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Un volet proactif : 300 millions d’euros pour la diversification Un volet défensif : 100 millions d’euros pour limiter la casse Et un feuilleton France 2030 à suivreL’État n’en a pas fini avec ses aides à l’automobile. Il vient même d’en ouvrir un nouveau chapitre avec le lancement d’une première action dans le cadre du plan d’investissement France 2030. Il s’agit, en l’occurrence, de réserver 400 millions d’euros aux sous-traitants pour les accompagner dans leur diversification ou leur restructuration.
Un volet proactif : 300 millions d’euros pour la diversification
Ce nouveau "plan d’accompagnement" vise d’abord à pousser les fournisseurs automobiles à l’action, plutôt qu’à la réaction, face aux mutations actuelles de la filière, à commencer par l’électrification des véhicules. Le gouvernement entend consacrer à cet objectif des moyens financiers et humains.
• Un fonds de modernisation bis
Est ainsi créé un "fonds de soutien à la diversification des sous-traitants", doté de 300 millions d’euros. Il va prendre concrètement la forme d’un appel à projets (ouverture le 17 décembre), sur le modèle de celui ouvert, dans le cadre du plan de relance, pour la modernisation de la filière (361 M€ de subventions distribuées à 403 lauréats, selon le dernier décompte de Bercy en date du 18 novembre). L’idée est de financer des projets de taille un peu plus conséquente, et portés sur une "diversification visant à développer ou industrialiser de nouveaux produits et procédés de fabrication, en lien avec le véhicule électrifié et ses composants, ou vers des segments porteurs en dehors de l’automobile".
• Deux patrons envoyés en mission
En complément, deux initiatives doivent permettre d’épauler les sous-traitants dans leur transition. La première est la prolongation du dispositif d’accompagnement personnalisé, proposé par la Plateforme automobile (PFA). Il va également passer à la vitesse supérieure pour auditer plus de 200 entreprises à partir de janvier (contre 70 depuis 2020). Cette prestation de conseil de 12 à 30 jours (200 € par jour à la charge de l’entreprise) porte, au choix, sur des aspects stratégiques et/ou opérationnels.
Second levier, l’envoi en mission sur le terrain, directement chez les sous-traitants, de deux patrons de la filière. Pendant un an, ils devront "sensibiliser [leurs homologues] à la transition industrielle vers les marchés d’avenir", les "encourager à anticiper les transformations de leur modèle économique", mais aussi les aiguiller vers des dispositifs publics appropriés. Ce travail reviendra à Patrick Thollin (président du conseil de surveillance d’EFI Automotive) et Didier Sepulchre de Condé (ex-dirigeant de NTN, puis d’Artema).
Un volet défensif : 100 millions d’euros pour limiter la casse
Ces actions, qui se veulent "proactives", se doublent également de mesures plus défensives. Car, de l’aveu même du ministère de l’Industrie, "malheureusement, dans certaines entreprises, la marche est parfois trop haute pour moderniser l’outil de production dans des délais courts". Sans compter que les objectifs environnementaux de l’Union européenne (vente interdite de véhicules neufs thermiques après 2035) ont déjà conduit des investisseurs ou repreneurs à "reculer et retirer leurs offres dans certains dossiers", a constaté Bercy. Qui déplore, également, "quelques liquidations récentes assez regrettables" attribuées davantage à de la mauvaise gestion.
• Une enveloppe pour la reconversion des territoires
Dans ces conditions, il faut donc s’attendre à ce qu’il y ait de la casse (46 000 à 87 000 emplois en moins d’ici 2030, selon une récente étude du cabinet AlixPartners pour PFA). Pour tenter de l’atténuer, 100 millions d’euros seront orientés vers une trentaine de territoires où des entreprises sont en difficulté. L’argent servira autant à appuyer les collectivités locales dans leurs démarches de reconversion de ces sites qu’à subventionner l’implantation de porteurs de projet industriel sur place.
Pour le reste, le gouvernement compte s’appuyer surtout sur des dispositifs existants, dont le fonds de 50 millions d’euros pour les salariés des fonderies. Il pourra "être étendu à d’autres secteurs de l’automobile", précise-t-on au ministère de l’Industrie.
Et un feuilleton France 2030 à suivre
Dans tous les cas, la nouvelle enveloppe de 400 millions d’euros n’est sûrement pas la première, ni la dernière pour la filière. D’autres sont d’ores et déjà en préparation, dans le cadre de France 2030. Elles porteront notamment autour de la R & D et "des composants nécessaires à la fabrication des prochaines générations de véhicules". Mais pas question d’en dire plus dans l’immédiat : en cette période pré-électorale, Bercy préfère déflorer le contenu de son plan d’investissement au fil des semaines. Histoire de continuer à occuper le terrain économique et de montrer que l’exécutif est aux commandes autant, si ce n’est plus, qu’en campagne.