Guy Mamou-Mani (Syntec Numérique) : « La transformation numérique des entreprises n'est plus un enjeu technologique »
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Guy Mamou-Mani (Syntec Numérique) : « La transformation numérique des entreprises n'est plus un enjeu technologique »

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Emmanuel Macron vient de présenter son projet de loi "Noé" pour "nouvelles opportunités économiques". Une loi Macron 2 qui vise à favoriser ces opportunités et qui doit permettre à chacun de « trouver sa place » dans la transformation numérique. Le Syntec Numérique, premier syndicat patronal du numérique, soutient ce projet de loi. Entretien avec Guy Mamou-Mani son président.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Avec ce projet Noé, la France est-elle sur la voie de la révolution numérique ?

Guy Mamou-Mani : Elle est dans le bon sens ! Après les débuts laborieux du quinquennat de François Hollande, l'arrivée d'Emmanuel Macron au Gouvernement a permis de prendre en compte la dimension des enjeux que représentaient la transformation numérique pour les entreprises du numérique elles-mêmes et l'ensemble des entreprises de tous les secteurs.

Contrairement aux consommateurs, les entreprises françaises ne tirent pas pleinement parti des opportunités associées au numérique. Pourquoi ? Quels sont les principaux freins à la transformation numérique ?

G. M.-M. : Le consommateur, le citoyen français est très numérisé. En revanche, toutes les études convergent sur le fait que les entreprises, PME comme Cac 40 sont en retard dans leur transformation numérique. Et il est absolument impératif que l'on accélère dans cette transformation. Sinon, des nouveaux acteurs étrangers prendront les parts de marché !

Comment encourager les entreprises, les PME, les ETI, à opérer une mutation digitale ?

G. M.-M. : J'ai envie de leur dire "n'ayez pas peur" ! Les chefs d'entreprises doivent comprendre qu'il ne s'agit pas d'une menace mais d'une magnifique opportunité. Sur certains sujets comme l'industrie du futur dont s'est saisi Emmanuel Macron, plusieurs fédérations se sont réunies pour créer l'environnement propice à cette transformation en fédérant des laboratoires d'expertise, des sociétés... Cette industrie du futur est un très bon exemple de ce qu'il faut faire.

La difficulté des entreprises a investir est-elle un des freins des entreprises à se transformer ?

G. M.-M. : Franchement, je ne crois pas que ce soit le problème, car cet investissement ne concerne pas l'informatique avec un petit i. L'informatique a été souvent considérée à tort comme un centre de coûts. Par conséquent, il fallait trouver des fonds. Là, ce qui est en jeu, c'est l'avenir même de l'entreprise, c'est le business model de l'entreprise. Il n'est pas question de se dire "je n'y vais pas". Si vous avez un réseau d'hôtels, une entreprise de transport, et que vous vous dites que vous n'avez pas l'argent pour vous transformer, c'est simple, vous allez mourir ! Donc vous n'avez plus le choix et vous devez trouver en vous les capacités à vous transformer.

Le climat est donc à la fois plein d'opportunités mais aussi anxiogène. Selon une étude publiée en 2013 par deux professeurs d'Oxford, 47 % des emplois sont menacés par la numérisation, essentiellement des professions intermédiaires (comptables, vendeurs, secrétaires…) ceux qui ont des tâches susceptibles d’être informatisées. Que répondez-vous à cela ? Comment assurer la transition managériale ?

G. M.-M. : C'est un vrai sujet de résistance. Il est important de comprendre que la transformation numérique des entreprises n'est plus un enjeu technologique. Nous avons toutes les compétences. La problématique est un accompagnement du changement. L'enjeu est bien plus humain que technique.

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