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Stade Brestois : les enjeux économiques de la remontée
Enquête Brest # Sport

Stade Brestois : les enjeux économiques de la remontée

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Le Stade Brestois retrouve la Ligue 1 cet été, après six ans en Ligue 2. Avec un budget de 31 millions d'euros, l’objectif sera le maintien et la perspective de droits télévisés encore plus importants à partir de 2020, ainsi qu’un nouveau stade en 2021 ou 2022.

Le budget prévisionnel présenté par le Stade Brestois à la Ligue professionnelle de football, de l'ordre de 31 M€, sera l’un des plus petits de Ligue 1 — Photo : © Stade Brestois

« Je sentais que nous étions bien cette saison… Mais de là à savoir que nous allions monter ! », sourit Denis Le Saint. Le président du Stade Brestois 29 est un président heureux. Le club a enfin réussi son pari : retrouver la Ligue 1 après six ans dans l’antichambre de l’élite footballistique française. Au-delà de l’émotion sportive, c’est une réussite pour toute l’entreprise Stade Brestois 29 SA (118 salariés). Avec un budget de 17 M€ pour la saison 2018-2019, Denis Le Saint visait la 4e place, soit une place de barragiste. Finalement, c’est la deuxième position et la montée sans barrage qu’ont réussi à décrocher les joueurs.

Une remontée progressive en L1

Photo : © Stade Brestois

Le succès sportif s’est appuyé sur une structure rendue solide au fil du mandat de Denis Le Saint, démarré en mai 2016. Quand il reprend la présidence à Yvon Kermarec, l'équipe a enchaîné les mauvaises saisons. « Yvon m’avait demandé de venir auparavant pour l’épauler », indique-t-il. Le patron de Kermasport passe la main au bout de trois ans, comme prévu, mais sans avoir réussi à faire remonter Brest en Ligue 1. De 2013 à 2016, le club a fini 7e, 6e et 10e de la deuxième division. Mais dès la saison 2016-2017, les résultats sportifs s’améliorent : 5e dès la première année de la nouvelle présidence, ils font à nouveau 5e en 2017-2018 et enfin 2e, après une excellente saison 2018-2019.

Pour changer la dynamique, Denis Le Saint a commencé par le sportif, en faisant appel à un ancien joueur du Stade Brestois, Grégory Lorenzi. Parti finir sa carrière en Corse, il comptait refaire une année. « Je lui ai dit : "J’ai besoin de toi maintenant" », relate le président. L’ancien défenseur revient en Bretagne comme coordinateur, puis directeur sportif. Le président nomme aussi le directeur commercial, Pascal Robert, comme directeur général.

« Remplir le stade Francis-Le Blé »

Commercialement, c’est Gérard Le Saint, le frère de Denis, qui se charge de remplir le stade. « C’est ce qu’il avait annoncé aux équipes dès la première réunion ! » sourit Denis Le Saint. Les deux frères, à la tête de l’entreprise familiale de distribution de fruits, légumes et produits frais du même nom, ont l’habitude de travailler en binôme. Si Denis est, sur le papier, le président du SB 29 et Gérard, du club de handball féminin BBH, c’est bien ensemble qu’ils dirigent. « Je m’occupe de la gestion avec Pascal Robert et du sportif avec Grégory Lorenzi. Gérard s’occupe davantage de la partie marketing. »

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Tombé à moins de 7 000 spectateurs de moyenne avant 2016, le stade Francis-Le Blé retrouve à nouveau des couleurs. En 2018-2019, la moyenne est remontée à 9 000 et le stade a même connu quelques matchs à guichets fermés. Le secret : des opérations marquantes comme « Francis régale » ou « Francis paie sa tournée », dès que trois buts ou plus ont été marqués lors du précédent match par le SB29. Le club a d’ailleurs remporté la saison dernière le « championnat des tribunes », qui récompensent les meilleures ambiances et animations des clubs.

Objectif maintien

La pelouse a été envahie par les supporters suite à la montée en Ligue 1 du SB29. — Photo : © Stade Brestois

L’infrastructure du club, elle aussi, a évolué ces trois dernières années. Un centre de formation et un siège tout neuf ont été livrés fin 2016. 4 M€ d’investissement portés par une SCI de partenaires, qui loue au club.

Dans le même temps, les pros quittaient le centre d’entraînement de Pen Helen pour Kerlaurent, sur les terrains de l’AL Coataudon football, loués à la mairie de Guipavas. 1,3 M€ a été investi pour un bâtiment neuf. Et le Stade Brestois vient d’acquérir, pour un peu plus d’1 M€, une nouvelle plaine de jeu. De quoi préparer sereinement la prochaine saison en Ligue 1.

L'un des plus petits budgets de Ligue 1

L’objectif du SB 29 sera bien entendu de s’y maintenir. Le budget prévisionnel présenté à la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) de la Ligue professionnelle de football (LFP) est de 31 M€. « Nous allons avoir l’un des plus petits budgets de L1 », prévient le président, environ le 17e. « Mais nous le doublons pratiquement ! », fait tout de même remarquer Pascal Robert.

Sur ces 31 M€, 19 M€ viendront des droits TV, environ 8 M€ des partenaires et sponsors (contre 6 M€ en 2018-2019), 3,5 M€ des abonnements et de la billetterie, le reste du merchandising, des buvettes, etc. Le directeur sportif a une enveloppe de 14 à 15 M€ (masse salariale chargée) pour le mercato qui s’annonce. « C’est très important d’être à l’équilibre », rappelle Denis Le Saint.

« La problématique du club, c’est l’outil », note par ailleurs le directeur général. En attendant le nouveau stade, prévu pour 2022 qui en est encore à la phase administrative, des travaux vont être nécessaires à Francis-Le Blé pour répondre aux exigences de la LFP, très liées aux demandes des chaînes qui payent d’énormes droits de diffusion (726,5 M€ actuellement, mais 1,153 Md€ par saison de 2020 à 2024). Une partie de cette manne sera partagée entre les clubs. Une raison de plus de se maintenir en Ligue 1.

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