CCI : Pourquoi les patrons boudent l'élection
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CCI : Pourquoi les patrons boudent l'élection

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Seuls 12,43 % des chefs d'entreprise ont voté il y a quelques semaines pour les élections dans les chambres de commerce et d'industrie (CCI). En Alsace, le taux est de 9,9 %. Une mobilisation qui faiblit de scrutin en scrutin, pour différentes raisons. Décryptage.

Il y a eu deux fois moins de participation lors des élections dans les CCI en 2016 qu'en 2004 — Photo : Arnaud Jaegers/Unsplash

On a pu le constater lors de la primaire de la droite et du centre : en 2016, une élection peut encore mobiliser les foules en France. Mais certainement pas celles qui se sont déroulé du 20 octobre au 2 novembre dans les quelque 150 CCI de France métropolitaine et d'outre-mer. Au niveau national, seuls 12,43 % des dirigeants ont voté aux élections consulaires, soit 320.000 entreprises des secteurs du commerce, de l'industrie et des services sur 2,9 millions inscrites au total. C'est deux fois moins qu'en 2004 (26 % de participation), et un peu moins que lors du dernier scrutin en 2010 (17 %). Alors manque d'enjeu d'élections en grande majorité composées de listes uniques ? Manque d'intérêt des chefs d'entreprise pour l'activité des CCI ? Mauvaise organisation avec une période de vote tombant pendant les vacances de la Toussaint ? Les raisons de la désaffection sont nombreuses.

En Alsace, le taux de particpation est de 9,9 %. Un score bien inférieur aux précédentes élections qui avaient enregistré des taux dépassant les 20 %. Pour Christophe Weber, responsable communication régionale à la CCI de région Alsace, « le scrutin cette année a été mené à l'échelle régionale alsacienne en prévision de la fusion des trois CCI territoriales en janvier prochain. Auparavant, les électeurs avaient peut-être davantage un sentiment de proximité qui a pu manquer cette année ».

« Une administration lourde aux missions mystérieuses »

Une démonstration que prend également à son compte Paul Arker, président sortant de la CCI régionale Lorraine : « Avec la baisse continuelle des budgets, nous n'avons pas beaucoup de moyens pour réaliser nos propres campagnes au niveau local ou régional. Les taux de participation à ces élections sont très décevants par rapport aux enjeux mais beaucoup de chefs d'entreprise connaissent mal les services que nous pouvons leur offrir ». Pour un dirigeant de PME nantaise de 40 salariés, « la question est réellement " à quoi sert une CCI ? ". Certains dirigeants n'y voient qu'une administration lourde, difficile à faire évoluer et dont les missions sont mystérieuses. Pour d'autres, je pense à des entreprises du secteur de la formation, la CCI est perçue comme un concurrent », tranche-t-il.

Seul un tiers des dirigeants juge les CCI utiles

De l'aveu même d'André Marcon, président de CCI France, qui gère le réseau hexagonal de ces établissements publics, « le fait qu'il y ait 80 % de listes uniques n'aide pas à susciter des débats, des enjeux de pouvoir ou de compétition. Nous ne prônons pas les clivages et nous tenons à ce mode de scrutin plurinominal où tout le monde peut se présenter, ce n'est pas étonnant que la participation soit faible ». Un argument que vient pourtant contrer l'exemple de la CCI Marseille Provence : un affrontement musclé de trois listes - une soutenue par le Medef, l'autre par la CGPME, la troisième par un réseau des TPE - qui a fait couler beaucoup d'encre mais n'a pourtant mobilisé que 15,4 % des chefs d'entreprise locaux, soit à peine plus que la moyenne nationale. « Les dirigeants qui n'ont jamais poussé la porte d'une CCI peuvent en effet s'interroger sur son utilité. Mais je peux vous assurer que ceux qui ont bénéficié de nos services ne se posent pas cette question, argue pourtant le Lorrain Paul Arker. Selon moi, il y a probablement une corrélation entre les entreprises qui font la démarche de voter aux élections et celles qui ont déjà été aidées par les CCI ».

Une étude de l'Ifop et Fiducial publiée au printemps 2015 est sans appel : seuls un tiers des dirigeants non-artisans de TPE (0 à 19 salariés) juge utiles les services proposés par leur CCI et 26 % y ont fait appel au cours des deux dernières années. Parmi ceux-ci, presque 80 % s'avéraient satisfaits des services proposés. C'est tout le paradoxe de ces élections : les entreprises pourraient profiter plus largement des CCI et de leurs compétences en termes de formation professionnelle, d'aides à l'exportation et à l'innovation, de conseils pour la création ou la cession de société... Car, qu'elles le sachent ou pas, elles contribuent chaque année à leur financement.

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