60 000 Rebonds : « Nous nous attendons à une hausse de 30 % des défaillances d’entreprises »
Interview # Réseaux d'accompagnement

Philippe Fourquet secrétaire général de l'association 60 000 Rebonds 60 000 Rebonds : « Nous nous attendons à une hausse de 30 % des défaillances d’entreprises »

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Philippe Fourquet, secrétaire général de l’association 60 000 Rebonds qui accompagne bénévolement les dirigeants après une liquidation judiciaire, s'attend à une hausse de 30 % des défaillances d'entreprises d'ici la fin de l'année. L'association cherche des dirigeants bénévoles pour parrainer les entrepreneurs en difficulté.

Philippe Fourquet est le secrétaire général de l'association 60 000 rebonds et président de l'antenne du grand Ouest (Bretagne et Pays de la Loire). — Photo : JDE

Avez-vous reçu plus d’appels de chefs d’entreprise en difficulté depuis le début de cette crise sanitaire ?

Philippe Fourquet : Pas pour le moment, car les mesures gouvernementales repoussent les échéances. L’association 60 000 rebonds s’occupe des entrepreneurs qui ont vécu une liquidation judiciaire. Avec la fermeture des tribunaux de commerce, cela a été très calme. Mais nous nous attendons à une augmentation des défaillances d’entreprises de + 25 à + 30 % d’ici la fin de l’année. Nous nous basons sur les retours de nos antennes locales (l’association est présente dans 31 villes, NDLR). Au niveau national, nous devrions dépasser les 1 000 entrepreneurs accompagnés l’an prochain, contre 700 en 2019. Au niveau local, sur le Grand Ouest, nous estimons que nous aiderons 140 dirigeants (contre 108 en 2019) en 2020, 170 en 2021. Nous verrons sûrement une typologie d’entreprises différentes, avec des chefs d’entreprise qui auront un sentiment d’injustice très fort puisqu’ils ne sont pas responsables de la crise ! Je dis aux chefs d’entreprise qui vivront une liquidation judiciaire : ne tardez pas à venir nous voir !

Comment comptez-vous faire pour les aider à rebondir ?

Philippe Fourquet : Nous lançons un appel aux bénévoles, aux chefs d’entreprise qui peuvent parrainer les dirigeants en difficulté, pour qu’ils nous rejoignent. Nous aurions besoin de volontaires pour rejoindre les 1 100 bénévoles, chefs d’entreprise et experts métiers de l’association. Nous avons besoin d’eux pour accompagner les entrepreneurs en difficulté. Chaque entrepreneur que nous suivons est accompagné par un coach et un parrain dirigeant pendant 24 mois. 50 % d’entre eux rebondissent en créant une nouvelle entreprise, 50 % retrouvent un poste salarié. La plupart des entrepreneurs que nous suivons dirigeaient des TPE. Elles représentent la grande majorité du tissu économique. Il faut les protéger. Nous aurions aussi besoin de financement. Nous comptons 18 permanents et la crise devrait nous demander du renfort en équipe support. Nous comptons donc lancer un appel au financement aux clubs des entreprises du rebond.

Comment les dirigeants que vous accompagnez ont-ils vécu le confinement ?

Philippe Fourquet : La première étape a été la sidération. Après, il y a eu la mobilisation des équipes, accompagnée d’un gros coup de stress. Les chefs d’entreprise n’ont pas beaucoup pensé à eux. Nous avions mis en place un dispositif gratuit de coaching solidaire avec 2 ou 3 heures gratuites. Nous avons organisé à peine 200 séances. Je pense que les dirigeants ont été alimentés par l’adrénaline, par le stress. Aujourd’hui, on voit des chefs d’entreprises épuisés. Il ne faut pas oublier que le premier actif de l’entreprise, c’est son dirigeant.

Vous faites partie des réseaux qui ont échangé avec la Direction générale des Entreprises, rattachée à la direction du ministère français de l’Économie et des Finances. Qu’est-ce que vous leur avez préconisé pour prévenir les liquidations ?

Philippe Fourquet : Nous avons organisé des visioconférences avec la DGE, afin de leur faire part des retours des entreprises, sur le terrain. Il ne faut pas traiter uniquement le problème de la trésorerie. Il faut voir un peu plus loin. Le vrai problème de demain, c’est celui des fonds propres. On aura de mauvais résultats à la fin de l’année. On propose, pour cela, d’émettre des obligations subordonnées. Elles agiraient comme un instrument de dette qui peut être considéré comme des capitaux propres. Il faudrait parallèlement créer un fonds d’investissement du rebond qui serait géré par Bpifrance, par exemple, avec pour objectif d’intervenir via des obligations subordonnées dans les entreprises.

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