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Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : « La solution au financement des retraites est de travailler plus longtemps »
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Geoffroy Roux de Bézieux président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : « La solution au financement des retraites est de travailler plus longtemps »

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Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux était récemment à Angers pour célébrer les 100 ans du Medef Anjou. L'occasion pour lui de revenir sur les sujets qui font l’actualité nationale et celle du mouvement qu’il préside.

Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux (à gauche) était à Angers, le 3 décembre, pour assister aux 100 ans du Medef Anjou, présidé par Bertrand Schaupp (à droite) — Photo : Olivier Hamard JDE

Le Journal des Entreprises : Où en est l’actuelle réforme que vous avez engagée au Medef ?

Geoffroy Roux de Bézieux : Depuis le vote de cette réforme au sein du mouvement en juillet dernier, nous laissons plus de places aux instances locales et aux territoires. En 2020, nous allons aussi renoncer à un certain nombre de financements paritaires pour gagner en indépendance, et nous voudrions, au terme de ce mandat de cinq ans, ne plus être financé que par les entreprises.

Nous nous sommes également engagés dans une féminisation du mouvement, avec pour objectif d’atteindre le même pourcentage de femmes dans nos instances que celui des cheffes d’entreprise. Or elles ne sont actuellement que 8 % sur l’ensemble des mandats. Nous visons d’ici à cinq ans un pourcentage de 30 % de femmes dans nos instances, ce qui est d’ailleurs le cas au Medef Anjou. Ce n’est pas un objectif facile à atteindre, car les femmes dirigeantes, moins nombreuses que les hommes, sont en règle générale très sollicitées pour différents mandats.

Depuis la promulgation de la loi Pacte au printemps dernier, qui donne une place importante à l’environnement, avez-vous engagé un dialogue avec différentes ONG ?

G. R. de B. : En effet, le Medef s’est doté, cet été, d’une raison d’être que nous avons définie par : « Agir ensemble pour une croissance responsable ». On ne peut pas être prospère sans être utile, et à l’inverse, on ne peut pas être utile sans être prospère.

Beaucoup d’ONG travaillent sur des sujets qui nous concernent et il est impossible de ne pas en tenir compte. Nous avons donc entamé un dialogue avec certaines d’entre elles, pas seulement dans le domaine de l’environnement, mais sur 5 thèmes différents, comme c’est le cas, par exemple, avec des associations de consommateurs. Il s’agit de réfléchir ensemble sur des thèmes comme « produire mieux et plus intelligemment ». Le dialogue débute, nous avons déjà reçu une soixantaine de ces organisations et allons poursuivre ces rencontres l'an prochain.

Quelle est votre position sur la réforme des retraites, qui alimente le débat actuellement ?

G. R. de B. : Initialement, nous n’étions pas demandeurs de cette réforme, qui est un projet de la CFDT. Nous avons un problème d’équilibre qui va grandissant, avec un déficit de 3 milliards d'euros cette année. Il pourrait atteindre 10 milliards en 2025 et 20 milliards en 2030. Il faut régler ce déficit et rétablir cet équilibre avant de parler d’équité, sinon nous allons bâtir sur du sable.

Pour cela, il y a trois solutions : la première consisterait à geler les pensions, ce qui est socialement impossible. La seconde serait de procéder à une hausse des cotisations des employeurs et des salariés, ce qui ne sera pas accepté. La troisième serait de travailler plus longtemps. On peut débattre sur l’âge de départ à la retraite, mais c’est, selon nous, la solution.

La grève annoncée par rapport à cette réforme des retraites inquiète-t-elle les dirigeants d’entreprises ?

G. R. de B. : Les patrons s'inquiètent évidemment d’éventuelles violences, comme malheureusement à chaque manifestation. Si la grève se prolonge, il y a aussi un risque pour l’activité économique, même si nous n’avons pas le sentiment que le secteur privé va beaucoup relayer le mouvement. Il y a eu cette année, en effet, des augmentations de salaire d’environ 2 %, en plus de la prime accordée en début d’année par les entreprises, à la suite du mouvement des Gilets jaunes. Face à une inflation de 0,7%, cela représente tout de même plus d’1 % de gain sur le pouvoir d’achat.

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