensions géopolitiques avec l’Iran, la conjoncture n’est guère favorable aux échanges internationaux : ils pourraient baisser en volume de 0,7 % cette année, prévenait récemment le dernier baromètre Coface.
Malgré ce contexte délicat, les ETI françaises ne semblent pas vouloir faire leurs valises pour autant. Au contraire, les projets de création de filiales ou de prises de participations à l’étranger demeurent stables : ils sont évoqués par près d’une entreprise sur cinq. Avec toutefois un rééquilibrage géographique en vue : les implantations programmées cette année en Asie et en Amérique du Nord sont en net recul (respectivement -7 et -5 points en un an) et deviennent aussi, voire moins, nombreuses que celles annoncées en Afrique. Quant à l’Union européenne, elle renforce sa place de destination privilégiée des ETI françaises (58 % des projets, +2 points).