Coronavirus : les entreprises françaises continuent à exporter tant bien que mal
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Coronavirus : les entreprises françaises continuent à exporter tant bien que mal

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Comment exporter au temps du coronavirus ? La Team France Export a pris la température des entreprises françaises engagées à l'international. Conclusion : plus de la moitié a maintenu ses activités. Mais les obstacles sont encore plus nombreux à surmonter que d'habitude.

Photo : StockSnap - Pixabay CC0

Qu’il semble loin le temps où l’épidémie de coronavirus ne sévissait qu’en Chine. À l’époque, ses conséquences économiques pour la France tenaient de la gêne passagère - un impondérable surtout incommodant pour les entreprises en lien avec l’Empire du Milieu, mais un soubresaut à peine perceptible pour l’économie nationale : l’effet du confinement décidé à Pékin ne devait pas coûter plus de 0,1 à 0,2 point de PIB à Paris.

Deux mois plus tard, la face du monde a changé. Le Covid-19 est devenu pandémique et touche les principaux partenaires de la France. Résultat, le commerce mondial devrait s’effondrer de 13 % à 32 %, selon l’OMC, et le PIB français plonger de 8 %, d’après les dernières prévisions du gouvernement.

Exporter pendant la pandémie : stop ou encore ?

Dans ce contexte nouveau de fermetures des frontières, confinement des populations et ralentissement des activités, les entreprises françaises n’ont pas tout à fait renoncé à l’international. Bien au contraire, puisque, malgré les circonstances et les difficultés, elles sont encore 55 % à maintenir leurs activités à l’export, « même en mode dégradé », note la Team France Export (regroupant Business France, CCI et Bpifrance) dans une première version de son baromètre de l’activité internationale au temps du Covid-19. Une proportion qui monte même encore plus haut en Nouvelle-Aquitaine (67 %), Région Sud et Pays de la Loire (62 % chacun).

Cette étude préliminaire, réalisée auprès de 2 192 entreprises, entre le 30 mars et le 10 avril, s’intéresse plus particulièrement aux obstacles, auxquels ces exportateurs font face… Des difficultés qui ont déjà poussé 45 % d’entre eux à arrêter les frais du commerce à l’étranger, devenu un casse-tête à gérer.

L’incertitude, principal motif d’abandon de l’export

Principal motif pour justifier l’interruption des exportations, le manque de visibilité sur l’avenir et d’information en temps réel sur la situation internationale. Il est cité dans 37 % des cas. Le baromètre donne, pêle-mêle, comme exemples de sujets entourés d’incertitudes, tout ce qui a trait aux déplacements, à la production, aux ressources humaines ou aux décisions prises par chaque pays pour faire face à la crise.

Des questions plus opérationnelles ont aussi contribué à l’abandon momentané de l’export. Dans 21 % des cas, l’entreprise a jeté l’éponge à cause de problèmes logistiques, qu’ils surviennent à l’achat (approvisionnement à l’import) ou à la vente (expédition de commandes à l’export).

Mais la crise du coronavirus a pour particularité d’avoir provoqué un choc de la demande, autant que de l’offre : 19 % des entreprises ayant cessé leurs activités à l’étranger s’y sont donc résolues pour cause de commandes en berne. Quasiment autant (18 %) ont arrêté en raison de difficultés financières.

La logistique plombe les exportateurs assidus

Du côté des 55 % d’entreprises qui maintiennent, coûte que coûte, leurs engagements internationaux, les obstacles à surmonter sont peu ou prou les mêmes. Si le manque de visibilité pèse aussi sur elles (pour 29 %), c’est toutefois la logistique qui arrive en tête de leurs préoccupations (pour 30 %).

D’après la Team France Export, ces entreprises sont « plus aguerries et en contact avec des interlocuteurs locaux », mais elles n’en butent pas moins sur deux écueils : trouver des créneaux d’expédition et digérer les hausses de tarifs. Les personnes interrogées évoquent ainsi des envolées de prix de l’ordre de 20 à 30 %. Des soucis que connaît très bien Arnaud Lefort, à la tête d’Indelec, à Douai : l’export continue d’offrir de précieux débouchés à ce fabricant de paratonnerre, malgré les tarifs du fret aérien « parfois multipliés par dix » !

Autres difficultés mentionnées dans le baromètre de la Team France Export : la baisse des ventes (dans 20 % des cas) et les problèmes d’ordre financier (16 %).

Peu d’inquiétudes contractuelles et douanières

Les questions d’argent passeraient donc presque au second plan pour toutes les entreprises, qu’elles aient arrêté ou maintenu leurs activités à l’international. C’est pourtant sur des sujets de financement et d’assurance-crédit que l’État a porté l’essentiel de ses efforts jusqu’à présent.

La Team France Export a toutefois complété ces mesures par un renforcement de son information aux entreprises, à base de conférences en ligne et d’une carte sur la situation pays par pays. Une manière de dissiper un peu le flou dont se plaignent la plupart des exportateurs. Lesquels ne semblent pas souffrir, en revanche, de problèmes particuliers avec leurs contrats ou les douanes : ces deux sujets sont cités respectivement par 3 % et 2 % des entreprises, quelle que soit leur position actuelle vis-à-vis de l’export.

Quelle empreinte laissera l’épidémie sur le dynamisme de ces acteurs nationaux du commerce international ? La Team France Export promet de mettre à jour ses données dans les prochaines semaines. Difficile, en attendant, de savoir comment la situation pourrait évoluer : entre début du déconfinement en Europe, aggravation de l’épidémie aux États-Unis et crainte de deuxième vague en Asie, le manque de visibilité et l’incertitude semblent bien partis pour peser encore plusieurs mois sur les exportateurs français.

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