Bilan du Grand débat : où sont les entreprises, monsieur Macron ?
# Politique économique

Bilan du Grand débat : où sont les entreprises, monsieur Macron ?

S'abonner

Suppression de niches fiscales, prime de fin d’année pérennisée et temps de travail : Emmanuel Macron a très peu évoqué les entreprises au cours du bilan de son Grand débat.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Il a beaucoup été question des difficultés des mères qui élèvent seules leurs enfants, de référendum d’initiative citoyenne, d’organisation de l’État, de fonctionnaires, de retraités aux revenus modestes et de la boule au ventre des Français. Pour la première grande conférence de presse qu’il a organisée depuis son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron a aussi parlé du nombre d’élèves par classe, d’islamisme radical et de ceux qui travaillent loin de chez eux. Mais quasiment pas d’économie.

Deux heures avant d’entendre parler des entrepreneurs

Le président de la République n’a en effet pratiquement pas dit un mot, ce jeudi 25 avril, lors du bilan de son Grand débat, sur les entreprises. Il aura fallu attendre plus de deux heures pour entendre dire brièvement que « nos dirigeants d’entreprise ont un rôle essentiel à jouer ». Et ce rôle, pour le chef de l’État, c’est la répartition des richesses. Aux entrepreneurs de mettre davantage en place des mécanismes de redistribution que sont l’intéressement et la participation. Rien de nouveau sous le soleil de ce côté, puisque la loi Pacte cherche déjà à donner un nouvel élan à ces dispositifs.

Seule nouveauté : les chefs d’entreprise pourront continuer à accorder des primes exceptionnelles de fin d’année, défiscalisées et désocialisées. Mis en place en pleine crise des Gilets Jaunes, ce dispositif, pouvant aller jusqu’à 1 000 euros, va être pérennisé. Un Français sur trois en aurait déjà bénéficié, selon un récent sondage de l’Ifop.

Suppression des niches fiscales

La deuxième annonce économique du président de la République fait davantage grincer les dents des chefs d’entreprise, puisqu’Emmanuel Macron a évoqué la fin de certaines niches fiscales dont les entreprises bénéficient aujourd’hui. Il en existe environ 500 en France, pour les entreprises comme pour les particuliers. Lesquelles vont disparaître ? Pour quel montant ? Au gouvernement de décider de ces deux points. Ce qui est sûr, c’est que le montant devrait être inférieur à 5 milliards d’euros.

Cette mesure, couplée à la suppression de certains organismes qualifiés d’« inutiles » (mais non-cités) et à l’augmentation du temps de travail, doit en effet financer une baisse de l’impôt sur le revenu de 5 milliards d’euros. En bénéficieront « les Français qui travaillent ».

Travailler plus

Enfin, le chef de l’État a rapidement évoqué la réforme de l’assurance chômage, qui doit se mettre en marche dès cet été, en s’appuyant sur les partenaires sociaux et le débat autour du temps de travail. Le chef de l’État n’est pas favorable à la suppression d’un jour férié, renvoie la question des 35 heures au dialogue social et plaide pour un allongement de l’âge de départ à la retraite. « On doit travailler plus longtemps, car on vit plus longtemps », a réaffirmé Emmanuel Macron.

Finalement, pour les entreprises, pas grand-chose à tirer de ce bilan du Grand débat, censé donner le ton de la deuxième partie de la mandature. Beaucoup de dirigeants d’entreprise ont pourtant joué le jeu présidentiel, se sont réunis, ont émis des propositions. Alors, faut-il déplorer le fait que la voix de l’entrepreneuriat ne soit pas suffisamment prise en compte à l’heure du bilan ? Que fait-on du ras-le-bol fiscal de certains patrons de TPE et PME ? Et des nombreuses suggestions issues du monde économique ?

On peut regretter le silence présidentiel sur ces questions, mais, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que l'exercice politique auquel vient de se livrer le chef de l'Etat répond à un objectif  bien précis: il s'agit de tenter de sortir par le haut de la crise des Gilets Jaunes. Une crise bien plus anti-Macron qu’anti-entreprise. Et, en ce qui concerne les principales réformes, le chef de l’État a prévenu : il gardera le cap.

# Politique économique