Aix-en-Provence : «Nous devons passer par la coopération métropolitaine»

Aix-en-Provence : «Nous devons passer par la coopération métropolitaine»

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Maryse Joissains Masini, maire d'Aix-en-Provence et présidente de la Communauté du pays d'Aix, est farouchement opposée à la création d’une métropole Aix-Marseille.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Où en est-on dans la constitution de la métropole Aix-Marseille-Provence ?
Une seconde lecture de la loi instituant les métropoles doit avoir lieu fin juin au parlement. Sophie Joissains (sénatrice des Bouches-du-Rhône, directrice de cabinet du maire d'Aix-en-Provence et vice-président de la CPA, ndlr) va déposer plusieurs amendements lors de la deuxième lecture.
Nous allons demander à ce que les conseils de territoires bénéficient de la personnalité morale compte tenu de leurs responsabilités en matière d'investissement et de gestion du personnel. Leur refuser cette personnalité morale va entrainer des dysfonctionnements et un encombrement des services de la métropole. Nous serons privés des commissions d'appels d'offres. Marseille gèrera les commissions d'appel d'offres avec des irrégularités et des comportements que je dénonce à l'avance. Nous allons déposer un deuxième amendement pour que les 8.000 personnes des six EPCI (*) restent rattachées à leur collectivité d'origine.
Un troisième amendement portera sur la propriété des biens des EPCI. Il est nécessaire que les biens ne soient pas transférés à la métropole car je redoute qu'ils soient détournés de leur utilisation initiale. La ville d'Aix est propriétaire de tableaux que je n'aimerais pas retrouver ailleurs dans quelques années.
Un quatrième amendement sera déposé pour que les offices HLM et des Sociétés d'Economie mixte demeurent rattachés aux communes ou aux intercommunalités.
Enfin, un pacte financier avec une harmonisation des taux a été acté par la dernière loi. Ce pacte sera élaboré sous l'égide de la métropole ce qui est extrêmement inquiétant pour les communes qui n'ont pas augmenté leurs impôts ou l'ont fait raisonnablement. A cet égard, la ville d'Aix n'a pas augmenté la taxe d'habitation depuis 1995 et cette commune va payer pour une pseudo solidarité de territoire. Je ne peux accepter qu'un territoire vertueux paye pour les dérives des autres.

Quelle est votre position aujourd'hui ? Y êtes-vous toujours farouchement opposée ou bien votre point de vue a évolué ces derniers mois ?
Les rédacteurs de la loi sont totalement irresponsables. Nous allons assister à une dérive fiscale odieuse qui va handicaper l'attractivité de l'ensemble du territoire. Il s'agit de la mise en place d'un système féodal. Dans quelques années, on s'apercevra que ce système a été pourvoyeur d'une mafia locale et a abouti à la mise en place d'un "seigneur local" qui décidera de tout avec les dérives habituelles.
Les grandes manœuvres ont déjà commencé et certains candidats à la présidence de la métropole sont à la solde de certains grands partis ou grands élus. Ces candidats autoproclamés n'ont aucune compétence pour gérer ce type de structure. J'ai fait des propositions au gouvernement en faveur de la coopération métropolitaine avec Marseille.
Serez-vous candidate à la présidence de la métropole ?
Je serai peut-être candidate si les conditions sont réunies, c'est-à-dire si je suis assurée d'avoir une indépendance totale dans la prise de décisions, si j'ai les mains libres pour placer la métropole dans une logique vertueuse : à savoir la diminution des impôts sur douze ans, des contrôles importants sur les embauches des personnels et les commissions d'appels d'offres.
Je pense être la seule à pouvoir assumer cette responsabilité parce que j'ai une expérience de 15 ans de gestion d'une ville donnée en exemple et d'un EPCI où on ne fait pas de politique. Si j'y vais c'est pour mettre de l'ordre.

Les acteurs économiques sont favorables à la métropole. Que leur répondez-vous ?
La métropole au 1er janvier 2016 va générer une cacophonie innommable alors que les intercommunalités ont mis 20 ans pour exister ! Jean-Luc Chauvin (président de l'UPE 13, ndrl) est favorable à la coopération métropolitaine avec une intervention de l'Etat.
La métropole doit s'appuyer sur les conseils de territoire et devra se faire comme nous le voulons, autrement il y aura un risque de blocage de la part des maires des petites communes contre la lourde métropole. Nous sommes bien sûr, favorables à ce que Marseille se hisse au rang de capitale des villes méditerranéennes mais, pour cela, nous devons passer par la coopération métropolitaine.

Propos recueillis par Laurie Maneval
(*) Etablissement public de coopération intercommunale.