Assurances : comment bien protéger les dirigeants ?
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Assurances : comment bien protéger les dirigeants ?

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Santé, prévoyance, retraite, assurance homme-clé, responsabilité civile… : le dirigeant doit penser à se couvrir à titre personnel et pas seulement assurer les biens de son entreprise. Il y va de son avenir, de celui de sa famille mais aussi de la pérennité de son entreprise.

Photo : alphaspirit - stock.adobe.com

Si les dirigeants pensent généralement à couvrir leur entreprise, ce n’est pas toujours le cas pour leur personne. En tout cas, pas toujours de manière efficiente. « À titre personnel, le dirigeant est bien souvent soit mal couvert, soit couvert mais il n’en a pas connaissance. C’est ce flou qui peut présenter un risque pour lui et ses activités. Certes, il a la liberté d’agir seul puisqu’il dirige mais il engage plusieurs responsabilités : la sienne, celle de ses ayants droit, en l’occurrence sa famille, et aussi celle de son entreprise au titre de sa bonne continuité », expose Thomas Chesneau, directeur général du cabinet de courtage en assurances qui porte son nom.

Sa santé et celle de son entreprise

« Dès la création, les dirigeants sont désormais sensibilisés par les experts-comptables sur la nécessité de couvrir leur tête en plus de leur entreprise. Sur la totalité des dossiers que je traite, moins de 10% des dirigeants ne sont pas couverts. Le problème, c’est surtout l’obsolescence. Ils sont couverts mais pas très bien car leur couverture a été opérée à un instant T et que leur situation a depuis évolué. Et quand l’accident intervient, elle peut se traduire par un drame personnel mais aussi pour l’entreprise », abonde Virginie Agrain, conseillère régionale en protection sociale pour les professionnels au sein d’AG2R La Mondiale.

Chez les créateurs d’entreprise, cette problématique de couverture est encore plus prégnante. « Quand on débute, on a souvent un budget restreint et on pense qu’assurer sa petite personne relève du superflu. C’est une erreur car un dirigeant en mauvaise santé est souvent bien plus préjudiciable pour l’entreprise qu’un problème de local ou de machines », estime Judith Rozé, agent général d’assurances Axa.

« En cas d’accidents ou de maladie, les dirigeants non assurés ne touchent aucune indemnité journalière »

Pour protéger au mieux sa santé et donc celle de son entreprise, le dirigeant doit donc souscrire une mutuelle pour les travailleurs non-salariés s’il relève de ce régime. « Beaucoup de dirigeants qui démarrent font l’impasse et ne pensent à souscrire une mutuelle qu’à l’issue des six premiers mois d’activité. Ce n’est pas forcément un bon calcul », insiste Judith Rozé.

La prévoyance pour couvrir ses revenus et sa famille

Si, comme le rappelle Thomas Chesneau, la couverture en santé est la base pour un dirigeant », ce dernier ne doit pas mettre pour autant de côté la question de la prévoyance. « Ce n’est pas la première chose à laquelle il pense et pourtant, la prévoyance est fondamentale ! C’est ce qui va lui permettre de se couvrir lui et sa famille en termes de revenu en cas d’arrêt de travail, d’invalidité ou même de décès », explique Virginie Agrain d’AG2R La Mondiale.

Pour éviter de se retrouver sans ressources durant une période d’incapacité de travail, le dirigeant peut donc souscrire une assurance indemnités journalières, qui va venir remplacer les indemnités versées par la sécurité sociale aux salariés. « La majorité des dirigeants ne bénéficie pas du même régime que les salariés. En cas d’accidents ou de maladie, ils ne touchent donc aucune indemnité journalière sauf s’ils ont souscrit une assurance spécifique. Pour le risque d’invalidité, on partira sur le principe d’une rente », précise Virginie Agrain.

Parallèlement à ce volet couverture des revenus, les dirigeants doivent aussi penser à ce qu’ils laisseront à leur famille en cas de décès. « Dans ce cas, l’idée est d’associer un capital décès versé à l’épouse à une rente conjoint et une rente éducation pour subvenir aux besoins des enfants. Souvent, les dirigeants me disent qu’ils ont déjà une assurance-crédit qui les couvre en cas de décès. Mais ils oublient qu’il n’y a pas que la question du crédit de la maison. Leur épouse et leurs enfants continueront à avoir des charges. Il faut essayer de les évaluer et ne pas prendre cette question à la légère », argumente la conseillère régionale protection sociale d’AG2R La Mondiale.

La retraite se prépare

Autre sujet incontournable de la protection du dirigeant : la retraite. Une dimension que l’on a encore trop tendance à occulter. « On voit encore des dirigeants qui s’interrogent sur leur retraite en arrivant à 58 ans », constate Virginie Agrain. Pourtant, il faut bien avoir conscience qu’en étant dirigeant non-salarié, on ne bénéficie pas de la même caisse de retraite que celle du régime général. « Le taux de remplacement (le pourcentage du revenu d’activité que l’on perçoit au moment de la retraite, ndlr) est beaucoup plus faible pour les chefs d’entreprise que pour les salariés. Si l’on veut avoir quelque chose plus tard, il faut donc s’y prendre assez tôt », prévient le courtier en assurances Thomas Chesneau. Et ce d’autant plus que, selon les prévisions du Conseil d’Orientation des Retraites, ce taux de remplacement – compris actuellement entre 60 et 70 % pour les dirigeants - risque de baisser dans les années à venir.

Pour compléter sa retraite, le chef d’entreprise dispose donc de plusieurs options. Il peut commencer en versant de manière mensualisée ou annuelle de l’épargne sur un Plan d’épargne retraite populaire (PERP) et s’orienter ensuite vers des dispositifs comme le contrat Madelin, qui lui permettront en prime de défiscaliser. « Je suis aussi assez partisane de l’assurance-vie. C’est un contrat qui permet d’épargner, d’avoir des avantages fiscaux durant la durée du contrat et le chef d’entreprise peut aussi s’en servir comme d’un complément de retraite. C’est aussi intéressant lorsque l’on veut envisager tout ce qui successoral », développe l’agent général Axa Judith Rozé. Un constat largement partagé puisque pour quatre assurés sur dix, la finalité de l’assurance-vie est bien de se constituer une épargne en vue de la retraite.


- Trois assurances qui n’ont rien de facultatives

1. L’assurance perte d’emploi du dirigeant

Le régime d’assurance chômage de l’Unedic laisse de côté un grand nombre de personnes. Et en premier lieu, les dirigeants d’entreprise. « En cas de révocation ad notum ou de cessation d’activité, le dirigeant peut se retrouver sans rien, du jour au lendemain. Il a donc tout intérêt à souscrire une assurance perte d’emploi du dirigeant », explique Thomas Chesneau, DG du cabinet Chesneau. Cette assurance s’adresse aux dirigeants non-salariés et aux dirigeants mandataires sociaux assimilés salariés dans les SA (PDG, DG, membre du directoire), les SAS (président, dirigeant désigné dans les statuts) et les SARL (gérant minoritaire ou égalitaire). Elle assure une indemnité proportionnelle (entre 55% et 100%) aux revenus antérieurs en cas de perte de d’emploi.

2. L’assurance homme-clé

Un accident de jet-ski, une chute dans les escaliers la veille du salon professionnel qui chaque année vous assure 50 % de vos prises de commandes… Comment votre entreprise va pouvoir poursuivre son activité sans être impactée par votre absence ? Pour apporter une réponse, les assureurs proposent des contrats d’assurance homme-clé qui couvrent une incapacité temporaire, l’invalidité ou le décès. « C’est une assurance que l’on prend pour couvrir l’absence d’une personne capitale au fonctionnement de l’entreprise. Et dans les TPE et PME, cette personne, c’est souvent le dirigeant. Avec l’assurance homme-clé, en cas d’absence du dirigeant, on va recevoir une indemnité qui va venir compenser le manque à gagner où nous permettre d’embaucher quelqu’un pour nous remplacer », explique Virginie Agrain d’AG2R La Mondiale. Certains assureurs proposent également des contrats permettant de garantir les fonds engagés pour recruter un manager de transition. Une option particulièrement intéressante en cas de décès du dirigeant.

3. La garantie croisée entre associés

« Lorsqu’il y a plusieurs associés à la tête de l’entreprise et que l’un d’eux décède, les parts reviennent aux héritiers. Les associés survivants se retrouvent donc avec des actionnaires extérieurs à l’entreprise, qui auraient d’ailleurs sans doute préféré disposer d’un capital. Or les associés survivants n’ont pas toujours les disponibilités pour racheter les parts détenues par la famille », explique Virginie Agrain. Pour éviter d’en arriver là, il existe la garantie « croisée entre associés ». Après avoir évalué la valeur des parts de chaque associé, chacun souscrit un contrat à son profit sur la tête du ou des autres associés. « Ce capital permettra aux associés survivants de racheter aux héritiers les parts de l’associé décédé et d’éviter ainsi l’arrivée d’actionnaires extérieurs ou même une cession de l’entreprise », précise la conseillère régionale protection sociale d’AG2R La Mondiale

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