À l’image de la dinde aux marrons, la fête de fin d’année dans l’entreprise serait-elle une tradition en voie de disparition ? C’est ce que l’on pourrait penser à la lecture de l’enquête réalisée en 2015 par la Society for Human Ressource Management. Selon celle-ci, seules 65% des entreprises organiseraient une fête dans leurs locaux pour marquer la fin de l’année, alors qu’elles étaient 83% à sacrifier à ce rituel en 1998. Certes, la crise économique est passée par là. En 2009, année où la célébration de Noël en entreprise a atteint son point le plus bas, 19% des employeurs invoquaient la nécessité de faire des économies. Ils n’étaient plus que 6% en 2015, tandis que 20% ne donnaient pas d’explication particulière pour renoncer à cet événement. Cependant si deux entreprises sur trois restent fidèles à la tradition, c’est que l’organisation d’une telle fête présente des bénéfices en termes de ressources humaines.
Contribuer à la qualité de vie au travail
« Organiser une fête de fin d’année a un vrai intérêt pour les TPE et PME qui, souvent, ne disposent pas d’un gros budget. Pour ces structures, cet évènement convivial peut constituer la première brique de la qualité au travail », avance Sabine Verner, dirigeante de SMV Conseil RH. Une qualité de vie au travail qui est un vrai atout pour fidéliser les salariés, attirer de nouveaux profils et travailler la marque de l’entreprise dans la mesure où ses collaborateurs en sont les premiers ambassadeurs. « Pendant cette période hivernale, cela fait du bien de prendre du temps pour se retrouver. C’est chaleureux, fédérateur. Quasiment tous les salariés sont présents et apprécient ce moment. C’est la seule fois de l’année où les conjoints et les enfants sont conviés », raconte Céline Talineau, responsable marketing et commerciale du Zoo de La Flèche (100 salariés, 14 M€ de CA) dans la Sarthe, qui organise, depuis quatre ans, un dîner de Noël autour d’un sapin de quatre mètres de haut, avec distribution de cadeaux aux grands et aux petits par le Père Noël.
Créer de la cohésion
« Pour que les gens travaillent bien ensemble, il faut qu’ils se connaissent et qu’ils aient confiance les uns dans les autres. Leur donner l’occasion de réaliser quelque chose ensemble, leur faire partager un moment de plaisir participe de cette nécessaire cohésion », explique Frédérique Ichac, fondatrice de Musa Decima, cabinet de conseil en RH et management s’appuyant sur une démarche artistique. À l’occasion d’une fête de Noël, les salariés d’une entreprise ont ainsi été invités à réaliser des objets décoratifs à suspendre dans le sapin et contenant des messages ou des vœux. Frédérique Ichac précise toutefois : « La cohésion d’équipe ne se construit pas en quelques heures. C’est une étincelle à entretenir toute l’année. » La fête de fin d’année est l’occasion de valoriser les salariés, de les remercier, de les motiver et de faire passer des messages au travers du discours du dirigeant qui doit être « bref, dynamique et motivant », selon Sabine Verner. « Je fais un discours qui se veut festif. Je ne parle surtout pas de chiffres. On est là pour s’amuser, pas pour le boulot », indique Pierre Peigné, dirigeant de la Ciergerie Desfossés (90 salariés, 10 M€ de CA), qui organise pour la fin de l’année un dîner à thème réunissant une année tous les collaborateurs, une autre seulement les équipes de production.
Attention à l’alcool et à la crèche
Pour que l’évènement atteigne ces objectifs, certaines précautions sont cependant à prendre. L’esprit de la fête de fin d’année doit ainsi être cohérent avec le contexte économique (pas de fête fastueuse dans une entreprise en difficulté) et la culture de l’entreprise. « Chaque fin d’année, nous organisons un dîner et un jeu. Cela s’inscrit dans notre politique RH qui pousse à la collaboration et à la solidarité entre les équipes. Comme nous sommes une start-up, nous misons plutôt sur une animation innovante, un « escape game » cette année. Comme le management participatif est pour moi une évidence, j’implique des collaborateurs dans l’organisation », confie Cédric Williamson, dirigeant de Kiwatch, une société (20 salariés, 2 M€ de CA) qui propose des solutions de télésurveillance par le biais de caméras connectées. Attention aussi à la consommation d’alcool, pour des raisons légales (responsabilité de l’entreprise), mais aussi pour gérer les risques d’image. En off, les témoignages abondent sur des soirées de fin d’année trop arrosées ayant dégénéré. Enfin, mieux vaut être vigilant sur l’aspect culturel. Il est ainsi préférable d’opter pour le sapin plutôt que la crèche, trop connotée religieusement.
