C’est un phénomène étayé par de nombreuses études émanant d’associations ou d’organismes publics depuis des décennies : la discrimination à l’embauche des candidats d’origine supposée maghrébine.
Une nouvelle étude de grande ampleur menée avec la méthode du "testing" par la Dares*, la direction du ministère du Travail qui produit des analyses et des statistiques, vient le confirmer.
Près de 10 000 candidatures envoyées
Les testeurs ont envoyé 9 600 candidatures à 2 400 offres d’emploi représentatives en termes de métiers et de secteurs sur l’ensemble du territoire métropolitain. Les conclusions de cette expérience sont éloquentes : "La mesure des taux de rappel suivant les profils des candidatures montre l'existence d'une discrimination de grande ampleur à l'encontre des candidatures dont l'identité est à consonance maghrébine. Ces candidatures sont 31,5 % moins souvent rappelées que des candidatures identiques à consonance française", indique la Dares.
Pour obtenir le même nombre de rappels de la part des recruteurs, "un candidat portant un nom et prénom à consonance maghrébine doit envoyer 1,5 fois plus de CV qu’un candidat portant un nom et prénom à consonance française".
Une discrimination qui s’atténue en fonction de la qualification
Autre enseignement de l’étude : si elle n'établit pas de différence dans le taux de rappel entre les candidatures féminines et masculines, elle met en revanche en exergue une discrimination plus grande selon la qualification du candidat à l'embauche. Ainsi, les candidats d’origine supposée maghrébine "sont relativement moins discriminés parmi les métiers qualifiés (de cadres, qu’ils aient ou non des fonctions d’encadrement) que parmi les métiers peu qualifiés."
* L’étude a été menée avec ISM Corum (Inter service migrants - Centre d’observation et de recherche sur l’urbain et ses mutations) et l’Institut des politiques publiques.