« Synutra en Chinois veut dire le grand début, explique Zhang Liang, le PDG de Synutra ( 12 000 salariés, 517 M€ de CA). Et c'est en effet un grand départ pour l'entreprise. C'est une nouvelle ère qui commence avec cette inauguration d'usine dans le Centre-Bretagne ». Plus de quatre ans après la pose de la première pierre, l'usine Synutra de Carhaix a été inaugurée, en grande pompe, le 28 septembre. À 10h08 précisément, car le chiffre 8 porte bonheur dans la culture chinoise.
500 millions d'euros de CA d'ici 18 mois
C'est la première usine en Europe pour le groupe chinois spécialisé dans le lait infantile. Synutra a déjà investi 170 millions d'euros pour ce site de 38 000 m² qui doit produire à terme 100 000 tonnes de poudre de lait par an à destination du marché chinois. « Il y a 200 salariés aujourd'hui. L'objectif est d'arriver à 280 en rythme de croisière », indique Zhang Liang. « Nous visons 500 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 12 à 18 mois », ajoute Christian Mazuray, président de Synutra France. Pour cet ancien dirigeant de Sodiaal, le choix de Carhaix n'est pas anodin. « Nous savions que l'usine Entremont de la ville devait fermer à terme. Nous pouvions récupérer le lait du bassin mais aussi redonner du travail aux salariés de l'usine. »
Eurosérum s'installe à côté
Ce n'est pas le seul lien des groupes laitiers chinois et français. Synutra a conclu un contrat d'approvisionnement avec Sodiaal. Actuellement, l'usine se fournit en lactosérum auprès d'usines bretonnes (Guingamp, Montauban, etc.). Bientôt, le fournisseur sera encore plus prêt. Eurosérum, filiale de Sodiaal, investit 16 millions d'euros pour une nouvelle usine à Carhaix, à quelques mètres de Synutra. Elle devrait être opérationnelle en 2018.
Une deuxième usine en 2020
Et ce ne sont pas les derniers travaux que va connaître la zone de Kergovo à Carhaix. Synutra s'apprête à construire une deuxième usine, pour du lait UHT cette fois, avec 200 millions d'euros d'investissement. Une première tranche est prévue en 2018, une deuxième en 2020. De grandes ambitions portées par un marché chinois en pleine progression. À la question de proposer des produits pour le marché français, Zhang Liang n'exclut rien. « Il y aura peut-être des besoins éventuellement, alors pourquoi pas ? Mais le marché chinois progresse déjà beaucoup », précise-t-il. « Il ne faut pas voir cette usine comme une colonisation d'étrangers qui viennent s'approvisionner mas comme un partenariat. Nous ne sommes pas dans une activité de trading de matières premières mais bien dans de la transformation en lien direct avec les industriels », ajoute Christian Mazuray.
