Coronavirus : « Les experts-comptables ont un rôle à jouer dans le moment crucial du déconfinement »
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Jean-Luc Hébert associé du cabinet d'expertise comptable Héléos Coronavirus : « Les experts-comptables ont un rôle à jouer dans le moment crucial du déconfinement »

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À l’heure où la France commence son déconfinement progressif, les cartes sont rebattues, les marchés réétudiés, les cessions-reprises gelées. En première ligne, les entreprises et les experts-comptables, particulièrement sollicités sur les questions financières. Jean-Luc Hébert, expert-comptable et commissaire aux comptes associé du cabinet Héléos (80 collaborateurs, 8 M€ de CA en 2019), présent à Rennes, Vannes et Pontivy.

— Photo : © Héléos

Le déconfinement de la France est acté. Comment vos clients réagissent-ils ?

Jean-Luc Hébert : Nous les avons accompagnés pendant toute la crise, sur des demandes de prêts garantis par l'État (PGE), de chômage partiel pour leurs salariés, des négociations avec leurs bailleurs, etc. Tout va se jouer maintenant. Nous arrivons à un moment crucial, où il faut relancer l’activité. Tout le monde est dans le noir. Les chefs d’entreprise se posent tous les mêmes questions : « Comment la population va-t-elle réagir ? Mes clients vont-ils revenir rapidement en magasin ? Les entreprises vont-elles fonctionner avec moins de salariés ? etc. » Tous ces paramètres sont importants pour savoir à quel moment on va regagner de l’argent ! En mai et juin, la plupart des entreprises ne seront pas à leur chiffre d’affaires maximal. Notre rôle, en tant que cabinet d’expertise comptable, est de les aider à calculer à quel moment elles vont revenir à l’équilibre. C’est compliqué de penser que ce sera le cas avant au moins fin septembre… L’objectif de tous nos clients est de retrouver un chiffre d’affaires correct en octobre, qu’au moins il ne soit pas moins bien que d’habitude.

Vous accompagnez également vos clients dans des cessions ou des reprises d’entreprises. Qu’en est-il de ce type d’opérations actuellement ?

Jean-Luc Hébert : Tout est gelé pour l’instant, coté acheteur et côté vendeur. Le confinement va avoir généré des pertes dans les entreprises. Résultat, le vendeur veut attendre un peu plus pour vendre, car il pense que s’il vend maintenant, il vendra moins cher ; et l’acheteur veut aussi attendre car il a bien souvent sa propre entreprise à gérer et s’y consacre entièrement avant de penser à en reprendre une autre ! Les opérations sont donc reportées et parfois renégociées. Car inéluctablement, la valorisation va baisser, les pertes impactant les prix de cessions. Même si un accord avait été trouvé avant la crise. Le prix fixé tient toujours compte d’une variation sur les fonds propres, donc le premier semestre 2020 aura un impact négatif… Par ailleurs, les capacités à emprunter vont être revues. Ce qui est certain, c’est qu’il y aura moins d’opérations de reprise dans les prochains mois.

Comment votre cabinet, Héléos, a-t-il traversé le confinement ?

Jean-Luc Hébert : L’activité a été extrêmement significative de notre côté, avec un surcroît de travail. L’essentiel de nos équipes était en télétravail. Nous avons essayé de joindre nos 1 000 clients (80 % sont des entreprises de 5 à 50 salariés) dès le début du confinement, ne serait-ce que pour leur assurer de notre soutien psychologique, même si ce n’est pas notre mission première ! Nous avons mis en place du chômage partiel pour 70 % de nos clients, et réalisé des dossiers de PGE dans les mêmes proportions. En parallèle, nous avons mobilisé deux salariés à temps plein sur la lecture de toutes les données nouvelles autour de la gestion sociale de la crise (mesures fiscales, règlements…). Notre objectif était de répondre rapidement à leurs préoccupations, et de sauver un maximum de clients.

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