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Accélérateurs de PME, aides à l'innovation : ce que Bpifrance apporte vraiment aux entreprises
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Accélérateurs de PME, aides à l'innovation : ce que Bpifrance apporte vraiment aux entreprises

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En 2020, Bpifrance a souvent joué le rôle de pompier pour les entreprises empêtrées dans la crise du coronavirus. En temps normal, la banque publique d’investissement se voit plutôt comme un bâtisseur, muni de sa trousse à outils de financement et d’accompagnement. Avec quels résultats pour les entreprises aidées ? C’est ce que plusieurs études ont tenté d’éclaircir, en passant à la loupe ses accélérateurs de PME et ses aides à l’innovation.

Les accélérateurs PME de Bpifrance misent sur les relations qui peuvent naître entre les dirigeants accompagnés (ici, les deux premières promotions du dispositif déployé dans le Grand Est) — Photo : Adelise Foucault

Soulagement chez Bpifrance : son action est utile aux entreprises. C’est la conclusion d’une série d’études, menées récemment, afin d’évaluer l’impact de deux programmes phares de l’institution, les accélérateurs de PME et les aides à l’innovation.

Les accélérateurs PME dopent le chiffre d’affaires, pas la rentabilité

Elle a beau être officiellement une banque, Bpifrance n’apporte pas que des financements aux entreprises ; son apport est aussi immatériel. C’est la mission affectée en particulier à ses accélérateurs. Il s’en est lancé plus de 70 ces dernières années, pour près de 1 800 dirigeants accompagnés au sein de ces programmes axés sur le conseil, la formation et le réseautage.

"Avec l’accélérateur PME, je me suis rendu compte que mon organisation n’était pas adaptée à mon ambition."

Du capital social et humain, plutôt que des fonds sonnants et trébuchants, à quoi ça sert ? Yannick L’Horty, économiste spécialisé dans l’évaluation des politiques publiques et chercheur au CNRS, et son équipe se sont penchés sur la question, à la demande de Bpifrance. Leur analyse porte sur 142 des 170 entreprises inscrites aux trois premiers accélérateurs PME, lancés entre 2015 et 2017. Ont été exclues les sociétés liées à des activités de holding ou à des fonds de placement.

• Des performances économiques supérieures

Conclusion ? Ce dispositif, payant (10 000 à 50 000 euros de reste à charge) et relativement long (24 mois), a dopé plusieurs indicateurs économiques des participants, surtout ceux des deux dernières promotions observées.

En moins de deux ans, leur chiffre d’affaires était ainsi supérieur de 9,8 points en moyenne à celui réalisé par des entreprises équivalentes non-accompagnées. De même, leur valeur ajoutée s’est accrue de 16 points et leurs investissements corporels ont été décuplés (dépenses augmentées de 257 000 € environ).

• Une incitation à structurer son entreprise

Mais au-delà des performances économiques, ce programme joue aussi un rôle de révélateur, à en croire les deux dirigeants invités à témoigner par Bpifrance.

« L’accélérateur a été un électrochoc, affirme sans ambages Emmanuel Cazeneuve, le PDG de Hesus (CA 2020 : 35 M€, 70 salariés), spécialisé dans la gestion des déblais de chantier en région parisienne. Je me suis rendu compte que mon organisation n’était pas adaptée à mon ambition de devenir un leader européen. » Et d’abonder : « Être suivi et formé crée de la confiance. Elle est indispensable pour la volonté du PDG de vouloir accélérer et grandir. »

Pierre Guirard, le président de Wyz Group (CA 2020 : 57,8 M€, 47 salariés), une société de services numériques pour l’automobile basée à Compiègne (Oise), confirme : « Le premier effet, pour nous, a été de structurer l’entreprise. C’est-à-dire mettre en place un comité de direction et des process, embaucher et renforcer notre équipe. »

• Mais des effets nuls sur la rentabilité et l’emploi

Pour autant, l’accélérateur PME de Bpifrance ne fait pas que des miracles. Yannick L’Horty le reconnaît : aucun effet sur les résultats de l’entreprise, l’excédent brut d’exploitation, le total du bilan, ni même l’emploi n’ont mis en évidence. Sur l’emploi, « on ne peut pas exclure que l’impact soit différé dans le temps », nuance-t-il. C’est d’ailleurs l’une des limites de cette étude - le manque de recul depuis la sortie des entreprises du programme.

Mais pour Guillaume Mortelier, directeur exécutif de l’accompagnement chez Bpifrance, l’essentiel est ailleurs : « Nous rencontrons régulièrement des dirigeants qui nous demandent ce que vont leur apporter nos accélérateurs. Ces travaux nous permettent de solidifier notre argumentaire pour leur répondre, et les mobiliser encore plus. » D’autant que la banque publique s’est fixé un objectif ambitieux de 700 nouvelles entreprises accélérées en 2021.

Les aides à l’innovation confortent la R & D

Dans cette même logique de mesure d’impact, deux études se sont récemment penchées sur deux autres outils de Bpifrance, cette fois dans le domaine des financements à l’innovation. Les données sont, ici, plus riches, puisqu’elles portent sur plus de 7 milliards d’euros distribués pendant 15 ans, entre 2005 et 2018.

• L’effet modéré des aides individuelles

Premier instrument scruté à la loupe, les aides individuelles à l’innovation. Quelque 60 000 projets d’entreprise (des TPE-PME à 90 %) ont été soutenus à ce titre. Les résultats apparaissent relativement modestes.

Les dépenses de R & D augmentent ainsi de 83 000 euros par an, mais 80 % de cette hausse provient en fait de l’aide elle-même. Pour autant, elle ne se substitue pas à des fonds privés, assurent Bpifrance et France Stratégie, à l’origine de l’étude.

Au bout de trois ans, le surcroît de chiffre d’affaires atteint, pour sa part, 280 000 euros (+6 % par rapport à l’année précédant l’octroi de l’aide), dont 80 000 euros à l’export. Il se double d’une progression de la valeur ajoutée (+100 000 €) et des investissements corporels (+140 000 €). Enfin, l’aide permet de créer 0,9 à 1,6 emploi supplémentaire, dont un demi-poste d’ingénieur.

• Aides aux projets collaboratifs

Bilan légèrement plus favorable pour les 2 000 projets collaboratifs soutenus par Bpifrance. Il s’agit ici de partenariats entre des sociétés privées et des laboratoires de recherche, soutenus par la banque publique.

Selon le Centre de recherche en économie et statistique et la Direction générale des entreprises, le dispositif permet une augmentation des dépenses annuelles de R & D de l’ordre de 294 000 euros (+19 %). L’aide elle-même représente un peu plus d’un tiers de ce surplus (105 000 €), quand près de la moitié provient de fonds privés (140 000 €). L’étude estime donc qu’il y a eu effet d’entraînement du soutien public sur les autres leviers de financement de l’entreprise.

Ces moyens supplémentaires se retrouvent, ensuite, tout au long des projets collaboratifs. Ils renforcent la R & D des entreprises, tant au niveau des investissements immobilisés (+112 000 € par an, soit 84 % de plus qu’avant) que des emplois (+1,9 poste). Ce qui se traduit, au final, par le dépôt d’1,5 brevet supplémentaire en moyenne. C’est peu, mais malgré tout deux fois plus qu’avant l’attribution de l’aide.

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