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L'épidémie de Covid-19 plonge la France dans une récession historique
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L'épidémie de Covid-19 plonge la France dans une récession historique

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Sans surprise, la France a connu une chute historique de son PIB en 2020 : -8,3 %. Consommation, production, investissement, échanges internationaux… : tous les moteurs de l’économie se sont noyés sous l’effet du Covid-19. Mais certains ont aussi continué à tourner en fin d’année, malgré le rétablissement des restrictions sanitaires.

La fermeture des commerces en novembre a fait dérailler la consommation des ménages et le redressement des services — Photo : Virginie Monvoisin

Une récession record. Moins pire qu’annoncé, certes, mais terrible quand même : en 2020, le PIB français s’est contracté de 8,3 %, selon une première estimation de l’Insee. C’est du jamais vu depuis 1945, mais pas de l’imprévu : les premier puis deuxième trimestres avaient déjà signé des contre-performances historiques, sur fond de pandémie et de confinement.

Fin 2020, 29 milliards d’euros portés disparus

Depuis près d’un an, la question n’était plus de savoir si récession il y aurait, mais de quelle ampleur elle serait. En juin, le pessimisme ambiant l’annonçait entre -11 % et -12,5 %. Mais la parenthèse enchantée d’un été euphorique (+18,5 %, révisé à la baisse de 0,2 point) avait ramené l’Insee à une estimation de -9,1 %. Ce sera finalement 0,8 point de mieux, grâce à une limitation des dégâts en fin d’année.

Malgré le reconfinement et les couvre-feux, la chute du PIB est restée contenue en effet, à -1,3 % au quatrième trimestre. Soit une perte d’activité de 5 %, par rapport à la même période en 2019. L’équivalent de 29,1 milliards d’euros de richesse nationale envolés. Quand même.

Dans le détail, et sans surprise là encore, tous les indicateurs macroéconomiques ont viré au rouge écarlate en 2020.

L’industrie victime du printemps, les services de l’automne

L’investissement ? Il décroche de 9,8 %, alors même qu’il a bien résisté au confinement d’automne (+2,4 % au quatrième trimestre).

La production ? Elle chute lourdement, que ce soit dans la construction (-13,2 %), les biens (-11,2 %) ou les services marchands (-8,2 %).

Dans ce domaine, la situation est toutefois plus contrastée en fin d’année. Le bâtiment se stabilise (+0,2 %), quand "l’industrie manufacturière […] semble peu affectée par le deuxième confinement", estime l’Insee. Elle réussit même à accroître son activité (+2,3 %). Tout l’inverse des services, premières victimes des fermetures administratives pour cause d’épidémie. Le tertiaire marchand se replie de 2,2 % entre octobre et décembre.

Cette trajectoire divergente pèse sur les perspectives de retour à la normale : "La production de biens poursuit son rapprochement vers son niveau d’avant crise (-4,6 % en glissement annuel, après – 8,2 % au troisième trimestre), tandis que les services s’en éloignent à nouveau (-5 %, après -3,4 %)", observe l’Insee.

Le reconfinement assomme la consommation

Moteur habituel de la croissance, la consommation des ménages cale de 7,1 % en moyenne. Seule exception : les dépenses alimentaires (+1 %). Pour le reste, la fermeture des commerces en novembre a fait dérailler le redressement esquissé à l’été. Résultat, en fin d’année, la consommation "s’éloigne nettement de son niveau d’avant crise (-6,8 % en glissement annuel), alors qu’elle l’avait presque rattrapé au trimestre précédent", déplore l’Insee.

Signe d’espoir, malgré tout : dès que se desserrent les restrictions sanitaires, les Français sont au rendez-vous. Ce fut le cas au troisième trimestre, et encore en décembre : leurs dépenses en biens ont alors rebondi de 23 % (contre -18 % le mois précédent), au point de dépasser leur niveau de 2019 (+3,7 %).

Le commerce international en convalescence

Les échanges internationaux aussi font grise mine sur l’année, exportations (-16,7 %) comme importations (-11,6 %). Mais au second semestre, l’heure était au rebond. Une reprise plus vigoureuse même du côté des ventes à l’étranger que des achats. Le déficit commercial est ainsi divisé par deux entre le quatrième trimestre (-9,4 Md€) et le deuxième (-18,8 Md€). Mais le rétablissement aux niveaux d’avant crise est encore loin (à 11 % pour l’export, 8,1 % pour l’import).

Ces chiffres tombent néanmoins à pic pour le gouvernement. Au moment où se décide un possible troisième confinement, l’Insee offre de précieuses indications sur l’impact économique d’un régime de restrictions strict (comme celui du printemps) ou lâche (comme à l’automne). Principale différence entre les deux : le premier a eu un effet 10 fois plus lourd que le second sur le PIB français.

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