Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : « Nous avons un vrai souci sur la transformation du CICE en baisse des charges »
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Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : « Nous avons un vrai souci sur la transformation du CICE en baisse des charges »

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Si les inquiétudes du patronat concernant la réforme du code du travail ont été levées, restent celles liées au prochain projet de loi de finance. Un sujet - parmi d'autres - évoqué par le vice-président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux lors d'un petit-déjeuner de travail à l'occasion de l'université d'été du Medef (29-30 août). Morceaux choisis.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le momentum français

« Un sentiment de confiance s’est installé assez fortement ces dernières semaines. C’est important car l’économie de marché, c’est aussi l’économie de la confiance. Les décisions d’embaucher ou d’investir se prennent évidemment sur des facteurs rationnels, mais elles se prennent aussi sur des facteurs d’ordre psychologique. Il y a aujourd’hui un momentum qu’il ne faut pas gâcher, avec deux moments forts : les ordonnances portant sur la réforme du code du travail (présentées le 31 août dernier, ndlr) et le projet de loi de finance pour 2018. La flexibilité d’un côté, la compétitivité de l’autre. Si ces deux "piliers du temple" sont réussis, il n’y a pas de fatalité à ce que la France se traine en queue de peloton de l’Europe. »

Patience

« Pédagogiquement parlant, on a du mal à faire passer l’idée que le changement prend du temps. Ces douze derniers mois, nous avons collectivement créé 300.000 emplois en France. Il ne faut pas se tromper, c’est l’effet du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), lequel avait été annoncé en janvier 2014. Les entreprises n’ont pas pour autant embauché dès le lendemain, souvenez-vous de tout le débat sur les contreparties ! Les entreprises sont pragmatiques. Elles ont embauché parce que les charges ont baissé et leur trésorerie augmenté, non pas parce que M. Hollande en a fait l’annonce. Cela sera pareil avec la réforme du code du travail ou la suppression partielle de l’ISF. Il faut du temps pour que les effets concrets se réalisent. »

La transformation du CICE

« Nous avons un vrai souci sur la transformation du CICE en baisse des charges prévue dans le programme d’Emmanuel Macron. C’est une bonne chose car cela pérennise le dispositif ; ceci dit, il y a un problème qui est strictement mathématique. 6% de crédit d’impôt équivaut à 9 à 10% de baisse de charges. C’est certes prévu au niveau du Smic, mais au-delà de 1,6 fois le Smic, cela va coûter plus cher à l’entreprise. Or, on ne peut pas pousser que des emplois au Smic. On est dans une économie de la connaissance, on a donc besoin d’emplois qualifiés. »

Suppression partielle de l’ISF

« Soyons clair, au Medef, nous demandons la suppression totale de l’ISF, mais comme nous avons été ignorés sur ce sujet depuis 1981, on est plutôt accompagnateur de cette suppression partielle. Pour les détenteurs d’immobilier, cela ne changera rien. Il ne sera certes pas supprimé mais il n’augmentera pas non plus. Pour les détenteurs de capitaux, c’est un énorme progrès. Combien d’entreprises ont-elles été tuées entre 1981 et 2017 à cause de l’ISF ? »

La "flat tax"

« Une mesure à venir nous satisfait pleinement, c’est ce qu’on appelle la flat tax dont le nom français devrait être le prélèvement fiscal unique (taxation unique à 30 % des revenus de l’épargne, NDLR). C’est une demande que l’on fait depuis longtemps et sur laquelle on devrait être entendus. »

Les seuils sociaux

« C’est un de nos regrets. Les différents seuils conduisent à une démographie d’entreprises en escalier, avec des entreprises qui restent à 49 personnes ou qui multiplient les sociétés. Il y a quand même, dans la manière dont ont été préparées les ordonnances, un vrai progrès. Quand on simplifie toute l’organisation (référence à la fusion des instances représentatives au sein d’un Comité Social et Economique, ndlr), le passage de 49 à 50 devient plus simple. »

Succession de Pierre Gattaz

« Il y a une vraie réflexion à avoir sur le rôle du Medef. L’élection de Macron a donné un sacré coup de vieux aux partis politiques traditionnels et je pense que la question doit aussi se poser pour les organisations syndicales. En l’occurrence, en ce qui nous concerne, notre mode de fonctionnement et la façon dont on présente nos entreprises. Il faut savoir que la taille moyenne des entreprises adhérentes au Medef est de 78 salariés. Or, l’image que peut avoir le grand public sur notre organisation est assez différente. Comment, par exemple, faire place aux start-up ? La campagne pour la présidence du Medef (qui débute officiellement en janvier 2018, ndlr) devrait être l’occasion de se poser un certain nombre de questions. Après, il y a des ambitions personnelles légitimes (Geoffroy Roux de Béziers devrait se porter candidat mais ne l’a pas encore confirmé ni infirmé, NDLR), mais il ne faut pas que ce soit juste une affaire de personnes, c’est aussi une affaire de fond. »

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