Quand le géant américain des télécoms AT&T (268 000 salariés, 133,2 Md€ de CA) rachète la licorne américaine Appnexus (1 000 salariés, environ 2 Md de dollars de CA), on est loin d’imaginer les conséquences de l'opération... à Quimper. Pourtant c’est là qu’est basée une équipe R&D de 15 ingénieurs en informatique, spécialiste de la mesure du temps passé sur une publicité. À sa création en 2007, cette équipe est celle de la start-up Alenty. Elle a été rachetée en 2014 par Appnexus et vient donc d'intégrer Xandr, la filiale publicitaire d’AT&T qui entend bien concurrencer Google et autres Facebook dans ce domaine.
Un changement dans la continuité cependant pour les Finistériens. « Cela change assez peu de choses pour nous, si ce n’est qu’on a plus de moyens ! », se félicite le cofondateur, Nicolas Thomas, installé désormais à Londres, mais qui pilote toujours les bureaux quimpérois. Car au fil des années, les ingénieurs finistériens continuent d’innover et d’élargir leurs domaines d’expertises, qui font d’eux une équipe reconnue au sein de la firme américaine.
Lutte contre la fraude
En effet, c’est à Quimper qu’est géré le traitement des publicités vidéo qui apparaissent avant un contenu. « C’est le format de publicité le plus cher sur internet. Très difficilement évitable, le contenu doit être de qualité pour éviter que l’internaute ne passe à autre chose. Les vidéos coûtent donc très cher à produire, explique le dirigeant. Nous mesurons l’audience, nous nous assurons que la vidéo se charge bien. Nous assurons la plateforme technique là-dessus pour nos clients. »
Un autre domaine développé par les ingénieurs de Xandr à Quimper est la fraude. « Le secteur de la publicité brasse beaucoup d’argent, il attire donc les fraudeurs sur les campagnes rémunérées au nombre de clics notamment. On développe des solutions pour détecter les "faux clics". Notre travail est d’assurer à l’annonceur que c’est un "vrai" humain qui a vu sa publicité », explique Nicolas Thomas.
Recrutements
La prochaine étape pour Xandr Quimper est la détection de contenu haineux. « On sait déjà repérer certains contenus que les annonceurs ne veulent pas. Typiquement la pornographie, ou encore les contenus pour enfants pour un annonceur qui vendent de l’alcool. C’est assez simple à faire. Mais aujourd’hui, nous avons des demandes plus complexes pour éviter les sites au contenu haineux. C’est plus compliqué à détecter de façon systématique car une partie de ses sites se dissimulent. Il faut trouver des tendances, des logiques. » Pour attaquer ce nouveau défi, Xandr recherche des ingénieurs informaticiens mais aussi un nouveau profil : les "data scientists", capables de trouver ces logiques grâce à des algorithmes.