Coronavirus : les tiers-lieux craignent pour leur survie
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Coronavirus : les tiers-lieux craignent pour leur survie

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Ils commençaient à peine à essaimer et se structurer partout en France. Les tiers-lieux s’inquiètent des conséquences de la crise du coronavirus sur leur avenir, selon une enquête de leur association nationale. D’autant plus que ces espaces de travail originaux (coworking, fablabs, etc.) semblent être oubliés par les mesures de sauvetage de l’économie, voire ignorés par leurs partenaires habituels.

80 % des espaces de travail partagés et collaboratifs, dits des tiers-lieux, affirment se sentir en danger, à court ou moyen terme, en raison de la crise du coronavirus, selon une enquête de France Tiers-Lieux — Photo : helena-lopes-unsplash

Les tiers-lieux seraient-ils en passe de faire les frais de la crise du coronavirus ? Moins d’un an après le lancement d’un programme de soutien de l’État doté de 45 millions d’euros, le mouvement, regroupant des espaces de travail partagés et collaboratifs (de type coworking, fablabs, etc.), commençait à peine à se structurer et à essaimer dans l’Hexagone. Las, l’épidémie de Covid-19 semble avoir porté un coup d’arrêt à ses acteurs, d’après une enquête lancée par leur association nationale France Tiers-Lieux.

Des tiers-lieux en danger, faute d’argent

Premier constat, l’avenir inquiète grandement le secteur : 80 % des 226 répondants se sentent « mis en danger à court ou moyen terme » par les conséquences de la crise sanitaire. Plus de 50 % s’attendent à supprimer des emplois. Et pour cause : au total, France Tiers-Lieux a calculé que l’ensemble des 1 800 acteurs recensés en 2018 perdront plus de 111 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020.

En attendant, le nœud du problème semble assez clair : ces structures manquent d’argent pour passer le cap. La moitié estime ainsi ne pouvoir compter que sur deux mois de trésorerie pour traverser cette période de fortes turbulences. Pis, dans un secteur, en partie dépendant des subventions publiques, ils sont aussi nombreux à avoir affronté la crise, alors qu’ils avaient des demandes de financement encore en cours d’instruction.

Pour autant, l’irruption du Covid-19 a visiblement peu mobilisé leurs habituels soutiens : « A l’heure de la réponse […] au sondage, plus de 60 % des tiers-lieux n’avaient reçu aucune proposition de solution de leurs financeurs publics comme privés », se désole l’étude.

Un secteur oublié par les aides publiques

C’est que les tiers-lieux semblent être restés dans l’angle mort des mesures mises en place pour sauver l’économie. Plus de la moitié disent rencontrer des difficultés dans leur « accès aux banques » ou leur mobilisation des aides gouvernementales. L’étude considère ainsi que les prêts garantis par l’État et le fonds de solidarité sont sous-utilisés par le secteur.

Les tiers-lieux ont également maille à partir avec leurs bailleurs : 50 % se seraient vu opposer une fin de non-recevoir quant à la renégociation de leur loyer.

Un rebond grâce au télétravail ?

Tout n’est pourtant pas perdu pour ces nouveaux lieux de collaboration. Le déploiement massif du télétravail pendant le confinement, et sa persistance au-delà, pourraient notamment constituer une véritable planche de salut pour les espaces de coworking.

C’est en tout cas l’espoir des dirigeants de structures de cotravail basées dans les Hauts-de-France. Un pari que fait également Édouard Laubies, dirigeant de la chaîne normande Now Coworking : « Avec le confinement, beaucoup d’entreprises et de salariés ont découvert que le télétravail était parfaitement envisageable, et le coworking en est le parfait corollaire », selon lui. Une tendance qui semblait, de fait, déjà se dessiner en Sarthe, une semaine seulement après le début du déconfinement.

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