Attentat Nice : « Des réservations de solidarité nous laissent penser que Nice va se relever »
# Tourisme

Attentat Nice : « Des réservations de solidarité nous laissent penser que Nice va se relever »

S'abonner
Quel peut être l'impact de l'attentat du 14 juillet sur l'activité touristique du territoire ? Quid de la clientèle étrangère ? Et du tourisme d'affaires ? Comment doit évoluer le discours ? Denis Zanon, directeur général de l'Office de Tourisme et des Congrès de Nice, répond à nos questions.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Cinq jours après l'attentat qui a fait 84 morts sur la Promenade des Anglais, comment se profile la saison ?
La saison continue dans le sens où nous n'avons pas eu la vague d'annulations massive à laquelle on pouvait s'attendre. Les départs les plus spectaculaires tiennent à l'annulation du concert de Rihanna, prévu le 15 juillet, le lendemain de l'attentat. On a eu également des annulations de réservation mais pas en proportion énorme. A cet égard, les hôteliers ont pris des dispositions sous la forme de remboursement sans frais ou d'offres de report de séjour. Mais, dans son ensemble, l'activité a repris. Il y a de nouveau du monde sur les plages, la Promenade des Anglais est rouverte. On mesure là la force de résilience de la ville de Nice.

Les touristes sont donc restés ?
Pour beaucoup, oui. De même, nous avons reçu des centaines de messages de soutien de la part de clients professionnels (prescripteurs, agences de voyages, tours opérateurs) et d'anonymes en France comme à l'étranger qui se traduisent par des réservations de solidarité qui nous laissent à penser que Nice va se relever. Nous savions déjà que Nice disposait d'une forte notoriété (deuxième destination hexagonale après Paris), elle qui a derrière elle 150 ans de tourisme moderne, mais à ce point... Un autre phénomène est à noter, l'arrivée des journalistes du monde entier qui a fait que les hôtels ont été complets les jours suivants l'attentat. Ce surplus de fréquentation ajoute toutefois de la confusion quant à l'état des lieux - en cours - du secteur touristique azuréen. Pour tout dire, on est dans l'expectative.

A-t-on une idée de l'impact du drame sur le moyen et long terme ?
Nous sommes incapables de mesurer l'impact tant sur le plan économique que sur l'image et l'attractivité de la destination à moyen et long terme. Combien de temps mettra Nice pour rebondir ? Nous l'ignorons. Ce qui s'est passé le 14 juillet vient après une longue liste d'attentats qui a frappé la France, l'Europe, l'Afrique. A chaque fois, la situation change. C'est compliqué à gérer. C'est pourquoi nous nous sommes rapprochés de nos homologues de Paris et Bruxelles pour échanger sur la gestion de la crise. Il s'agit de rester très rationnel, pragmatique et concret dans notre discours.

Un discours qui va devoir s'adapter à cette nouvelle donne...
Oui, nous y travaillons avec la Ville et l'ensemble des acteurs touristiques pour définir la tonalité des messages à délivrer sur notre destination et y intégrer des éléments de réassurance afin de faire en sorte que Nice rayonne à nouveau. C'est un gros chantier car il s'agit d'être en cohérence avec la communication locale (celle de la Ville de Nice vers les Niçois), la communication purement touristique tournée vers les professionnels et la communication globale de la Côte d'Azur car, c'est bien tout le territoire azuréen qui est impacté. A cela s'ajoute le message délivré par Atout France sur l'image de la France qui elle aussi est touchée. Tout cela pour minimiser au maximum l'altération de l'attractivité du pays, de la région et de la ville.

Quid de la clientèle étrangère qui représente 60% des visiteurs sur Nice ?
Là-aussi, nous n'en maîtrisons pas l'impact, mais nous savons que des marchés comme les Etats-Unis, la Chine ou encore le Japon sont très sensibles à la géopolitique. L'actualité va forcément influer sur ces marchés. La question est de savoir à quelle hauteur.

Et le tourisme d'affaires ?
La saison commence à l'automne. Nous n'avons pas trop d'inquiétudes sur la partie congrès et association, ce sont de grosses machines qui s'organisent longtemps en avance. Les interrogations s'orientent plutôt vers la partie MICE et événements d'entreprise type conventions ou lancements de produits. Des freins doivent être pris en compte, comme la problématique de communication interne dans les entreprises ou les problèmes d'assurance. En outre, l'offre concurrentielle, déjà extrêmement forte, va l'être encore plus en venant se placer comme une alternative au doute. Nous devons donc travailler à un discours spécifique.

Etiez-vous préparé à vivre une telle situation ?
Oui, nous étions préparés. Des actions ont été mises en place depuis le Bataclan pour assurer la sécurité lors des grandes manifestations comme le Carnaval de Nice ou encore l'Euro. Mais soyons honnête, on n'y croyait pas. Qui peut imaginer un instant une telle horreur ? Maintenant, c'est fait. Il va falloir vivre avec et adapter notre discours habituel en fonction de ce nouveau contexte.

# Tourisme