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Énergie, coûts, salaires… : les TPE-PME s’attendent à souffrir toujours plus de l’inflation en 2023
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Énergie, coûts, salaires… : les TPE-PME s’attendent à souffrir toujours plus de l’inflation en 2023

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L’inflation n’est pas près de lâcher les TPE-PME. Leurs dirigeants s’attendent à vivre une année 2023 encore placée sous le joug des hausses de prix, alerte une enquête de Bpifrance Le Lab et Rexecode. Avec des conséquences multiples qui se propagent et touchent désormais tous les pans de l’entreprise - des salaires à l’investissement, en passant par la demande et le financement.

Coûts de l’énergie, hausse des salaires, baisse de la demande… l’année 2023 s’annonce compliquée dans les TPE-PME. Au point que près de la moitié redoute une dégradation de leur marge — Photo : adobe.stock.com

L’inflation continue de faire sa loi dans les TPE-PME et la crise énergétique est loin d’être passée. Sans être aussi pessimiste qu’à l’automne, la dernière enquête de conjoncture de Bpifrance Le Lab et Rexecode ne laisse pourtant guère de doutes sur les difficultés qui attendent les entreprises tout au long de cette année.

La crise de l’énergie ne fait que commencer

Des défis désormais bien connus, à commencer, donc, par la flambée des prix de l’électricité. À en croire les 574 dirigeants interrogés, le plus dur reste en effet à venir : 76 % anticipent une augmentation de leur tarif unitaire d’achat en 2023, contre 44 % qui en avaient déjà constaté une en 2022.

Pour y faire face, pas de miracle : les entreprises augmentent leurs propres prix (à 47 %) et/ou réduisent leurs marges (à 35 %). Or, sur ces deux tableaux, l’année s’annonce encore plus sombre que la précédente.

La spirale prix-salaires menace de s’enclencher

Les TPE-PME sont ainsi plus nombreuses à vouloir augmenter plus fortement leurs tarifs de vente : 61 % envisagent un tel renchérissement (+3 points en un an), à hauteur de +4,3 % en moyenne (0,5 point de plus qu’elles l’estimaient il y a seulement trois mois). Pis, 6 patrons sur 10 prévoient un relèvement supérieur à celui déjà opéré l’année dernière.

Les mêmes tendances peuvent être observées du côté des salaires… mais dans des proportions encore plus fortes : les dirigeants sont ainsi 72 % à prévoir des revalorisations en 2023 (+22 points en un an !), à un niveau également revu à la hausse (+3,5 % en moyenne, soit 0,9 point au-dessus de l’estimation de cet automne).

La demande et les marges continuent de flancher

Las, note l’étude, "malgré des prix anticipés en moyenne plus dynamiques que les salaires en 2023, près de la moitié (48 %) des TPE-PME anticipent une dégradation de leur marge nette cette année". Une proportion en hausse de 14 points par rapport à 2022, pour une baisse moyenne évaluée à -3,8 % !

Pas étonnant, dans ces conditions, que les "coûts et les prix trop élevés" s’imposent comme le deuxième frein à la croissance identifié par les répondants (à 41 %, +9 points en un an), devant les sempiternelles difficultés de recrutement (57 %, stable).

Mais l’impact de ces tensions inflationnistes est bien plus large. "Les contraintes de demande se font à nouveau un peu plus mordantes", souligne ainsi Bpifrance Le Lab. Et pour cause, la dégradation des perspectives de demande prend ainsi de l’ampleur : 37 % des entreprises se disent désormais concernées (+7 points) - conséquence logique d’un pouvoir d’achat érodé par la montée générale des prix depuis plus d’un an.

L’investissement peine à se relever

Autre victime collatérale de cette spirale inflationniste : l’investissement. Même si le baromètre se veut moins alarmiste que lors de sa précédente édition, les intentions des chefs d’entreprise restent bel et bien en recul : 56 % disent vouloir mener des projets dans l’année qui vient, soit 3 points de moins qu’en 2022. Et ce constat en volume se répète en valeur : les montants consacrés à ces investissements vont être réduits dans 30 % des cas (+7 points).

Faut-il y voir un lien de cause à effet ? L’accès au crédit pour financer ces dépenses s’est subitement durci : 20 % des TPE-PME concernées disent rencontrer des difficultés avec les banques pour obtenir les fonds nécessaires (+5 points sur un an, comme sur trois mois). Là encore, l’inflation n’y est pas étrangère : depuis juillet, la Banque centrale européenne a relevé par cinq fois ses taux d’intérêt directeurs (une sixième est déjà programmée en mars). Avec l’objectif assumé de "freiner la demande" pour calmer la flambée des prix et ramener leur hausse autour de 2 %… mais pas avant 2025.

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