Après un fort rebond, les cessions et acquisitions de PME ralentissent en France
# Fusion-acquisition

Après un fort rebond, les cessions et acquisitions de PME ralentissent en France

S'abonner

Grippé par la crise sanitaire, le marché français des transactions de PME est reparti fortement en 2021. Il tend toutefois à ralentir ces dernières semaines, suite à la montée de nouvelles incertitudes exacerbées par la guerre en Ukraine.

Freiné par le Covid en 2020, le nombre de transactions de PME a progressé de 41 % en France en 2021 — Photo : Natee Meepian

Le marché français des cessions et acquisitions de PME s’est bien remis de la crise sanitaire. Freiné par le Covid en 2020, le nombre de transactions a progressé de 41 % en France en 2021, selon les données de la sixième édition d’une étude réalisée par In Extenso Finance et Transmission portant sur des valorisations comprises entre un et cinquante millions d’euros. "L’année 2021 a été marquée par un fort effet de rattrapage, même si le nombre de transactions n’a pas dépassé celui de 2019, qui reste une année record", commente Franck Lamotte, directeur data et digitalisation d’In Extenso Finance & Transmission.

Spécialisée en conseil en fusions-acquisitions, la structure a recensé 1 172 deals de PME en 2021. Bien plus que les 829 opérations réalisées en 2020 et pas très loin des 1 300 transactions enregistrées en 2019.

361 % de croissance dans les Pays de la Loire

Reste que ces chiffres cachent des réalités territoriales assez disparates. Si le nombre de transactions de PME progresse en 2021 dans toutes les régions françaises, les taux de croissance varient énormément. La hausse se limite à 15 % en Bretagne, 16 % en Normandie et 20 % en Auvergne-Rhône-Alpes. Le rebond est autrement plus vigoureux en Paca (90 % de croissance en 2021), en Bourgogne-Franche-Comté (+94 %), dans le Centre-Val de Loire (+119 %) et dans les Pays de la Loire (+361 %).

"La composition sectorielle explique en grande partie ces variations. Le nombre de transactions avait ainsi fortement baissé en 2020 en Normandie, dans les Pays de la Loire et dans le Centre-Val de Loire. Cela s’expliquait par la dominante industrielle de ces régions et une digitalisation moins évidente de l’activité. L’an passé, le rebond a été fort dans les Pays de la Loire ou dans le Centre", explique Franck Lamotte.

Les secteurs de l’énergie, du BTP et les biens d’équipements ont ainsi été beaucoup plus dynamiques en 2021 que des secteurs exposés aux conséquences de la crise sanitaire, comme le tourisme, l’automobile ou l’aéronautique et pour lesquels les cédants potentiels ont préféré attendre pour vendre dans de meilleures conditions. Ces ventes continuent de s’opérer en majorité auprès de sociétés non cotées (dans les deux tiers des cas), même si l’année 2021 a signé le retour des fonds d’investissement (majoritaires dans 14 % des transactions) et des sociétés cotées (13 %).

Les transactions de PME baissent en 2022

La croissance du marché des cessions et acquisitions de PME va-t-elle se poursuivre avec la guerre en Ukraine ? "Nous constatons une baisse de 15 à 20 % du nombre de transactions au premier trimestre 2022 par rapport au premier trimestre 2021", observe Franck Lamotte. La conséquence du conflit en Ukraine ? Pas vraiment. "Nous avions déjà observé un tassement au dernier trimestre 2021", poursuit le spécialiste.

Pour Marc Sabaté, DG In Extenso Finance & Transmission, "l’année 2022 n’est pas catastrophique, avec un nombre de transactions supérieur à celui de 2018" — Photo : Agnès Janin

Comment alors expliquer cette baisse ? Le directeur général d’In Extenso Finance & Transmission, Marc Sabaté, y voit deux explications : "Après une forte hausse des transactions entre les mois de février et d’octobre 2021, il y a eu une forme de respiration du marché, un phénomène pendulaire que l’on retrouve assez fréquemment." Mais à cela s’ajoutent des éléments conjoncturels. "Risques de pénuries, difficultés de recrutement et inflation : depuis la rentrée, les entreprises font face à la montée des incertitudes", poursuit-il. Des incertitudes que le conflit en Europe de l’Est vient exacerber.

Si le nombre de transactions tend à diminuer, Marc Sabaté relativise. Car les taux d’intérêt restent bas et le marché n’est pas soumis à un manque de liquidités. Du coup, au niveau des transactions des PME, "l’année 2022 n’est pas catastrophique, avec un nombre de transactions supérieur à celui de 2018".

# Fusion-acquisition # Conjoncture # Gestion