À peine reconduit le 8 février dernier à la direction générale de Bpifrance, Nicolas Dufourcq a présenté jeudi 16 février au matin, le bilan de l’activité de la banque publique d’investissement en 2022. Un bilan tout entier résumé par les mots croissance et engagement.
Le dirigeant qui rempile pour cinq à la tête de l’établissement financier, poste qu’il occupe depuis la création de la banque en 2013, place son mandat sous le signe d’un triple engagement : "décarboner le tissu productif ", "réindustrialiser" la France et "redresser le commerce extérieur".
Une stratégie déjà déclinée en 2022 au travers des différents champs d’action d’une institution financière "performante" et "d’intérêt général", tout entière centrée sur le développement des entreprises, souligne Nicolas Dufourcq qui insiste sur la double vocation de Bpifrance, d’être à la fois la banque de l’innovation et celle de l’industrie. Une banque qui a injecté quelque 67 milliards d’euros dans le financement de l’économie française l’an passé, dégageant un résultat net de 1,5 milliard d’euros (contre 2,2 milliards en 2021), provenant pour l’essentiel des portefeuilles de Bpifrance Participations (1,3 Md€).
Au travers de ses huit métiers - financement, garantie, financement de l’innovation, investissement direct et investissement en fonds de fonds, international, accompagnement et création –, la banque qui ne pèse en moyenne que 10 à 20 % en termes de parts de marché sur chacune de ses activités, dispose d’un énorme effet de levier sur l’économie française. "Avec cela, on bouge tout le monde", se félicite Nicolas Dufourcq.
Un financement pour 7 500 entreprises
Un effet de levier qui se traduit par des chiffres, au premier rang desquels la croissance marquée (+11 %) du financement moyen et long terme de 7 500 entreprises, PME et ETI, dotées de 9 milliards d’euros de crédits. Des aides déployées au travers du plan Climat qui vise à accompagner la décarbonation des entreprises : 6 milliards d’euros fléchés en faveur de la transition écologique et énergétique des entreprises, dont 1,1 milliard d’euros de prêts verts visant à financer la transition de 980 entreprises en 2022 et 1,2 milliard de crédits pour financer 120 projets énergie renouvelable.
Dynamique également du financement court terme (+15 %) à 8 milliards d’euros, des crédits garantis (+15 %) et surtout du financement de l’innovation à 4,5 milliards d’euros. Une action menée avec différents outils : déploiement du Plan France 2030, du Plan deeptech, lancement du Plan start-up et PME industrielles. Au total ce sont 6 450 entreprises qui ont ainsi bénéficié d’un soutien de Bpifrance, sous forme de subventions, d’aides à la R & D, de prêts…
Nicolas Dufourcq réaffirme à cet égard l’ambition de la banque publique de voir émerger 500 start-up deeptech par an en France, premier échelon d’une véritable renaissance industrielle avec à la clef la construction de 100 usines chaque année. Car lorsqu’on a inventé un produit, ensuite il faut le fabriquer et si possible en France martèle le banquier qui mise pour cela notamment sur le nouveau Fonds national de Venture industriel (FNVI) qui va financer les fonds privés qui eux-mêmes investiront dans les start-up industrielles.
Enfin, Bpifrance intervient dans l’économie française avec son activité d’investissement en fonds propres direct (Capital innovation, Capital développement dans les PME, les ETI et les grands groupes) et d’investissement en fonds de fonds. Au total, en 2022, l’activité d’investissement en fonds propres a progressé de 11 % avec plus de 4,8 milliards d’euros déployés dont 726 millions pour le capital-innovation et 2,5 milliards pour le capital-développement tandis que le métier de fonds de fonds a injecté plus de 1,6 milliard d’euros dans 87 fonds d’investissement privés.
Côté cessions, la banque publique a établi un nouveau record à 2,3 milliards d’euros (+6 % par rapport à 2021) sur toutes les composantes du capital-développement (Small, Mid et Large cap).
Relancer l’export
Seule ombre au tableau, le financement des entreprises françaises à l’international. Certes, Bpifrance a enregistré en 2022 une hausse de 58 % de son activité export à 32 milliards d’euros, principalement en assurance crédit de gros contrats militaires, mais le dynamisme des entreprises françaises hors de nos frontières est très insuffisant. Nicolas Dufourcq en veut pour preuve le déficit record du commerce extérieur français en 2022 (164 Md€ sur les biens, ramené à 53 milliards d’euros une fois pris en compte la balance des revenus et celle des services, excédentaires).
Avec 80 % de parts de marché sur le crédit export des PME (111 M€ en 2022, plus de 300 M€ attendus cette année et un objectif de 500 M€ annuels), Bpifrance est légitime pour enfoncer le clou de l’insuffisance hexagonale à l’export. "En Chine, les Allemands sont partout et les Français ne sont pas là, regrette Nicolas Dufourcq. Il y a un énorme sujet culturel qui fait partie de la feuille de route de Bpifrance et nous serons amenés à faire des propositions pour remettre les PME et ETI françaises sur le chemin de l’international."
