Investissements étrangers : la France devient le pays le plus attractif d'Europe
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Investissements étrangers : la France devient le pays le plus attractif d'Europe

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La France a remporté la palme européenne de l’attractivité pour les investissements étrangers en 2019, selon le baromètre annuel d’EY. Depuis, le Covid-19 a déferlé sur le monde et remet déjà en cause de nombreux projets. Mais la partie n’est pas encore perdue pour 2020, affirme le cabinet de conseil. À condition, entre autres, de ne pas rater le virage de la relance.

Hors Ile-de-France, la région Auvergne Rhône-Alpes reste la plus attractive pour les investisseurs étrangers en 2019. Elle a attiré 12 % des projets l'an dernier (en hausse de 10 % sur un an) — Photo : Louis Falcoz

Le retour de la croissance ne sera pas le seul enjeu du futur plan de relance de la France. Le maintien de son attractivité à l’international risque aussi d’en dépendre, prévient le cabinet EY, dans son baromètre 2020. Les deux sont liés, en réalité, soulignent les auteurs de cette étude annuelle, dans la mesure où « les entreprises étrangères implantées en France emploient 2 millions de personnes, représentent 21 % des dépenses de R & D privées et 31 % de nos exportations ». La crise du coronavirus pourrait toutefois rebattre les cartes.

La France en tête des projets… avant la crise

Après des années d’une patiente mais lente reconquête, l’Hexagone s’est imposée comme la destination préférée des investissements étrangers en Europe sur l’année 2019. Une première place inédite, décrochée grâce aux 1 197 projets comptabilisés par EY (soit plus de 18 % du total européen), contre 1 109 au Royaume-Uni et 971 en Allemagne.

La France brille aussi par sa dynamique de croissance : +17 % en un an, quand le volume des investissements ne progressait que de 0,9 % sur l’ensemble du continent. Dans le top 10 européen, seule l’Espagne fait mieux (+55 %).

Et ce n'est pas tout : le pays a conservé sa première place sur la R & D, selon le baromètre. Même les investissements dans l’industrie se portent à merveille avec 409 projets (2,5 fois plus qu’en Allemagne) et une hausse des extensions et implantations d’usines de 20 % en un an.

Des chiffres positifs, confirmés, le 2 juin, par Business France. L'agence nationale a recensé, pour sa part, 1 468 "décisions d'investissement" en 2019 (+11 %), en provenance de 58 pays. Les Etats-Unis (16,2 % des projets) et l'Allemagne (15,5 %) sont les plus actifs.

Mais tout ça, c’était avant. Depuis, la pandémie de coronavirus a déferlé sur le monde et changé la donne.

Ce que change la crise du Covid-19 pour les investisseurs

Pour le mesurer, EY a réalisé, au cours de la dernière quinzaine d’avril, une enquête complémentaire auprès de 113 dirigeants européens. De quoi revoir à la baisse les données 2019 : un quart des investissements pourraient être « reportés ou fortement révisés », 10 % carrément annulés. Soit près de 420 projets potentiellement compromis.

« La gestion de crise pour les entreprises a fortement obéré l’émergence de nouveaux projets. »

Quid de 2020 ? Là encore, l’horizon s’obscurcit : les deux tiers des dirigeants interrogés envisagent de réduire leurs investissements cette année (51 % ne parlent toutefois que d’ajustements « mineurs ») et 15 % pensent les reporter à 2021.

Aucune annulation en vue pour le moment… mais pas de nouvelles annonces non plus. Pour EY, « les trois temps de la gestion de crise pour les entreprises (sécurité des personnels, continuité des opérations, préservation de la situation financière) ont ainsi fortement obéré l’émergence de nouveaux projets. »

• Les plans de relance, un critère de décision

Sur quels critères les investisseurs étrangers fonderont-ils dorénavant leurs décisions d’implantation, dans un contexte post-épidémique chamboulé et incertain ? Le cabinet leur a posé la question. À 80 %, ils répondent que « le poids et l’impact » des plans de relance nationaux pèseront dans leurs choix futurs.

Décryptage d’EY : « [Ces dirigeants] auront à considérer, à court terme, l’efficience des mesures économiques, mais aussi, à moyen terme, leurs effets sur les finances publiques du pays et donc l’éventuelle pression fiscale qui pourrait en découler. Une concurrence exacerbée lors de la reprise est donc à prévoir. »

• La digitalisation de l’économie, un argument d’attractivité

La transformation numérique pèsera aussi dans la balance. 71 % s'intéresseront au « niveau d’adoption du digital » dans un pays, avant d'y investir. C'est plus que les compétences, le marché domestique ou les politiques environnementales, cités par 60 % environ des répondants.

À plus long terme, 82 % voient les technologies et l’automatisation comme tendance de fond dans les prochaines années. Ils seront donc amenés à considérer leur niveau de développement dans le choix de destination de leurs investissements.

• La relocalisation industrielle attendra

L’épidémie de coronavirus a souligné la forte dépendance de l’Europe à l’usine du monde chinoise. D’où des appels à la relocalisation, en France. Les investisseurs internationaux n’en sont pas là, même si 56 % anticipent, sous cinq ans, une « démondialisation des supply chains ».

En attendant, ils préfèrent miser sur la « régionalisation » - au sens large : en réponse à la crise actuelle, 83 % envisagent de rapprocher leurs usines « à proximité de l’Union européenne », contre 37 % qui penchent pour un renforcement de leur présence directement en son sein.

Or, l’épidémie risque bien de laisser des traces sur l’industrie continentale : en matière d’investissements étrangers, à court terme, « l’alerte est donnée […] notamment dans l’aéronautique, l’automobile, les équipements, la chimie et la plasturgie », prévient d’ores et déjà EY.

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