Arles : Archeomed mutualise les expertises en patrimoine

Arles : Archeomed mutualise les expertises en patrimoine

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Le centre de restauration du patrimoine n'a pas vu le jour dans l'ex-usine Lustucru, à Arles, mais sous un ancien entrepôt du quartier de Gimeaux. Quinze entreprises et prestataires se partagent le site et des équipements.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Jean-Bernard Memet, fondateur et président de la société A-Corros, en rêvait depuis 2006 : voir un jour une partie de l'ancienne usine de pâtes Lustucru ranimée avec un centre méditerranéen dédié à la conservation et la rénovation du patrimoine. La petite entreprise, spécialiste du diagnostic de la corrosion et de la protection des ouvrages d'art, monuments historiques et collections archéologiques, accumule les références : épave du chaland gallo-romain extirpé des fonds du Rhône à Arles, nécropole Malaval à Marseille, tympan du musée d'Orsay à Paris, fontaine Bartoldi à Lyon, Pont de Saint-Nazaire... Son dirigeant a réussi à aboutir, avec le soutien du Pôle Industries Culturelles et Patrimoines. Faute de pouvoir s'ancrer dans la friche Lustucru, Archeomed a pris forme début 2015 dans le quartier de Gimeaux, dans un bâtiment de 1 750 m2 d'ateliers et bureaux. Quinze sociétés et prestataires* s'y sont installés, représentant une trentaine d'emplois. Manon Roussille, administratrice, assure l'animation et la coordination.


Coopération active
Conçu dans un esprit d'économie collaborative, le site se pose en "plate-forme coopérative" sur les métiers de la préservation, de la restauration et de la valorisation de tout type de patrimoine : bâti, industriel, archéologique, artistique, culturel... Inauguré le 10 avril, il regroupe également des équipements de pointe comme une loupe trinoculaire avec caméra numérique ou un florescencemètre portable qui permet d'analyser un matériau, ou plus traditionnels, comme un chariot élévateur, des racks de stockage... Les résidents se partagent leur utilisation, en fonction de leur besoin. Les lieux abritent aussi un studio photo. "Une entreprise seule ne pourrait pas acquérir de tels matériels pour un usage ponctuel, ce ne serait pas rentable, indique Gilles Martinet, président du pôle ICP. En les mutualisant, nous donnons à chacun l'opportunité d'étoffer son offre et son expertise sans se ruiner".
Réseaux partagés
Soutenu par l'Etat et les collectivités territoriales, l'investissement s'élève à 213 000 euros pour la réhabilitation du bâtiment et 192 000 euros dans les équipements. "Nous renforcerons au fur et à mesure le parc d'appareils et outils, confie Jean-Bernard Memet, président d'Archeomed. Notre démarche vise aussi à répondre collectivement à des appels d'offres. Nous avons déjà gagné trois marchés publics". Pour Gaël Hamon, co-gérant d'Art Graphique et Patrimoine, expert des technologies 2D et 3D pour la valorisation du patrimoine, "la philosophie promue par Archeomed permet de pérenniser notre antenne à Arles et d'y diversifier notre clientèle". Habilitée "Musées de France", Caroline Botbol, restauratrice d'œuvres sculptées, y occupe un atelier. "En partageant nos expériences, nous élargissons aussi nos réseaux" dit-elle. Dans les deux à trois ans, Archeomed pourrait s'agrandir, soit sur le site actuel, soit dans l'usine Lustucru "pour la dimension symbolique du lieu" confie Jean-Bernard Memet qui n'oublie pas son idée initiale.

* A-Corros, Aristeas, Art Graphique et Patrimoine, Regards et Mémoires, Atelier 288, L'Atelierre, Aslé Conseil, Caroline Botbol, Xavier Delaporte, Pascal Demaumont, Patrice Donderis, Panovues.com, La Pierre au Carré, Le Restauratoire Arlésien, Atelier Amandine Villard.

Photo JC. Barla.