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Croissance solide, mais tensions durables : à quoi s'attendre pour l'économie française en 2022 ?
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Croissance solide, mais tensions durables : à quoi s'attendre pour l'économie française en 2022 ?

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L’économie ne sera pas tout à fait revenue à la normale en 2022. Certes, la croissance et l’emploi devraient être au rendez-vous, estime l’Insee, dans sa dernière note de conjoncture. Mais la première moitié de l’année risque d’être encore marquée par les incertitudes du moment, entre rebond de l’épidémie, difficultés d’approvisionnement et envolée des prix.

En 2022, le redécollage de l’activité dans l’aéronautique, et l’ensemble du secteur des transports, risque d’être encore laborieux, prévient l’Insee — Photo : Aéroport Brest Bretagne

Que va bien pouvoir nous réserver l’année 2022 ? Si l’exercice prévisionnel n’a jamais été aussi compliqué qu’en ces temps de pandémie, l’Insee tente quand même de s’y prêter dans son ultime note de conjoncture de l’année. Après la catastrophe économique de 2020 (-7,9 % du PIB) et le rebond spectaculaire de 2021 (+6,7 % attendus), le temps semble venu d’un atterrissage en douceur de l’économie. Non sans quelques turbulences héritées du Covid-19.

La croissance sur un rythme de croisière, le Covid en embuscade

Premier enseignement, la croissance a visiblement trouvé son rythme de croisière. Le PIB devrait ainsi augmenter de 0,5 % au dernier trimestre 2021 et au deuxième 2022. Entre les deux, l’Insee prévoit une légère inflexion (+0,4 %). Le coupable de ce grain de sable est tout trouvé : "La résurgence de l’épidémie [de coronavirus] en Europe, susceptible de peser sur les comportements des agents économiques, même en l’absence de nouvelles restrictions". Résultat, la consommation des ménages ne devrait pas être complètement rétablie du Covid-19 avant le printemps 2022.

Pas de quoi enrayer pour autant le rétablissement général de l’activité économique : quasiment à l’équilibre depuis l’été dernier, le PIB dépassera son niveau d’avant-crise de 1,4 % à la fin juin. Mais tous les secteurs n’en profiteront pas, loin s’en faut. Ainsi, le retour à la normale ne sera toujours pas d’actualité, à la mi-2022, dans l’hébergement-restauration (encore à -6,9 % par rapport à fin 2019), faute de réelle reprise du tourisme. Pis, la situation devrait rester désespérément stable dans l’industrie des transports (-27,3 %) et se dégrader dans la construction (-3,9 %).

Difficultés d’approvisionnement et hausses de prix parties pour durer

Les problèmes d’approvisionnement ne seront pas étrangers à ces difficultés. Or, ils "ne se [dissiperont] que lentement", prévient l’Insee. Avec, par répercussions, un net ralentissement de l’investissement (+1,6 % au premier semestre, après +12,1 % en 2021).

Pour ne rien arranger, ces pénuries iront à nouveau de pair avec une solide inflation, attendue "au-dessus de 2,6 % sur un an"… à condition que l’envolée actuelle des cours se stabilise. Les prix de l’énergie, eux, n’ont pas fini de grimper, même si le rythme devrait ralentir (+11,8 % sur un an en juin 2022, contre +21,6 % relevés en novembre). Autre facteur à prendre en compte : la flambée des matières premières industrielles et agricoles de ces derniers mois va commencer à se répercuter sur les prix à la consommation des produits manufacturés et alimentaires.

L’embellie de l’emploi confirmée… sauf dans l’industrie

Malgré ces quelques ombres au tableau, l’emploi devrait rester bien orienté. Calquées sur l’évolution de l’activité, les créations de postes salariés devraient osciller entre +35 000 (en début d’année) et +45 000 (au quatrième trimestre 2021 et au deuxième 2022). Le taux de chômage devrait, dans le même temps, refluer à 7,6 % (-0,5 point par rapport à cet été).

Là encore, ces chiffres cachent des disparités manifestes entre secteurs. Deux resteraient, en particulier, malades : l’agriculture (3 000 emplois salariés perdus depuis le début de la crise sanitaire) et, surtout, l’industrie (-33 000 à fin juin 2022), malgré le récent frémissement à la hausse des relocalisations.

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