Immobilier d'entreprises : L'exception « Lannion »

Immobilier d'entreprises : L'exception « Lannion »

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En rachetant la moitié du site d'Alcatel, Lannion confirme son statut d'exception dans le paysage de l'immobilier d'entreprises des Côtes-d'Armor. Un marché pour l'heure atone mais qui risque de s'emballer dans les mois et années à venir.
— Photo : Le Journal des Entreprises

L'annonce n'a véritablement surpris personne dans le microcosme de l'immobilier d'entreprise. En rachetant 15,6 ha des 27 ha du site d'Alcatel-Lucent de Lannion, soit plus de 55.000 m² de surfaces d'activités, Lannion Trégor Communauté confirme son rang de premier opérateur, public et privé confondu, de ce secteur dans les Côtes-d'Armor. « C'est pour notre collectivité la plus importante transaction de ce type après le rachat en 2006 de l'ex-CTS de France Télécom à Pleumeur-Bodou, devenu le pôle Phoenix, précise Joël Le Jeune, président de LTC. Nous sommes une exception dans le département et en Bretagne mais ce choix politique est assumé et construit depuis de longues années. »




Une recherche de partenaires

Un temps remonté contre ce que certains n'hésitaient pas à appeler la nationalisation de l'immobilier lannionnais, les opérateurs privés ont aujourd'hui bien pris conscience, parfois avec fatalité, que poser un pied dans le Trégor devient mission impossible. « Mon rêve serait d'en voir plus mais il faut reconnaître que les tarifs de location que nous pratiquons, les aides que nous recevons pour réhabiliter les locaux et notre absence de recherche de rentabilité, sur les opérations immobilières menées, rendent les choses difficiles pour eux. » Démarrée au début des années 90, cette stratégie d'acquisition s'est renforcée dès 2000 avec l'éclatement de la bulle technologique. « Les entreprises concernées étaient à l'époque propriétaires, pour certaines de vastes bâtiments de production avec des salles blanches et des réseaux techniques. À cette période, personne n'aurait mis un centime dans le rachat et la reconversion de ces actifs. La collectivité a relevé ce défi. »










6 millions d'euros

Pour mener à bien ce quasi-doublement de son offre immobilière, LTC s'est rapproché de l'établissement public foncier de Bretagne. C'est via cette structure que s'est effectué le rachat à Alcatel pour près de six millions d'euros. « Les discussions sont allées assez vite mais se sont faites dans une logique commerciale assumée. En tant qu'ancien de la maison, j'ai pu discuter plus facilement avec les dirigeants pour faire avancer rapidement les décisions. En aucun cas, et d'ailleurs pour aucune de nos autres acquisitions, nous n'avons dû faire jouer notre droit de préemption. Pour ce projet, nous estimons qu'il nous faudra 10 ans pour le rentabiliser. » Reste désormais à trouver une destinée à ce patrimoine immobilier supplémentaire sachant que le taux de remplissage des 70.000 m² actuels frôle 98 %. « L'orientation la plus facile va être de la location. C'est déjà le cas avec les entreprises hébergées dans ces locaux par Alcatel. Nous récupérons d'ailleurs dans l'escarcelle environ 600.000 euros de loyers annuels, ce qui n'est pas anodin. »




Un parc des expositions ?

Vente d'un peu de foncier disponible, création d'une maison des entreprises regroupant Adit, CCI, chambre de métiers, etc. L'avenir du site est déjà bien tracé même si Joël Le Jeune espère bien trouver dans l'ancienne câblerie d'Alcatel, qui dispose d'une hauteur sous plafonds de 9 m, le lieu idéal pour donner vie à son projet de parc des expositions. « Il devait aller sur la zone de Bel Air et coûter plus de 10 millions d'euros. Sur Pégase, nous serons en mesure de réhabiliter ce hall de 4.500 m², et ainsi accueillir des événements à dimension économique, pour le tiers de ce montant. »