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Cyberattaque, climat, pandémie : les entreprises confrontées à de nouveaux risques
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Cyberattaque, climat, pandémie : les entreprises confrontées à de nouveaux risques

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Cyber risque, risque climatique, risque pandémique… : les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activité font face aujourd’hui à des risques inédits dont l’impact financier peut être important et qui mettent au défi le modèle assurantiel français.

Depuis deux ans, de nouveaux risques menacent l’activité des entreprises. Les pandémies, mais aussi l’inflation, les cyberattaques ou le dérèglement climatique — Photo : H_Ko

Le métier de dirigeant d’entreprise a toujours été un métier à risque qui suppose de relever de nombreux défis tout au long du parcours. Aujourd’hui, de nouveaux risques menacent l’activité des entreprises, certains ont été renforcés par la pandémie de Covid, d’autres sont apparus avec la crise économique née de la crise sanitaire ou dans le contexte tragique de la guerre en Ukraine.

Une étude publiée le 22 juin 2022 par OpinionWay et QBE (assureur mondial spécialiste des entreprises et des professionnels) indique que les dirigeants de PME et d’ETI françaises sont plus que jamais soucieux de leur exposition aux risques. Alors qu’en octobre 2021, au sortir du Covid, 91 % d’entre eux se disaient confiants quant à leur avenir, aujourd’hui la quasi-totalité des répondants déclarent rencontrer au moins l’un des trois risques majeurs mesurés par cette étude : la hausse du prix des matières premières du fait du conflit russo-ukrainien, les difficultés liées au transport et à l’approvisionnement et le risque financier lié à la hausse du taux d’inflation.

Dans le même temps, 63 % des dirigeants interrogés identifient le risque cyber comme "prioritaire" et 62 % affirment avoir pris des mesures de prévention en renforçant ou modifiant leur dispositif de cybersécurité en lien avec le conflit russo-ukrainien.

Un environnement de plus en plus complexe

"Les PME et ETI sont de plus en plus vulnérables face à un environnement de plus en plus complexe. Les événements des deux dernières années ont montré que les entreprises doivent plus que jamais se montrer prêtes à affronter des situations à la fois soudaines et de grande ampleur", commente Delphine Leroy, directrice générale de QBE France.

D’autres risques dits "structurels" menacent également les entreprises, à commencer par le risque climatique. "Les événements climatiques sont de plus en plus forts et récurrents. Le climat a des incidences au-delà de nos frontières, entraînant des problématiques sur les approvisionnements avec des incapacités à être livrés, et donc avec des impacts sur les comptes d’exploitation des entreprises. Les dégâts causés suite aux averses de grêle sont très importants et ont souvent des impacts à plus de six mois. On parle encore assez peu des conséquences de la sécheresse sur les récoltes et les bâtiments, qui causent déjà également des problèmes. Ces risques devraient, au même titre que les inondations, monter en puissance", estime Frédéric Chaplain, directeur des risques d’entreprise au sein de Verlingue, courtier en assurances spécialisé dans la protection des entreprises.

Des coûts de plus en plus élevés

Le coût des sinistres dus à des catastrophes naturelles du fait du dérèglement climatique pourrait ainsi augmenter de 90 % en moyenne annuelle entre les périodes 1988-2014 et 2014-2039, passant de 1,9 milliard d’euros à̀ 3,5 milliards d’euros, selon un avis du Conseil économique, social et environnemental (Cese), publié en avril 2022.

Ces risques récents, plus imprévisibles, semblent également plus difficilement assurables pour les entreprises. Certains secteurs d’activité, comme le transport public de voyageur, la valorisation et le traitement des déchets, les filières bois et l’agroalimentaire rencontreraient ainsi d’ores et déjà des difficultés à trouver des porteurs de risques prêts à les assurer.

"L’offre assurantielle se fait extrêmement rare, quand elle existe ", commente Frédéric Chaplain. La crainte est d’ailleurs que les ressources des assureurs soient insuffisantes pour compenser les sinistres au regard des montants en jeu et de la hausse des risques.

Le Conseil économique, social et environnemental estime ainsi qu’un changement de paradigme est nécessaire, dans les politiques publiques et dans l’évolution des techniques assurantielles. Le Cese préconise de renforcer l’assurabilité sur trois axes : la connaissance des risques par l’amélioration de la prise de conscience et l’acculturation au risque, la prévention des risques pour réduire l’exposition, le partage dans l’indemnisation du risque. Ainsi "pour bénéficier d’une assurance cyber, les entreprises doivent démontrer préalablement qu’elles sont éligibles à la garantie et démontrer que leur système d’information dispose des protections suffisantes, souligne Frédéric Chaplain. Sinon l’entreprise risque de se retrouver sans assurance ou dans le meilleur des cas, d’obtenir une couverture réduite".

Cette quotité non garantie en cas de sinistre s’applique par exemple déjà sur le "ramsomware" (malware qui empêche les utilisateurs d’accéder à leur système ou à leurs fichiers personnels et exige le paiement d’une rançon en échange du rétablissement de l’accès). Pour ce risque il n’est désormais pas rare que l’entreprise soit couverte seulement à hauteur de 50 % du risque encouru par les assureurs.

Idem pour d’autres typologies de risques sensibles, comme les incendies pour la filière bois, où les entreprises doivent travailler sur leur sinistralité et limiter leur exposition. "Toute entreprise est en principe assurable, même si le contexte reste tendu pour certaines activités. Les assureurs tentent de limiter la portée des garanties, d’augmenter les franchises et les primes", constate Frédéric Chaplain. La meilleure des démarches consiste donc à faire une lecture à 360 degrés des risques encourus et à qualifier les besoins pour élaborer des contrats d’assurance sur-mesure afin d’assurer les éléments vitaux de l’entreprise.

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