Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : « Il faudrait que l'on puisse travailler davantage »
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Geoffroy Roux de Bézieux président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : « Il faudrait que l'on puisse travailler davantage »

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Pour que les entreprises surmontent la crise liée à l'épidémie de Covid-19, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux estime qu’il est indispensable de davantage travailler. Il salue par ailleurs les premiers effets du plan de relance.

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, "on ne devient pas entrepreneur pour vivre aux crochets de l’État." — Photo : CC0

Le plan de relance du gouvernement de 100 milliards d’euros a été lancé voici près de deux mois, quels premiers retours en avez-vous ?

Geoffroy Roux de Bézieux : Je n’oublie d’abord pas le plan de soutien, car des entreprises bénéficient toujours des prêts garantis par l’État, d’exonérations de charges, et ça, ça marche. J’ai presque envie de dire que ça fonctionne trop bien, car cela signifie que des entreprises sont toujours en difficulté.

Concernant le plan de relance qui, lui, est plutôt tourné vers l’investissement, il commence à « percoler » dans les territoires. C'est important car il y a ce que décide Bercy et puis la vitesse à laquelle la décision se répercute. La rapidité des réponses dépend bien sûr des filières et secteurs, et tout le monde n’a pas de projet d’investissement en ce moment au regard du contexte. Mais pour l'instant, ça a l’air de bien fonctionner.

"Un entrepreneur n’a pas envie d’aides, il a envie de travailler"

Le couvre-feu est instauré dans plusieurs métropoles et devrait s’étendre à d’autres territoires. Les aides du gouvernement sont-elles à la hauteur ou certains secteurs sont-ils condamnés faute d’activité ?

Oui, elles le sont. Mais ce qui est important maintenant est de trouver, pour les secteurs pénalisés, comment continuer à travailler malgré le couvre-feu. Je vais prendre un exemple simple : en France, les salles de sport sont fermées, alors qu'en Allemagne elles sont ouvertes. En France toujours, alors que ces salles de sport sont donc fermées, les salles de danse, elles, restent ouvertes. Je ne suis pas médecin, je ne vais pas polémiquer à ce sujet, mais je pense qu’il y a une réflexion à avoir en détail, micro secteur par micro secteur. Car si le Covid reste encore de nombreux mois, il faut malgré tout que l’on continue à travailler. On ne devient pas entrepreneur pour vivre aux crochets de l’État.

Qu’entendez-vous par là ?

Évidemment, je salue les aides, mais il y a un moment où il faut que ça s’arrête, il faut qu’on travaille. Un entrepreneur n’a pas envie d’aides, il a envie de travailler.

"Cette période est une formidable opportunité de dialogue social"

Faudra-t-il donc travailler davantage pour surmonter cette crise ?

J’aimerais bien que l’on puisse travailler plus. Je sais que c’est compliqué pour certains secteurs mais, globalement, c’est en travaillant davantage qu’on s’en sortira, c’est en créant des richesses.

Il faut donc aller au-delà des 35 heures ?

C’est déjà le cas. Il y a plein d’entreprises qui, soit à la hausse, soit à la baisse en fonction de la situation, discutent du temps de travail. D’ailleurs, une des choses qui n’est pas beaucoup mise en exergue actuellement : cette période, malheureuse, est une formidable opportunité de dialogue social. Il y a eu énormément de discussions dans les entreprises, et souvent positives dans leur conclusion. Quand ça va mal, dirigeants, actionnaires, salariés et parfois clients, banquiers aussi, se serrent les coudes. Et c’est tant mieux.

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