Joël Chéritel (Medef Bretagne) : « Notre exaspération est très grande »

Joël Chéritel (Medef Bretagne) : « Notre exaspération est très grande »

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Toute la semaine, les organisations patronales s'unissent pour faire entendre leur voix au Gouvernement. Le mouvement « Libérons l'entreprise » rassemble, en Bretagne, le Medef, la CGPME, l'UPA et la FRSEA. Leur mobiliation est « padagogique ».
— Photo : Le Journal des Entreprises

Face à l'accumulation des charges, des nouvelles réglementations, des contraintes auxquelles elles sont soumises, les entreprises n'en peuvent plus. C'est pour expliquer leur ras-le-bol qu'elles se mobilisent pour la croissance et l'emploi cette semaine dans toute la France, avec un seul mot d'ordre, pédagogique : « Libérons l'entreprise ». En Bretagne, le Medef, la CGPME et l'UPA font front commun, et ont également accueilli dans leur mouvement la FRSEA.

Avec la FRSEA en Bretagne

« Nous avons tous les mêmes problèmes de réglementation qui s'empilent, de poids des charges », justifie Thierry Coué, le président de la FRSEA Bretagne. « C'est l'originalité de la Bretagne dans cette mobilisation, ajoute Joël Chéritel, le président du Medef Bretagne. L'exaspération est très grande, il fallait donc faire front commun pour que le Gouvernement nous entende. Nous voulons tous expliquer pourquoi nous protestons. » Objectif final : obtenir l'abandon de plusieurs mesures. Mais aussi informer sur la fiscalité des entreprises.

Fiscalité

40 milliards d'euros ont en effet été promis aux entreprises dans le cadre du Pacte de responsabilité, pour faire baisser leurs charges. « Mais depuis trois ans, rappelons que nos charges ont augmenté de 30 millards d'euros !, s'insurge Joël Chéritel. Résultat, nous réalisons les marges les plus faibles d'Europe, nous n'avons plus d'avenir. » Or, ce sont les marges qui produisent la croissance et créent l'emploi. De plus, les entreprises devraient voir ces 41 milliards d'euros qu'à fin 2017, ce qui fait boullir les patrons. « Ces mesures ne sont pas gravées dans le marbre, il va falloir attendre ». La baisse des prélèvements obligatoires annoncée ne concernait cette année que le CICE (pour 12 milliards d'euros). En réalité, ce ne sont que 8 milliards qui ont été allégés, car les entreprises rechignent à faire appel au CICE... « Si on veut se sortir de cette spirale infernale, pour les nouvelles générations, il est temps que la France fasse baisser la dépense publique, souhaite le président breton du Medef. Elle représente 57% de notre PIB, contre 46% en Allemagne (et 49% en moyenne en Europe). 11 points d'écart, cela représente 220 Mds €. Si on donnait ne serait-ce que la moitié aux entreprises... »

La pénibilité

L'autre thème qui révolte les chefs d'entreprise, c'est la pénibilité au travail. « Nous demandons l'abrogation du dispositif », indique Frédéric Corre, président de la CGPME Bretagne, jugeant ce dispositif inapplicable.

Insécurité juridique

« Les chefs d'entreprise ne veulent plus prendre d'apprentis », témoigne Pierre Labbé, président de l'UPA Bretagne. Trop de réglementation les met dans le « brouillard », dit-il, constatant même une insécurité sociale, puisque les prudhommes sont saisis presque systématiquement aujourd'hui... « En appel, les salariés ont presque 80% de chance de gagner, ce qui pénalise l'entreprise et ses collaborateurs ».

Cession d'entreprise

La loi Hamon devrait, selon les patrons mobilisés, être abandonnée. « On ne cède pas une entreprise en deux mois! ». « Nous, nous avons envie de développer la France », ajoute Joël Chéritel.