Comment bien accueillir un apprenti
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Comment bien accueillir un apprenti

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Un apprenti sur trois en France abandonne sa formation en cours de route. La notion de projet à porter est sans doute la condition sine qua non pour que l’intégration ne tourne pas court.

Dans tout contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, il faut désigner un tuteur, chargé d’accueillir l’apprenant et être son référent tout au long de son passage dans l’entreprise. — Photo : Phovoir

« Si l’on prend un apprenti, c’est que l’on a de la matière, un projet… On ne le fait pas pour faire plaisir à quelqu’un ou pour être dans l’air du temps. Au mois d’octobre, nous avons ainsi pris un apprenti par ce que nous avions un projet digital précis sur deux ans avec des objectifs », expose Pascal Tardy, dirigeant de Sicam, une PME spécialisée dans la distribution de climatisations.

Cette notion de projet à porter, c’est sans doute la condition sine qua non pour que l’intégration d’un apprenti ne tourne pas court. Il ne faut pas oublier qu’un apprenti sur trois en France abandonne sa formation en cours de route. « Il n’y a rien de pire qu’un apprenti qui arrive en entreprise et à qui on n’explique pas ce qu’il va faire. C’est extrêmement déstabilisant, mais c’est encore trop souvent le cas », constate Bénédicte Noiré, chargée d’orientation au sein du CFPJ, un centre de formation spécialisé dans les médias et la communication du groupe Abilways.

Fixer une feuille de route

« Il faut d’emblée déterminer avec lui une feuille de route de ses missions et de sa montée en compétences avec des objectifs précis. Et surtout fixer des points d’étapes pour faire le point avec lui et ses professeurs », préconise pour sa part Georges Dubesset, dirigeant de la société de plâtrerie-peinture Canel et président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Loire.

À son arrivée, la première des choses est de bien lui faire saisir le fonctionnement de l’entreprise, ses rouages et ce vers quoi elle tend. « C’est important que l’apprenti comprenne où va l’entreprise, ce qu’elle fait et pourquoi elle le fait. C’est ce qui va donner du sens aux missions qui lui seront confiées », explique Bénédicte Noiré.

Bien l’immerger dans l’entreprise

Dans la majorité des cas, cette présentation prend la forme d’une visite guidée dans l’entreprise. Il peut parfois être intéressant de prolonger l’expérience par une véritable immersion. C’est ce que le dirigeant de Sicam a décidé de faire avec son nouvel apprenti. « Pour être efficace, il faut bien comprendre les choses et donc mettre les mains dans toutes les mécaniques de l’entreprise : le commercial, l’administration des ventes, la technique, la préparation de commandes, la gestion… Pour l’instant, il est en phase d’immersion. Il a touché à la préparation de commandes ; il a rencontré deux de nos prestataires ; il est venu avec nous sur des salons pour voir l’aspect commercial… Ce n’est que dans les prochaines semaines que l’on passera au concret avec lui », détaille Pascal Tardy.

Cette période d’immersion n’est pas toujours possible, « mais si on peut le faire, c’est le Graal pour l’apprenant. Dans un monde où l’on demande de plus en plus de polyvalence, c’est bien de voir tous les secteurs et métiers de l’entreprise », estime Bénédicte Noiré.

Choisir le bon tuteur

Dans tout contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, il faut désigner un tuteur. « Les entreprises ne sont pas assez vigilantes sur ce rôle. Le tuteur doit accueillir l’apprenant et être son référent tout au long de son passage dans l’entreprise. Il faut donc choisir le bon tuteur », explique Bénédicte Noiré, chargée d’orientation au CFPJ.

À l’écoute de l’apprenant, le tuteur doit s’assurer de la bonne corrélation entre les missions qu’il va confier à son apprenti et les compétences recherchées dans le cadre du diplôme préparé. Il devra aussi préparer en amont une fiche de poste et « ne pas oublier qu’un apprenti n’est pas un salarié, qu’il est là pour apprendre », rappelle Georges Dubesset. Point important, le tuteur doit disposer d’au moins trois ans d’ancienneté dans l’activité professionnelle concernée et posséder un diplôme correspondant au métier préparé par l’apprenti.

L'intégrer parmi les collaborateurs

Pour faciliter son intégration, le chef d’entreprise a aussi intérêt à prévenir ses équipes de l’arrivée de l’apprenti. « Il n’y a rien de plus déstabilisant pour un jeune que de découvrir que personne n’est au courant de sa venue. Et puis le premier jour, le tuteur doit faire le tour des équipes avec lui », expose Georges Dubesset. « On peut éventuellement prévoir un pot d’accueil ou un déjeuner pour lui présenter ses nouveaux collègues. Cela met tout de suite le jeune dans l’ambiance », préconise de son côté Bénédicte Noiré.

Et Georges Dubesset d’ajouter : « L’accueil est primordial, c’est ce qui va déterminer toute son intégration dans l’entreprise et ce qui risque aussi de déterminer sa carrière professionnelle. Si les premiers jours se passent bien, le jeune aura envie de rester de l’entreprise et d’y grandir ».

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