Grand débat national : « Et si l'État incitait les entreprises à financer des services publics ? »
Témoignage # Immobilier # Fiscalité

Grand débat national : « Et si l'État incitait les entreprises à financer des services publics ? »

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Dans le cadre du Grand débat national, Le Journal des Entreprises lance un appel aux entreprises pour connaître leurs doléances et leurs idées. Julien Denis y a répondu par une proposition « gagnant-gagnant » et pragmatique. Le fondateur de JDS Consulting, cabinet de recrutement spécialisé dans la promotion immobilière près de Nantes, souhaite que l'État laisse les entreprises financer des projets d'intérêt général, en échange d'une baisse de leur fiscalité.

Pour Julien Denis, fondateur du cabinet JDS Consulting à Nantes, pouvoir « payer les livres de l'école de (sa) commune par le biais de son entreprise en échange d'une exonération d'impôt sur les sociétés, cela rendrait service à tout le monde ! » — Photo : Julien Denis

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« Aujourd'hui, le taux d'imposition des sociétés est relativement important pour une entreprise qui commence à faire beaucoup de "chiffre". Il y a bien des méthodes pour passer au travers. Pour ma part, je donne à des associations, ce qui me permet de bénéficier d'une exonération d'impôt (réduction de 60 % du montant versé, dans la limite de 10 000 € ou 5 ‰ du chiffre d'affaires annuel hors taxe, NDLR). Je le fais "pour la bonne cause" et je trouve que c'est un juste retour des choses de faire profiter de mes bons résultats à des gens qui n'ont pas ma chance.

Donner à la collectivité en échange d'une exonération

J'ai toutefois appris qu'aux États-Unis ou en Israël, les entreprises jouaient un vrai rôle dans la collectivité et pouvaient s'impliquer dans des projets publics. C'est vrai qu'en y réfléchissant, je serais prêt à en faire autant. Si demain, je pouvais, par le biais de mon entreprise, payer les livres de l'école de Saint-Brévin-les-Pins, où j'habite, en échange d'une petite exonération d'impôt sur les sociétés, je le ferais volontiers et cela rendrait service à tout le monde !

« Nous entrons dans une stratégie gagnant-gagnant, à partir du moment où ma contribution rend un service à la communauté. »

À mon sens, ce serait en effet une bonne chose pour tous que l'argent qui dort dans les caisses des sociétés puisse être réinjecté dans des projets publics. Si je pouvais faire un don à un hôpital ou pour la rénovation d'un bâtiment, c'est de l'argent de mon entreprise qui permettrait à ma commune d'aller mieux. On est dans une stratégie gagnant-gagnant, à partir du moment où ma contribution rend un service à la communauté.

Restaurer l'image de l'entreprise dans la société

Cette exonération permettrait aussi d'inclure l'entreprise au coeur de la vie de la société. Elle aurait en fait un double avantage : aider la collectivité à faire avancer des projets et, en même temps, permettre aux entreprises d'être mieux comprises.

Si les Français voyaient que l'argent des patrons ne sert pas à leur payer des vacances ou à faire de l'exil fiscal, mais qu'il est vraiment au service de la société, cela pourrait donner une meilleure image de l'entreprise. C'est un moyen de montrer qu'elle joue un vrai rôle social, qu'elle n'est pas là pour qu'un patron s'en mette plein les poches.

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Rétablir le consentement à l'impôt

Enfin, ce dispositif favoriserait le consentement à l'impôt. Au lieu que leur trésorerie parte directement au fisc, les entreprises pourraient elles-mêmes choisir des sujets à financer. Ou l'État leur dirait : "nous avons tel et tel projet à but sociétal pour lesquels nous cherchons un peu d'argent. Si vous y participez, vous aurez droit à une exonération de 20 ou 30 %."

Dans ce cas, peut-être que le fait de voir où part l'argent de leur entreprise rassurerait les patrons... Car ils sont des contribuables comme les autres : l'un des facteurs de rejet de l'impôt aujourd'hui, c'est que l'on ignore où vont les sommes versées. On sait très bien que nos prélèvements fiscaux payent les routes, l'éducation, la santé, etc. mais cela reste relativement abstrait. Si le chef d'entreprise savait exactement où va l'argent donné aux services de l'État, son acceptation de l'impôt serait plus grande. »

Dans le cadre du Grand Débat national, Le Journal des Entreprises donne la parole aux dirigeants d'entreprise.
— Photo : Le Journal des Entreprises
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