Triskalia : le défi de la conversion au bio
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Triskalia : le défi de la conversion au bio

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Pour profiter de la bonne santé du marché bio, Triskalia et sa filiale Gelagri lancent une gamme de légumes surgelés bio origine France et veulent financer la conversion au bio de ses adhérents.

— Photo : © Isabelle Jaffré

« Notre responsabilité, c’est de valoriser la production de nos adhérents », martèle Olivier Morel, directeur général de Gelagri (800 salariés, 170 M€ de CA) la filiale surgelés de Triskalia (4  800 salariés, 1,9 Md € de CA). Et la meilleure valorisation aujourd’hui se trouve sur le marché du bio. « C’est un rapport de 1 à 2 », explique Régis Pennarun, directeur marketing de la marque Paysan Breton.
Mais la conversion des adhérents de la coopérative de Landerneau n’est pas si simple, comme l’explique Frédéric Kerhervé. Ce producteur de Moëlan-sur-Mer s’est installé avec son épouse, Sylvie, en 1991 en agriculture conventionnelle avec de l’élevage de dinde. « À partir de 2002, on a commencé à avoir une réflexion sur le bio. » En 2017, ils se lancent dans les œufs bio, puis développent les légumes au fur et à mesure. « Le premier problème est administratif. Il faut séparer nos structures d’exploitation conventionnelle et bio et demander les autorisations. Ce qui prend beaucoup de temps. »
À cela s’ajoute un souci purement économique : « Il faut deux ans pour basculer des terres en bio », indique un autre producteur de Triskalia, Hugo Bogrand. Ce dernier a fait le choix du bio il y a 5 ans. « C’est une question de philosophie de vie mais aussi parce que je cherchais de la valeur ajoutée. C’est dans le bio qu’on la trouve. »

Investissements

Photo : © Isabelle Jaffré

La meilleure valorisation du bio s’accompagne d’une augmentation de la consommation de ces produits. La course au bio est lancée dans toute la distribution et Gelagri ne veut pas être à la traîne. C’est pourquoi, l’entreprise de Landerneau vient de lancer une gamme de légumes surgelés bio (carottes, haricots verts, choux-fleurs et petits pois). « La nouveauté, c’est que l’on propose ces légumes déjà cuits. Ce qui correspond aux besoins des clients », précise Régis Pennarun.
La gamme est amenée à s’élargir au fur et à mesure. « Nous avons atteint notre capacité maximum de production, nous allons donc investir pour l’augmenter », indique le directeur général. 12,5 millions d’euros ont été investis en 2018, entre 12 et 15 millions d’euros sont prévus en 2019.

Bon de réduction ou don

Voilà pour la production industrielle. Encore faut-il que la production agricole suive. « On ne doit pas rater cette occasion de proposer du bio français, sinon les consommateurs iront chercher ailleurs », sont bien conscients Hugo Bogrand et Frédéric Kerhervé.
Pour aider à la conversion de ses adhérents, Triskalia a donc innové avec le lancement de sa gamme avec un bon de réduction un peu particulier. Le client peut en effet choisir de l’utiliser pour lui-même, comme un bon classique. « Il peut aussi décider de faire don de ces 20 centimes aux adhérents de Triskalia souhaitant se convertir au bio, explique le directeur marketing. Cette cagnotte doit nous permettre de financer la phase conversion qui n'apporte pas de revenus aux producteurs. » La coopérative a, en effet, décidé de les rémunérer à 1,5 fois la valeur pendant ces deux ans. « On verra ce que choisissent les clients. Pour l’instant, c’est plutôt encourageant, note-t-il. Et on va peut-être créer ainsi un nouveau modèle ? »

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