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Avec la crise sanitaire, les business angels modifient leurs stratégies d'investissement
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Avec la crise sanitaire, les business angels modifient leurs stratégies d'investissement

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Moins de volumes investis au capital des entreprises, plus d’opérations de refinancement et davantage d’appétence pour le secteur de la santé : l’épidémie de coronavirus modifie les comportements des business angels.

En 2020, l’activité des business angels a régressé de 16 % en volume en France — Photo :  Anuchit Singkham - CC0

L’épidémie de coronavirus bouscule les habitudes des business angels. En 2020, l’activité de ces personnes physiques qui entrent au capital des entreprises a régressé de 16 % en volume. Elle s’est montée à seulement 49 millions d’euros, indique France Angels, la fédération qui rassemble 64 réseaux d’investisseurs français. Le nombre d’opérations (366) accuse un recul encore plus important, de 20 % en 2020.

En cause : l’arrêt momentané de l’économie au printemps 2020, qui a freiné l’activité ; et, au second semestre, "une baisse du nombre de dossiers" reçus par les réseaux de business angels ainsi que des dossiers "moins qualitatifs", explique Benjamin Bréhin, délégué général de France Angels. Cette situation est en train de s’estomper, "la dynamique est en train de repartir", assure-t-il. Et ce, même si le contexte fiscal demeure incertain pour les investisseurs, qui attendent toujours le feu vert de l’Europe pour que la réduction d’impôt sur le revenu IR-PME puisse passer de 18 à 25 %.

La santé préférée au numérique

Le coronavirus n’a pas seulement provoqué une baisse de l’activité des business angels. Il a aussi modifié leur stratégie. Les 5 500 investisseurs actifs en France se sont ainsi découvert une nouvelle appétence pour les entreprises du secteur de la santé et des biotechnologies. Elles concentrent 41 % des investissements en capital réalisés en 2020, ce qui en fait le nouveau domaine de prédilection des business angels. "Cela porte aussi bien sur des entreprises qui se sont positionnées sur des problématiques liées au coronavirus que sur des entreprises qui luttent contre d’autres maladies", précise Benjamin Bréhin.

Le secteur de la santé détrône désormais le numérique, qui dominait haut la main depuis des années le hit-parade des domaines d’activité privilégiés par les business angels tricolores. Le numérique ne représente désormais que 29 % des investissements, devant les biens de consommation (10 %).

Tours de table plus importants

Autre évolution générée par l’épidémie : la hausse des montants des tours de table. Le nombre de petites levées de fonds, celles de moins de 50 000 euros, s’est écroulé de près de 40 % en 2020, tandis que la baisse a été beaucoup plus modérée pour les opérations les plus importantes. "Les investisseurs soutiennent des projets plus ambitieux, qui nécessitent des moyens plus importants. C’est notamment le cas dans la santé, qui concentre généralement des dossiers plus capitalistiques", étaye Benjamin Bréhin.

Enfin, les business angels ont aussi été beaucoup plus actifs que d’habitude en matière de refinancement d’entreprises. Cela concerne 38 % des opérations en 2020, contre 28 % l’année précédente, avec des volumes injectés (13,6 M€) en hausse de 14 % sur un an. Là encore, il faut y voir un effet direct de la crise sanitaire, les business angels venant soutenir des entreprises ayant déjà fait l’objet d’un tour de table, aussi bien pour les aider à faire face à la crise que pour mener à bien leurs projets de développement.

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