France 2030 : l'industrie reçoit 5,6 milliards d'euros pour décarboner ses usines les plus polluantes
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France 2030 : l'industrie reçoit 5,6 milliards d'euros pour décarboner ses usines les plus polluantes

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L’État change de stratégie pour décarboner l’industrie. Après le saupoudrage du plan de relance, place à des actions plus ciblées et intensives avec France 2030. Le gouvernement entend consacrer 5,6 milliards d’euros à cet enjeu, dans le cadre de sa stratégie d’investissement. Une enveloppe importante, mais concentrée sur quelques secteurs et entreprises seulement.

Les 5,6 milliards d’euros prévus par l’État pour la décarbonation de l’industrie iront en priorité à trois secteurs parmi les plus polluants du pays, dont les aciéries — Photo : DR

Comme un air de déjà-vu. Le gouvernement remet à l’honneur la "décarbonation" de l’industrie, et recharge son soutien aux entreprises prêtes à s’engager sur cette voie. Cet enjeu environnemental était déjà présent dans le plan de relance (1,2 milliard d’euros promis en septembre 2020). Il revient aujourd’hui en force à travers France 2030, mais à deux "détails" près : l’enveloppe a été sérieusement musclée (5,6 milliards d’euros) et le périmètre fortement resserré sur quelques entreprises et activités choisies.

Le Premier ministre Jean Castex a dévoilé, le 4 février, les détails de cette nouvelle offensive écologique. Un "effort massif, mais indispensable" qui s’ajoute à "ce que nous faisons déjà pour l’hydrogène" (7,2 Md€ d’ici à 2030), a précisé d’emblée Jean Castex. Autant de moyens tournés vers un seul et même objectif : "Faire de la France un leader de l’industrie verte".

L’acier, le ciment et la chimie, au centre des attentions

Dans cette perspective, fini le saupoudrage de la relance, place à des actions ciblées et concentrées, de manière à en maximiser les retombées. En l’occurrence, trois secteurs prioritaires se partageront 4 milliards d’euros : "l’acier, le ciment et la chimie lourde", responsables de "72 % de nos émissions industrielles".

Cet argent servira, plus précisément, à "soutenir le déploiement de technologies nouvelles", capables de réduire les émissions de carbone des usines concernées, comme l'hydrogène ou le captage-stockage du carbone. En complément, et en amont, l’État consacrera 610 millions d’euros à la recherche et l’innovation, de manière à mettre au point ces futures solutions de décarbonation et à "réinventer nos procédés", complète Matignon dans un communiqué de presse.

Quatre appels à projets sont ainsi lancés dès à présent par l'Ademe : "Soutien de l'offre de solutions de décarbonation des industriels" (jusqu'au 15 septembre) ; "Développement de briques technologiques et services par des PME pour la décarbonation de l'industrie" (jusqu'au 15 avril) ; "Favoriser le développement de Zones industrielles bas carbone" (jusqu'au 15 février 2023) ; et "Développement de briques technologiques et démonstrateurs : réalisations de premières industrielles associant l'offre et la demande" (jusqu'au 16 octobre 2023).

Des aides aux entreprises loin d'être acquises

Enfin, le dernier milliard d’euros disponible reviendra, lui, plus largement, aux TPE, PME et ETI industrielles. Elles seront aidées, pour leur part, à mettre en place "des technologies dites matures, comme la chaleur renouvelable ou l’efficacité énergétique […], dans la continuité de France Relance", a expliqué Jean Castex.

Un bémol quand même, apporté après coup par le gouvernement : les 5 milliards d'euros d'aides aux entreprises doivent d'abord faire l'objet d'une consultation publique, "afin d'éclairer l'élaboration du mécanisme de ces soutiens dédiés à la décarbonation". Cette phase préliminaire durera jusqu'au 1er avril, soit quelques jours avant l'élection présidentielle. Autant dire que tout cet argent n'est pas encore prêt à arriver dans les usines.

Arcelor Mittal, premier de cordée sur la décarbonation

Comme pour joindre le geste à la parole, le Premier ministre a fait ces annonces sur le site Arcelor Mittal de Dunkerque (Nord), après avoir conclu un "partenariat historique" avec le groupe sidérurgique. L’industriel s’est en effet engagé à investir 1,7 milliard d’euros pour réduire ses rejets de CO2 d’environ 40 % avant la fin de la décennie.

Une telle diminution représenterait, à elle seule, "une baisse de 10 % des émissions industrielles de la France, un tiers de l’effort total à faire d’ici 2030", s’est réjoui le chef du gouvernement. En octobre, à la présentation du plan d’investissement, le président de la République avait fixé pour objectif exact d’atteindre -35 % d'émissions dans l’industrie, entre 2015 et 2030.

Mais pour l’exécutif, ce nouveau programme de décarbonation ne répond pas seulement à des enjeux de transition écologique. Il s’agit aussi d’œuvrer à la réindustrialisation nationale et à la croissance économique, a insisté Jean Castex. Une manière aussi, sur le plan politique, de montrer que le gouvernement est à la tâche, selon l’expression présidentielle, "jusqu’au dernier quart d’heure" du quinquennat. Et qu’il est bien décidé à imprimer sa marque sur la politique économique du pays au-delà, quelle que soit l’issue des prochaines échéances électorales.

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