«Ce qui nous anime, c’est de valoriser les espaces libres de stockage pour permettre aux gens de stocker à moindre coût près de chez eux. Certes, notre modèle économique est identique à celui des autres plateformes de mise en relation, mais nous ne sommes pas dans une logique ultra-capitaliste avec des investisseurs qui cherchent la rentabilité à court terme. Notre volonté est de répondre aux besoins des personnes qui n’ont pas les moyens de se payer des garde-meubles classiques».
Âgée de 38 ans, Laure Courty déteste par-dessus tout être classée dans la catégorie des «Uber». Revendiquant ouvertement son approche éthique et collaborative, la fondatrice de Jestocke.com n’en demeure pas moins l’une des figures montantes de la nouvelle économie collaborative. Une aventure que la jeune pionnière a démarrée en 2013 lors de son arrivée à Bordeaux.
L'idée germe après une mutation en Gironde
Après 10 années passées dans l’édition, dont les quatre dernières axées sur la géopolitique, Laure Courty suit son conjoint muté en Gironde. «J’ai continué à travailler en free lance pour des éditeurs parisiens comme Presse de la Sorbonne. J’ai aussi effectué une mission de rédacteur en chef pour une société de production à Toulouse, mais très rapidement, j’ai pris conscience que je détestais le travail en solo. C’est là que j’ai eu l’idée de créer Jestocke.com», relate la jeune dirigeante.
Une reconversion réussie
Une idée que Laure Courty a puisée dans son expérience personnelle. «J’ai fait moi-même les frais des problématiques de garde-meubles à plusieurs reprises au cours de mes études, lorsque je partais à l’étranger. Et puis, cela nous est arrivé lorsque nous sommes installés à Bordeaux. J’ai cherché une solution sur internet. Je suis tombée sur des entreprises classiques de garde-meubles, mais j’ai vite déchanté en voyant les prix. C’est là que je me suis dit qu’il était dommage d’habiter dans une ville avec des gens qui ont des pavillons, des garages et des caves souvent inutilisés. Je me suis donc demandé s’il n’y avait pas moyen de leur louer quelques mètres carrés pour y mettre mes affaires le temps de trouver un appartement ou une maison à acheter», expose Laure Courty.
300.000€ levés en 2015
Certaine qu’il y a là un marché à explorer et une réponse à apporter en période de crise, la jeune dirigeante ne tarde pas à connaître le succès. Bordeaux, Paris, Toulouse, Nantes, Lille… La plateforme de mise en relation entre particuliers pour la location d’espaces de stockage et garde-meubles connaît une croissance rapide.
Croissance que Laure Courty accélère en 2015 en levant 300.000€ auprès de femmes business angels et d’investisseurs privés. «En un an, nous avons multiplié notre parc par 3,5. Nous sommes passés de 75.000 m³ à 300.000 m³ disponible sur la plateforme. Et puis nous avons aussi attaqué le marché des professionnels avec un produit d’assurance dédié et sur-mesure. Les professionnels peuvent désormais soit stocker chez des particuliers ou chez d’autres professionnels», expose-t-elle.
Une nouvelle levée de fonds en perspective
Pour poursuivre sur cette lancée, Laure Courty planche sur une nouvelle levée de fonds. Un tour de table à 700.000€ qui devrait se finaliser avant la fin de l’été et qui devrait permettre à Jestocke.com d’imaginer de nouvelles solutions et d’adresser de nouveaux segments de marché.
«Notre objectif est toujours de pallier la déficience du marché traditionnel. Récemment, nous avons eu l’idée de proposer à des agriculteurs de mettre en location leurs bâtiments vides. C’est la crise agricole qui nous a mis la puce à l’oreille. Les agriculteurs qui nous ont fait confiance sont plutôt contents. Mais comme le service au professionnel, ce n’est pas quelque chose que l’on avait imaginé au démarrage. C’est au fur et à mesure que l’on développe le service, que les utilisateurs s’en emparent et nous font des retours, que l’on découvre de nouvelles opportunités», conclut Laure Courty qui ambitionne d’atteindre les 10M€ de chiffre d’affaires sur la plateforme à horizon 2018.
