La filière numérique s’est structurée autour de la création de la Ruche. Une filière qui semble partir de loin…
Il y a encore trois ans, on partait en effet d’une filière qui s’ignorait, qui n’attirait pas de nouvelles entreprises, et, plus grave, qui ne retenait pas ses sociétés en croissance. Des start-up comme Lengow ou Meteodyn sont parties se développer à Nantes. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que l’ensemble des forces en présence se connaissent. Les entrepreneurs, les enseignants-chercheurs, les étudiants, les porteurs de projet, les associations et les passionnés participent tous à des opérations à La Ruche où ils sont acteurs et non spectateurs. Ça pousse à la transversalité et à l’émergence de nouveaux projets.
Quel bilan dressez-vous de la Ruche au bout de ces deux années ?
On engrange les bénéfices du travail de mise en réseau des acteurs. Aujourd’hui, on a une vraie filière structurée avec des entreprises qui s’investissent. Prenons une société comme Mesmateriaux.com. Elle n’ouvre pas de bureau à Paris et s’implique à la Ruche. C’est un effet collatéral : les entrepreneurs locaux s’investissent bénévolement. C’est une grande différence avec les autres territoires. Car outre l’aspect économique, cette démarche implique et vend positivement la ville. Actuellement, nous accueillons 22 sociétés à la Ruche, aussi bien des indépendants en co-working que des start-up en pépinières dans les locaux de la CCI et de Le¬ Mans Métropole. C’est peu par rapport à l’ensemble de la filière, mais aujourd’hui on doit gérer les mètres carrés d’entreprises en croissance qui veulent des bureaux voisins. On passe notre temps à ouvrir des portes dans les cloisons !
Pourquoi développer une filière numérique entre Paris et Nantes ?
Pour qu’une métropole comme Le¬ Mans existe, elle doit être innovante et donc attractive pour des gens travaillant à une économie collaborative et transverse. On assiste à l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs qui sort du fonctionnement tubulaire des grands groupes. Cette génération est ouverte au partage, à la qualité de vie et est moins dogmatique sur les formats de partenariats. Le concept de la Ruche numérique, c’est dans l’ADN de ces créateurs. C’est aussi la preuve par l’exemple : arrêtons de regarder les succès des autres pour créer les nôtres. Ce que produit le numérique révolutionne les modes de fonctionnement des autres secteurs. C’est la bonne filière pour faire tache d’huile.
Quels sont les axes d’amélioration à travailler ?
Nous devons nous spécialiser dans des domaines de pointe comme le traitement automatique de la parole, la sécurité des systèmes d’information de santé et le e-learning. Nous avons des spécialistes au Mans. Sous trois ans, il nous faut devenir incontournables dans au moins deux de ses domaines. Reste à lever les ressources nécessaires. Le Mans a besoin d’ambition pour ces filières d’avenir et de moyens pour aller plus loin. La preuve de la validité du concept est faite. La filière est à la croisée des chemins et attend que le territoire se mobilise pour elle.
Comment la filière locale se positionne sur la French Tech ?
Nous avons constitué un groupe de travail à la Ruche pour prétendre au label French Tech. Des entreprises comme La Poste, Mesmateriaux.com, ST Microelectronics, l’Université du Maine ainsi qu’une dizaine de start-up sont mobilisées dans le projet. La French Tech nous demande une stratégie de développement de la filière numérique à trois ans et à dix ans. Nous avons donc dressé un état des lieux de ce qui nous manque. C’est-à-dire, un accélérateur de start-up, une école de la deuxième chance et un fab-lab plus important que celui de la Ruche. Tout cela devrait être réalisé sous un an.
