CPME : "Si rien n’est fait sur le prix de l’énergie, nous irons droit vers une crise systémique majeure"
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François Asselin président de la Confédération des petites et moyennes entreprises "Si rien n’est fait sur le prix de l’énergie, nous irons droit vers une crise systémique majeure"

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Les TPE et les PME traversent une période difficile avec la flambée des prix du gaz et de l’électricité. En déplacement à Nantes, François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, tire la sonnette d’alarme auprès du gouvernement. Sans aide pour les PME, une crise majeure pourrait plonger notre économie dans un gouffre.

François Asselin, président de la CPME nationale — Photo : David Pouilloux

Vous êtes en déplacement à Nantes pour voir vos équipes. Quel est le sujet le plus important pour la CPME aujourd’hui ?

Le sujet brûlant, c’est évidemment l’énergie. Si pour les Français, il a été mis en place un bouclier tarifaire qui bloquera la hausse des factures à + 15 %, le problème, c’est que pour les entreprises, aujourd’hui, rien n’est prévu. Actuellement, environ 150 000 entreprises sont en cours de renouvellement de leur contrat d’électricité, au 1er janvier 2023. Les offres tarifaires qui sont proposées aujourd’hui aboutissent à des multiplications par 4, 8, 15 voire 20 du montant. Chaque semaine, nous avons plus de 100 alertes de la part d’entreprises. J’ai eu au téléphone un entrepreneur qui m’a dit que sa facture d’électricité allait passer de 68 000 à 295 000 euros, alors que son résultat est de 28 000 euros. Il n’a pas la trésorerie pour suivre. Ce n’est pas un cas isolé.

Quels sont les secteurs touchés ?

Cela touche tous les secteurs et tous les types d’entreprises. Pour les entreprises de moins de dix salariés et qui font moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires, le bouclier tarifaire va fonctionner. Environ 1,5 million d’entreprises sont concernées et ce n’est pas rien. Mais ce bouclier concerne l’électricité et pas le gaz. Beaucoup de boulangeries ont des projets de fermeture. J’ai alerté tout de suite Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, sur cette situation. Pour le reste, les autres entreprises, c’est le prix du marché. On ne peut pas tordre le bras d’EDF ou de Total Énergies. Nous sommes dans une situation très inconfortable, très anxiogène. Si rien n’est fait sur le prix de l’énergie, nous irons droit vers une crise systémique majeure en matière d’économie.

Que demandez-vous au gouvernement ?

D’abord que le prix de l’électricité soit décorrélé de celui du gaz. La France négocie au niveau européen, sans succès pour l’instant. Les Allemands taillent la route en solo, avec un plan de soutien de 200 milliards d’euros, pour avoir des coûts de production contenus. C’est un très mauvais signal pour l’ensemble de l’Europe. La partie qui se joue est très délicate, nous en avons conscience. La France vit avec une dette colossale depuis 1974, et lorsqu’elle traverse une période de crise, comme celle d’aujourd’hui, elle se retrouve fragile. La France n’a pas les marges de manœuvre de l’Allemagne. Il faut donc trouver un accord au niveau européen. En attendant, la France devrait annoncer des mesures pour soutenir nos PME. Il ne faudra pas arroser tout le monde, mais cibler les entreprises qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire celles qui seraient condamnées sans cette mesure. Il faut réagir vite, car le gouffre est devant nous.

Un autre sujet vous intéresse beaucoup, la réforme des retraites. Dans le contexte actuel, quelle est votre position ?

Nous sommes pour un âge de départ à la retraite à 65 ans, mais on ne peut pas exclure du champ de la durée les métiers qui physiquement sont plus exposés que d’autres. La notion de pénibilité doit être prise en compte pour permettre à des personnes de partir de manière anticipée. Nous sommes également pour que les régimes de retraites du secteur public soient comparables à celui du secteur marchand. Il faut un calendrier pour amortir la différence, bien entendu. L’autre élément, c’est que le minimum contributif soit réévalué par rapport au minimum retraite. C’est une façon de récompenser celles et ceux qui ont eu une carrière complète. Sans cela, il n’y aura pas d’atterrissage financier qui permettra de rééquilibrer les comptes de notre pays.

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